A Marignane, un policier tire sur son collègue

Nous apprenons dans l’édition papier de la Provence du samedi 17 juin qu’un policier municipal a été gravement blessé par un de ses collègues, qui lui a tiré une balle en plein thorax. Opéré à l’hôpital nord, son état n’est plus en danger.

C’est au stand d’entraînement que l’événement s’est produit vendredi en début d’après-midi. Les policiers municipaux sont sensés tirer 300 cartouches avant d’être autorisés à se servir de leur arme, et y retourner régulièrement pour ne pas perdre la main. Toujours selon les informations de la Provence, le policier aurait oublié une balle dans le barillet et le coup serait "parti tout seul". Ce qui ne fait pas très sérieux quand le tireur n’était autre que le moniteur de tir du stand.

Alors nous posons une question : faut-il désarmer la police ?

Rappelons que la police municipale de Marignane est armée depuis plusieurs années, rejointe en septembre 2015 par celle de Marseille. Depuis la promulgation de l’état d’urgence, la liste des prérogatives des policiers municipaux (et des autres aussi) n’a cessé d’augmenter, faisant empiéter ses missions sur celles de la police nationale. Or ils ont encore moins d’entraînement que les autres, ce qui n’est pas non plus pour nous rassurer.

On se souvient des affiches ahurissantes de Robert Ménard à Béziers, qui ne laissaient rien présager de bon :

La liste des personnes tuées par la police n’a en effet malheureusement pas du tout cessé de s’alourdir de nouveaux noms. Et voir de plus en plus de ces gens armés partout dans nos rues est loin de nous faire nous sentir en sécurité. On sait d’ailleurs qu’ils ne sont pas là pour ça.

En guise de rappel, ce dernier petit mois et demi, sans que cela ne soit forcément exhaustif :
  • 27 avril : A Rennes, un policier municipal sort son arme et braque des manifestant-e-s. Cinq de ces derniers terminent en détention préventive.
  • 7 mai : Tard dans la nuit, à Pontoise, Foued est mis dans le coma par la police puis incarcéré.
  • 11 mai : Jérôme Laronze, agriculteur en Saône-et-Loire, est abattu par la police.
  • 23 mai : A Briançon, une voiture de police fonce sur un rassemblement de soutien aux migrants, blessant une personne.
  • 30 mai : Mickaël Simon est tué de dix tirs par la BAC dans le centre de Toulouse.
  • 14 juin : A Créteil une voiture de police percute mortellement une personne à scooter.
  • 15 juin : Au Pré Saint-Gervais, un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été projeté à bas de son scooter par la police.

Gageons que tout cela correspond à l’article L435-1 du Code de la Sécurité Intérieur, qui somme les policiers de "faire usage de leurs armes en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée". La globale impunité policière sur la plupart des affaires de ce type laisse entendre que c’est le cas, que tout cela est proportionné.

Alors la réponse à la question que nous posions est oui. Parce qu’au point où nous en sommes, ce qui est en cours, c’est un rétablissement de la peine de mort pour un oui ou pour un non. Et sans autre forme de procès.

Alors désarmons la police.

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