Ça danse encore à Ponte San Luigi

Et la répression aussi... Fouad, un militant du campement de soutien aux migrants coincés à la frontière italienne de Vintimille, s’est fait successivement frappé et arrêté par les flics de la PAF, puis incarcéré en détention préventive à la prison d’Aix-en-Provence. Liberté pour Fouad ! Liberté pour tou.te.s avec ou sans papiers !

Texte publié en français sur la page facebook du campement

Dans la nuit de dimanche, à Ponte San Luigi, à environ une heure du matin, quatre militantEs du presidio permanente (campement permanent) no borders, montent comme chaque soir à la frontière haute afin de surveiller ce qu’il s’y passe. Dans une situation de tension provoquée par une ultime journee de frustration, nous sommes témoins d’une réalite absurde : au coeur de cette “Europe Civilisée” bafouant les conventions et le droit des êtres humains, des personnes sont parquées pendant des heures, sans eau ni nourriture, dans des containers et sous la pluie battante, du seul fait de ne pas être né.e.s au bon endroit. Fouad, militant du campement, était déja sur place en train de discuter avec les déporté.e.s pour s’assurer de leur état. Indifférent aux menaces et insultes incessantes de la PAF (police aux frontières), il demande à la police de leur donner des parapluies, de la nourriture et des cigarettes.

La tension venant de la part des policier.e.s est plus importante que d’habitude, matraque en main, ils empêchent les militant.e.s de s’approcher des containers et de parler aux déporté.e.s.

En quelques minutes, nos quatre camarades voient Fouad se faire refouler avec violence du côté italien matraques sorties et gazeuse en bandoulière. Fouad se retrouve à quelques mètres des barrieres et continue de parler aux déporté.e.s, avant de se faire mettre au sol et trainer au poste frontalier, son attitude n’étant qu’un prétexte fallacieux pour justifier l’intervention névrotique et brutale des policier.e.s.

Sous le regard des autres activistes, Fouad se fait frapper, le visage plaqué au sol avec force par l’une des policières. Il est ensuite embarqué dans une voiture de police, malgré le fait que l’un.e d’entres eux/elles soit en train de l’étrangler, Fouad arrive à communiquer avec les camarades, affirmant qu’il s’est fait tabasser à l’intérieur des locaux de la PAF. Notre camarade a donc demandé à voir un médecin et un avocat, il est transporté à l’hôpital de Menton, non pas pour constater ses blessures ou recevoir un traitement, mais pour que le policier ayant soit disant subi des violences puisse faire constater l’abrasure de l’épiderme qu’il s’est faite après avoir agressé notre camarade. Aussi, durant sa garde à vue, et selon son avocate, Fouad n’a pas eu accès à un quelconque repas.

Lundi, au tribunal de Nice, en presénce des temoins, s’est tenue l’audience statuant sur son incarcération. Il est maintenu en détention provisoire jusqu’à son passage au tribunal d’Aix-en-Provence (qui doit une bonne fois pour toute statuer sur la validité ou non de sa mise en détention), tout cela parce que notre camarade est consideré comme potentiellement dangereux aux yeux de la justice. Les trois chefs d’accusation imputés a notre camarade sont : outrage, rébellion et agression envers un dépositaire de la force publique. C’est d’autant plus absurde que l’audience ne s’est pas basée sur les faits s’etant déroulés à la frontière au moment de l’arrestation, mais sur des présomptions de culpabilité du fait de son passé militant.

Malgré les témoignages et les preuves irréfutable qui seront presentées et la certitude de son innocence, Fouad passe actuellement ses jours en prison en attendant le résultat de son recours. La justice française comme la justice italienne criminalise nos camarades, avec ou sans les bons papiers, en présupposant que ces dernier.e.s sont des dangers pour l’ordre public, allant jusqu’à nier la présomption d’innocence. Ces stratégies d’intimidations visent à détruire les solidarités mises en place par celles et ceux qui luttent au quotidien afin de permettre à tous et toutes de vivre dignement et de changer ce système injuste. Ce système mortifère, qui avilit et humilie les personnes qui s’y opposent au nom de la liberté et de la justice sociale, ne se laisseront jamais abattre, malgré les menaces, les arrestations et les violences de l’Etat. Aujourd’hui plus que jamais nous restons aux cotés de Fouad. Aujourd’hui plus que jamais, nous nous devons de lutter contre toutes les discriminations, contre toutes les repressions, et contre toutes les frontières.

WE ARE NOT GOING BACK – FOUAD LIBERO !

PresidioPermanente No-Borders

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