Chaude ambiance sur la Plaine

Un communiqué de Manifesten vient de sortir sur les coups de pression vécus la semaine passée.

Samedi 25 mars, 23 h. Cinq voitures de la police nationale s’arrêtent devant le 59 rue Thiers. Une douzaine de policiers en descendent et s’engouffrent dans les locaux de Manifesten. Le lieu est sur le point de fermer, rideau baissé, les six personnes encore présentes – dont un bénévole de l’association - s’apprêtent à lever le camp. Mais les policiers les retiennent, bloquant la porte d’entrée. Pas de justification avancée à leur présence. Un simple "Contrôle !". Ils prennent des dizaines de photos. Mitraillent à tout va. Fouillent derrière le comptoir. Mettent leur nez partout, avant de subtiliser des documents administratifs. Et filment copieusement les présents. Avant de finalement partir, ils font carrément main basse sur la clé du bénévole, menaçant : « Vous n’avez pas intérêt à ouvrir demain ! »

Samedi 25 mars, 23 h 45 – l’équipée sauvage poursuit sa route. Les mêmes véhicules policiers s’arrêtent devant le Dar Lamifa, 127 rue d’Aubagne, où se tient un concert. Les mêmes policiers entrent à l’intérieur. Là aussi, ils questionnent et furètent en tous sens. Ils demandent les autorisations de concert et études d’impact sonore, et ils exigent des documents associatifs : statuts de l’asso, déclaration en préfecture, liste des membres du conseil d’administration. Au bout d’une quarantaine de minutes, ils lèvent enfin le camp, laissant cette fois la soirée se poursuivre.

Plus tôt dans l’année, le samedi 11 février, c’est l’Équitable Café, 54 cours Julien, qui avait eu droit à une visite policière. Des policiers municipaux, intervenant en fin d’après-midi, pendant les balances d’un concert prévu pour la soirée. Ils menacent de repasser plus tard pour constater qu’il y a bien un concert (ou qu’il n’y en a pas en cas d’annulation) et assurent qu’ils savent très bien que le lieu n’a pas d’autorisation de musique amplifiée. Le concert est annulé. Peu leur chaut que le lieu associatif aligne des années d’existence sans aucun problème. Et qu’il n’existe nulle trace au commissariat d’une quelconque plainte des riverains de l’Équitable – des membres de l’association s’en sont assurés. Il faut mettre la sourdine (mourir à petit feu) ou fermer, point final.

Trois lieux parmi d’autres. Manifesten, café-librairie associatif organisant des soirées festives, culturelles et politiques depuis quatre ans. Le Dar Lamifa, espace d’épanouissement populaire, festif et politique, ouvert depuis plus de trois ans. L’Équitable, café associatif, culturel et militant, 13 ans d’existence. Trois lieux aux environs immédiats d’un quartier : la Plaine. Trois lieux qui participent activement de la vie de celui-ci. Trois lieux, parmi bien d’autres ces derniers mois, face à une pression policière qui s’intensifie.

Autant de coups de pression policiers qui s’inscrivent, à l’évidence, dans un contexte plus général : depuis quelques mois, un climat pesant s’est abattu sur La Plaine. Des bars du quartiers subissent descentes policières et fermetures administratives. Et les lieux festifs et musicaux ont droit à des contrôles plus tatillons que jamais. Il s’agit d’apurer l’animation nocturne tout autant que d’attaquer les lieux de sociabilité. Mêmes les murs du quartier en sont témoins. Voilà des mois que des équipes de nettoyage, équipées de puissants karchers et de pots de peinture, arpentent les rues pour effacer toute trace d’activité politique – les tags et affiches dits « artistiques » passent, eux, à travers les gouttes. Les pouvoirs publics et policiers se montrent par contre beaucoup moins zélés à freiner les ardeurs des bas-du-front. Quand un militant antifasciste bien connu du quartier est poignardé par des crânes rasés, ce sont les locaux de la sinistre Action française que les uniformes vont protéger... Une atmosphère lourde et sale qui s’ajoute à ce projet de rénovation de La Plaine que la municipalité s’entête à imposer envers et contre tout. Pour le mener à bien, il faut nettoyer le quartier. Ripoliner les façades. Extirper la contestation. Et casser les solidarités associatives et populaires.

Ne nous laissons pas faire. Les intimidations policières ne ruineront pas la vie foisonnante du quartier.

Participons tous ensemble à la belle initiative lancée par quelques habitants et militants, « La Plaine solidaire », repas de quartier et assemblée populaire organisés ce dimanche 2 avril à 12h sur la Plaine.

Rendez-vous là-bas, pour échanger et nous organiser !

Mail envoyé par Manifesten le 1er avril

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