Grand rassemblement contre l’expulsion de la jungle de Calais

Ce lundi 24 octobre à 17h30, grand rassemblement devant la préfecture de Marseille (place Felix Baret) pour répondre à l’appel à solidarité formulé lors de la rencontre du 14 octobre 2016 à Calais. A bas les frontières ! Solidarité avec les migrant.e.s avec ou sans papiers ! Soyons nombreux/ses !

Ni bidonville, Ni expulsion : Liberté de Circulation !

Communiqué de la rencontre du 14 octobre 2016 à Calais :

L’État, à travers la préfecture du Nord-Pas-de-Calais, intensifie une fois de plus sa politique de chasse aux migrant-e-s et de pressions sur leurs soutiens. Non contente d’avoir interdit toutes les manifestations sauf celles hostiles aux migrants, Madame la Préfète a encore une fois interdit la manifestation du 1er octobre et le rassemblement du 14 octobre initiés par La Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants (CISPM).

Malheureusement, ces politiques répressives ne s’arrêtent pas là. Tous les jours, des dizaines de personnes se font arrêter, rafler, déporter et violenter, les arrestations abusives contre des militants pour le respect des Droits de l’Homme se multiplient de façon inquiétante.

Ce 14 octobre, au lieu de se confronter aux matraques des policiers, nous avons choisi de nous organiser. En lieu et place du rassemblement prévu à Calais, c’est un temps d’échanges qui a eu lieu avec des représentants du CISPM, de la Coordination de Sans Papiers 75, des soutiens de calais et d’ailleurs, de l’association locale le Réveil Voyageur, de l’Action Antifasciste Calais, Boulogne, de Calais Migrant Solidarity et des représentants des syndicats Solidaires et FSU.

Nous avons collectivement décidé d’appeler à une journée transnationale d’actions et de manifestations le 24 octobre 2016 pour exprimer par toutes formes de solidarités créatives notre soutien aux expulsé-e-s de Calais et à toutes les personnes sans papiers.

L’État occulte toutes les formes de contestation de sa politique migratoire après les avoir diabolisées par ses propos face aux médias. Au lieu de proposer de réelles solutions en faveur des personnes vivant sur le bidonville de Calais, il ne cherche qu’à le faire disparaître ainsi que ses habitant-e-s et soutiens.

Le démantèlement « humanitaire » a déjà commencé, l’État a tenté d’entraîner dans ce sinistre projet les associations locales et ONG par de fausses promesses puisque malgré leurs questionnements, aucun écrit officiel n’a jamais été présenté. Il promet aux associations que les « Dubliné-e-s [1] » ne seront pas expulsé-e-s, mais demande dans le même temps à tous les préfets la plus grande fermeté par des consignes écrites. Des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) sont établies en faisant fi du Droit. Nous connaissons leurs techniques humanitaires ! C’est mentir délibérément aux exilé-e-s comme ce vendredi 14 octobre lorsque les mégaphones des vans de CRS appelaient les mineurs du bidonville à les suivre pour les amener en Angleterre, alors que l’État n’avait que l’intention de les ficher ; c’est promettre l’asile à toutes les personnes qui monteront dans un bus sachant que le taux national d’acceptation des demandes est de 31,5 % [2], instaurant ainsi une fabrique à sans-papiers ; c’est ce hangar proche de la jungle, que ces derniers jours les forces de sécurité de Calais ont aménagé en ce qui ressemble à une zone de tri. Serait-ce le Hotspot [3] de Calais ?

La légitimité de la présence des migrant-e-s est incontestable. Nous dénonçons les conditions d’accueil qui leur sont aujourd’hui réservées, nous ne voulons ni d’un bidonville, ni d’expulsion sans solutions adaptées et des engagements écrits. Nous voulons des conditions dignes d’accueil pour les personnes s’installant en Europe. Nous voulons l’arrêt des violences policières, des rafles, des expulsions, des interdictions de manifestations et la fermeture des centres de rétention. Pour l’humanité et la dignité : des droits égaux pour toutes et tous.

Exprimez votre soutien dans les rues de Calais et d’ailleurs le 24 octobre 2016 : liberté de circulation et d’installation !

Pour envoyer vos rendez-vous locaux, des retours de vos manifs/actions : 14octobre.rencontre@laposte.net

Ce que nous savons sur le déroulé probable de l’expulsion du 24 octobre

Repris de Calais Solidarity Migrants.

Suite à la réunion du 20 octobre entre la sous-préfecture de Calais et les associations sur les CAO, nous savons désormais comment la préfecture organise l’expulsion de la jungle. L’expulsion va commencer lundi 24 octobre. La destruction commencera mardi 25.

La création du hangar de tri rue des Garennes est confirmée. Les personnes passeront par le hangar de tri avant d’être répartis dans les bus qui partiront en continu vers les CAO. Le périmètre contrôlé annoncé est bien plus large que le bidonville, des équipes de gendarmes mobiles controlleront les entrées et les sorties. La préfecture placera en CRA toutes les personnes encore présentes sur la jungle qui refuseront d’aller en CAO. Des CRA viennent d’ouvrir spécialement pour l’opération, d’autres ont été vidés pour recevoir les personnes déportées depuis Calais. Il est probableque l’aéroport de Marck soit utilisé pour envoyer les personnes vers les différents centres de rétention à travers la France.

Le hangar de tri sera ouvert de 8h à 20h. Il est déjà fortement gardé par la police. Les personnes seront amenées et séparées en différentes files indiquées par des « pictogrammes représentatifs » : les hommes seuls, les familles, les mineurs ou personnes prouvant être “vulnérables”.

Toutes les personnes, à part les mineurs, auront le choix entre deux régions de départ en CAO. Les personnes devront porter un bracelet de couleur correspondant à leur région de destination, elles seront ensuite triées et regroupées par destination dans des tentes de 50 places. Elles devront déclarer leur identité (nom, prénom, date de naissance). Chaque fois qu’une tente sera pleine, un bus partira vers les CAO avec à leur bord deux associatifs, un pompier et une personne de la sécurité civile. Salam et la Vie Active seront également présents dans les bus. Il y aura soixante bus lundi, quarante mardi et trente mercredi. Les personnes devraient pouvoir rester un mois en CAO, ensuite elles devront confirmer leur demande d’asile en France, ou fuir à nouveau. Alors que l’OFII promet aux personnes, dont les empreintes ont été prises dans d’autres pays, qu’elles ne seront pas dublinées, nous n’avons toujours aucune garantie écrite de cela. Il y a déjà eu des cas de personnes dublinées, déportées après un départ en CAO.

Les mineurs seront interrogés pour vérifier leur âge. Ces entretiens vont être menés par des binômes associations/ organisations gouvernementales : France Terre D’Asile y participe avec l’OFPRA ainsi que la Direction Générale des étrangers en France et Home Office (UK). Les personnes reconnues comme mineures à l’issue des entretiens passeront par le Camp d’Accueil Provisoire afin de « traiter leur situation », notamment concernant la réunification familiale. Les mineurs qui seraient obligés ou qui voudraient rester en France seront dirigés vers des CAO mineurs. Aucune info n’est donnée sur la date de leur mise en fonctionnement ni leur localisation.

Des associations collaborent à ce processus. France Terre d’Asile participe à la sélection des mineurs, Salam et la Vie Active seront présentes pour monter dans les bus. La PASS et La Vie Active continueront leurs activités pendant l’expulsion.

L’entrée du bidonville sera contrôlée, seules les associations accrédités par la préfecture y auront accès. Un point presse sera mis à la disposition des journaliste à l’intérieur du centre de tri, ils/elles ne savent pas encore s’ils/elles pourront accéder au camp.Les associations ont remis des listes de leurs membres. Les personne ne figurant pas sur ces listes n’auront pas accès à la jungle et sont susceptibles d’êtres arrêtées. Quatre anglais ont déjà reçu des OQTF. Les arrestations des personnes non reconnues par les ONG et les OQTF pour les européens vont sans doute se généraliser. Nous remercions chaleureusement tou.te.s les professeurs qui, sollicités par le ministère de l’intérieur pour aider les forces de police à la traduction lors des garde à vue, ont refusé.

La pression policière augmente de jour en jour sur la zone. Des gazages massifs ont ponctué ces dernières nuits. Il semblerait que des nouveaux gaz (type incapacitant) soient utilisés, provoquant nausées, vomissements, migraines et ayant des effets persistants plusieurs heures.

Il n’y a pas de destruction de lieux de vie qui soit “humanitaire”. Il n’y a pas tri humain respectant la “dignité humaine. Choisir entre un centre de rétention et un CAO n’est pas un choix.

Notes :

[1Personne ayant déposé (souvent de manière forcée) ses empreintes dans un autre pays signataire de l’accord Dublin. Cette personne risque fortement d’être expulsée vers ce pays.

[2Source rapport 2015 Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides

[3« Zone de tri, de fichage et d’expulsion aux frontières de l’Europe, fortement militarisée ».

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