L’Europe se trouve à un moment charnière de son histoire. L’énorme vague de migrations qui l’investit est le produit d’une politique coloniale et prédatrice, aux quatre coins du monde : il s’agit d’une politique de guerre.

Après les attentats des derniers jours à Paris, maintenant qu’on est directement confrontés aux conséquences, l’Etat français assume, enfin, d’être en guerre. La réponse est militaire et sécuritaire, en renforçant les bombardements en Syrie, en fermant les frontières, en limitant les libertés civiles par le biais de l’état d’urgence.

Diabolisation de la migration, création de l’ennemi extérieur et militarisation des territoires servent, encore une fois, à méconnaitre le mal-être social qui augmente dans nos villes et les responsabilités européennes en termes politiques et économiques.

Les frontières se font de plus en plus meurtrières, dans la Méditerranée, dans les plaines d’Europe de l’Est, tant comme se multiplient chaque jours dans nos rues, gares, Centres de Retention (CRA) : every cop is a border n’a jamais été aussi vrai. Et au même temps, ces frontières mêmes n’ont jamais été aussi franchies et bravées.

Les politiques migratoires échouent dans la tentative de reaffirmer des barrages ; le mouvement de milliers de personnes, têtu et non contrôlable, fait exploser cette distinction entre “Nord” et “Sud”. Les révoltes collectives se font entendre, dans les CRA comme dans tous les lieux où la solidarité active et l’accueil autogéré se mettent en place.

À Marseille aussi - en écho à l’expérience à la frontière franco-italienne, où un campement No-Border a été mis en place pendant l’été – un vaste réseau de solidarité directe s’est developpé, pour faire face aux politiques discriminatoires et aux problèmes materielles d’accueil des migrants en transit en ville.

Le Manba, espace de lutte et de partage quotidien, lieu occupé depuis septembre, en a été la manifestation concrète, malgré la prompte volonté d’éxpulsion de la part des autorités.

La plupart des personnes migrantes qui passent par ce lieu ne sont pas des “bons réfugiés” aux avis des institutions – ce qui les condamne à la precarité et à l’invisibilité, pendant que les CRA se remplissent et les expulsions s’accélèrent. Au Canet, une centaine de personnes sont actuellement enfermée, tandis que l’Etat ne cesse d’arrêter et déporter par groupes de cinquante les migrants de Calais vers d’autres centres de transit ou de “répit”.

Face à cette guerre de basse intensité, livrée par un état policier envers des individus souvent en fuite d’un quotidien déjà invivable, nous voulons nous organiser pour faire vivre la liberté de circulation, de vie, d’installation – que ce soit à travers des cours de langues, l’assistance juridique, l’hébergement d’émergence ou à longue terme, l’accès aux soins, l’accueil des mineurs scandaleusement laissés sans protection, ou la pression sur les centres de rétention, les actions contre les expulsions…

Les migrants qui marchent dans nos rues fuient la même violence qui a frappé à Paris. Le fait de les rencontrer et de lutter ensemble est notre chance pour se défaire d’une vision nationaliste et intégriste, qui a déjà fait trop de morts.

Bienvenue à tou-te-s les migran-te-s, avec ou sans papiers !
La solidarité est notre arme !

Collectif Soutien Migrants 13
Assemblée Générale tous les mardis à 19h00 – au Manba, 180 Rue Horace Bertin
https://www.facebook.com/collectifmigrants13

Tract d’appel à la manif