[Vintimille] Rassemblement en soutien à Fouad le 30 septembre à 13 heures devant le TGI de Nice

Le 23 août 2015, devant des locaux de la PAF improvisés pour enfermer des migrants à la frontière entre la France et l’Italie, un solidaire est arrêté. Il passe en procès le 30 septembre, après quelques semaines de prison préventive. Rassemblons-nous le 30 septembre pour le soutenir, à 13h devant le tribunal correctionnel de Nice contre le colonialisme, le racisme d’État et les violences policières...
Mise à jour : Fouad a été condamné à 6 mois de sursis, 150 heures de TIG et 2000 euros de réparation aux flics... Solidarité avec Fouad !

Le 23 août 2015, un jour comme les autres, une nuit comme les autres. Des femmes, des hommes, des enfants sont enfermé-e-s par la police aux frontières dans des baraques de chantiers, derrière des barrières devant lesquelles des policiers montent la garde. Cette situation dure depuis des mois, voire des années selon les dires de la police. Ici, pas de nourriture, pas de médecin, pas d’interprète, pas d’avocat. Une véritable zone de non-droit où les policiers font ce qu’ils veulent et expulsent qui ils veulent vers l’Italie. Cette nuit n’est pas comme les autres car des personnes ne sont pas indifférentes à cette situation et montent voir ce qui se passe, pour prendre des nouvelles sur l’état de santé des enfermés. Une personne s’adresse aux « migrant-e-s » en langue arabe pour les informer de leurs droits à bénéficier de l’assistance d’un avocat, d’un interprète, d’un médecin, d’un repas. Les policiers présents ne comprennent rien à ce qui se dit et s’énerve rapidement. Pendant ce temps, un homme en civil sort du commissariat. Il est virulent, très agressif et s’énerve avec sa matraque contre les personnes enfermées. Il leur crie dessus dans une langue qu’ils ne comprennent pas et frappe avec sa matraque sur les barrières pour leur faire comprendre que s’ils ne se taisent pas, ils se feront frapper. Une personne demande aux policiers de le calmer et leur rappelle qu’il y a parmi les gens retenus, des enfants mineurs qui subissent déjà assez leur violence au quotidien et que tout le monde sait que les arrestations, conditions d’enfermement et expulsion sont illégales.

Les policiers l’agresse, l’attrape, le jette à terre dans le commissariat, le menotte, lui font une clef d’étranglement pour qu’il s’arrête de respirer. Pendant qu’il est privé d’air, un policier lui assène plusieurs coups de poing au visage. Il est ensuite amené à l’hôpital et sur la route, l’escorte policière recommence (clef de strangulation, plusieurs coups au visage, menaces verbales) parce qu’il a dit aux soutiens postés devant le commissariat des violences policières subies au cours et depuis son arrestation. Ses droits lui seront notifiés que plusieurs heures après son arrestation. Il apprend, sans grand étonnement, les motifs erronés avancés par les policiers : outrage, rébellion et violence contre un fonctionnaire de police. Les policiers refuseront qu’ils voient un médecin, qu’il ait accès à son traitement, et de lui distribuer des repas.

Il n’est pas encore entendu par un officier de police judiciaire que les policiers ont déjà contacté la presse locale pour couvrir leurs violences et proférer leurs mensonges. Ils seront rapidement rejoints par le cabinet du Préfet des Alpes-Maritimes, le Parquet, un syndicat de police, et, quelques jours plus tard, par le Front National. Ils tentent de faire de cette affaire une situation exceptionnelle, en déclarant des mensonges dans la presse, selon lesquels la personne arrêtée était en situation d’ébriété, qu’elle aurait agressée les policiers ou encore que des personnes enfermées se seraient échappées. A peine l’audition terminée, il est envoyé en comparution immédiate ou presque…Le parquet n’a pas avisé les « victimes ». Il ne peut donc être jugé et se retrouve placé en détention provisoire pendant onze jours. Il passe Mercredi 30 septembre 2015 devant le tribunal correctionnel de Nice.

Cette nuit n’est pas exceptionnelle et les violences exercées par la police aux frontières n’ont rien à voir avec la personne arrêtée, ou que les soutiens concrets des réfugiés appartiennent à une « extrême gauche qui veut en découdre avec les forces de l’ordre » (dixit la Préfecture des Alpes-Maritimes, et le Front National). Les clefs de strangulation et les coups après menottage sont une pratique courante de la police et plusieurs personnes sont décédées à la suite de ces pratiques. Rappelons que cette année un homme est décédé avant d’arriver au commissariat suite aux clefs de strangulation et techniques d’étouffement admises pour maîtriser une personne. Le but est de compresser la personne pour qu’elle ne puisse respirer, que ces forces physiques diminuent rapidement et ressente l’angoisse et la peur d’une mort immédiate. Par cette pratique criminogène, le but est de faire baisser les défenses physiques et psychologiques de la personne et qu’elle obéisse plus docilement aux humiliations subies par les policiers et leur disent ce qu’ils veulent entendre. Cette brutalité sauvage de la police s’exerce le plus souvent contre les personnes « noires », « basanées », « roms »…et dans des zones où l’État concentre une forte présence policière pour soi-disant lutter contre la criminalité. Il y a actuellement 700 policiers (et bientôt 1200) déployés sur la frontière franco-italienne pour lutter contre la criminalité. Quelle est cette criminalité ? L’entrée irrégulière sur le territoire français de personnes qui veulent le plus souvent que le traverser pour arriver dans des pays où se trouvent déjà des membres de leur famille ou parlent la même langue et qui fuient des pays en guerre ou des pays dirigés par des dictateurs qui arrangent le plus souvent les intérêts des pays européens. Ces mêmes mots, « lutte contre la criminalité », sont aussi utilisés depuis les années 80 contre les gens des quartiers populaires. De même les pratiques racistes utilisées à la frontière sont celles utilisées ailleurs. L’intensification des contrôles d’identité ont lieu aussi dans les zones où des « Noirs », « Arabes », « Roms », pauvres circulent. Et ce sont aussi dans ces zones que l’on retrouve ces pratiques policières qui frappent, étouffent et tuent. Et comme par hasard, les policiers sont le plus souvent blancs, possèdent un langage colonial d’un autre siècle et utilisent une violence brutale et sauvage.

Les frontières tuent déjà et risquent de tuer encore plus ! Pendant que la France discute des quotas de réfugiés, l’État hongrois autorise l’armée à tirer avec des armes sur les réfugiés, et la mer méditerranée est militarisée de plus en plus ! Il y a un mois, un navire de la marine grecque a tenté de couler un bateau de réfugiés en pleine nuit ! La frontière franco-italienne est déjà militarisée avec les gendarmes côté français et les carabinieris côté italien, des hélicoptères qui survolent la zone et des bateaux de la marine qui surveillent les côtes.

Il n’est pas aussi inutile de rappeler que les exils sont le résultat d’une politique impérialiste et coloniale. Depuis l’invasion du Proche-Orient par les États-Unis et leurs complices européens, les pays sont totalement instables et les populations civiles meurent chaque jour. Il en est de même pour le Soudan ou encore les pays du Sahel. Derrière chaque conflit armé, il y a des intérêts et des stratégies géopolitiques qui profitent aux Européens du Vieux-Continent et du Nouveau-Monde. Loin d’assumer leur responsabilité en ouvrant au minimum leurs frontières pour accueillir les réfugiés de guerre, les États les plus riches du monde maltraitent des hommes, des femmes et des enfants pour les renvoyer vers des zones à fort risque de mortalité et prônent l’utilisation d’armes, l’installation de fils électrifiés aux frontières externes de l’Europe, mais aussi à Calais, à Bari… et utilisent encore le racisme comme critère de sélection des réfugiés. A défaut d’appartenir à la religion des colons blancs, le christianisme, les chances d’être accepté comme « réfugié » diminuent. Aujourd’hui des musulmans se convertissent pour obtenir le statut de réfugié et des maires exigent que les réfugiés soient de religion chrétienne pour être accueillis dans leur commune.

Malgré les violences et humiliations des États européens, la continuation du racisme et du colonialisme dans le traitement des questions politiques que posent l’arrivée de réfugiés de guerre en Europe, les gens s’organisent chaque jour pour lutter contre les frontières, résister aux oppressions et vivre au mieux. Le Presidio No Border Ventimiglia est né de la résistance des migrant-e-s qui, pour contester la fermeture de la frontière franco-italienne, ont occupé les rochers. Chaque jour, il y a de plus en plus de migrant-e-s qui rejoignent le camp où ils trouvent un lieu de repos, d’organisation égalitaire et d’émergence de revendications politiques. Ici aussi, on se bat contre le racisme et, en premier lieu, entre nous. Cette résistance n’est pas isolée. Depuis des années en France, des personnes s’organisent contre les violences policières et le racisme d’État qui se joue à chaque instant à tous les niveaux. Le 31 octobre prochain aura lieu La marche de la dignité et contre le racisme. Nous nous associons déjà à cette lutte qui part des mêmes préoccupations et qui s’attaquent aux mêmes structures d’une société raciste et coloniale.

Le 30 septembre, rassemblons-nous à 13h devant le tribunal correctionnel de Nice contre le colonialisme, le racisme d’État et les violences policières

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