500 commissariats seront équipés d’un système d’intrusion dans les téléphones mobiles

Repris depuis Cerveaux Non Disponibles

500 commissariats vont être équipés d’un système d’intrusion de smartphone d’ici 2024. Le système serait capable d’aspirer et de traiter toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes et ce malgré les cryptages. Il est en cours de déploiement et serait testé actuellement dans certains commissariats du nord de la France. Alors que la garde à vue est devenue tristement commune en 2019, des milliers de personnes se feront potentiellement voler leur données personnelles par la police. Effet d’annonce ou réel outil d’intrusion opérant ?

« Il a déjà été testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, avec des résultats jugés “très positifs” »

Dans un article de secours rouge [1], on trouve le lien du site web de cette agence et des fournisseurs qui proposent les moyens technologiques de violation de nos libertés individuelles. Des marques comme Panasonic et HP y figurent.

Dans un pure langage commerciale, l’entreprise Cellebrite propose les solutions aux forces de l’ordre pour « réduire le nombre de dossier en souffrance » et « améliorer les flux de travail » des enquêteurs. Elle s’avance même sur le plan juridique avec des phrases d’accroche dignes des plus abominables films d’anticipation en déclarant par exemple : « Optimisez vos taux de condamnation avec précision et rapidité ».

Sans se soucier une seule seconde de l’atteinte aux libertés fondamentales ou du taux de surpopulation bien étrange qu’il y a dans les prisons, l’entreprise propose des moyens pour générer plus de coupables aux yeux de la justice. Une véritable machine à criminaliser si on en croit l’emballage marketing du produit.

Alors que le nombre de garde à vue est un pleine expansion en France, le nombre de classements sans suite est lui aussi énorme. Ainsi rien qu’à Paris avec les gilets jaunes, sur 3000 gardes à vue 1450 ont été classées sans suite. Rien que du point de vue de la loi, on parle donc d’un nombre énorme de personnes qui reconnues non coupables seront potentiellement espionnées et qui verront leurs données personnelles violées.

Au delà de ça, on peut aussi parler d’une véritable campagne de criminalisation de la population qui est marche. Face à l’effondrement de la politique néo-libérale et l’incapacité à produire des solutions égalitaires, la seule réponse semble être la bascule dans un régime policier, à qui tous les moyens de contrôle sont donnés pour accomplir une sorte de projet de guerre envers les citoyens.

On peut aussi noter que face à l’explosion des révoltes mondiales actuelles s’attaquant aux mesures inégalitaires et aux principes de la société bourgeoise, les régimes et leur police s’aperçoivent qu’ils représentent bien peu en terme de nombre face à leurs opposants. Que ce soit en France, au Chili ou à Hong Kong, la ténacité et la longévité des révoltes montrent l’impuissance des moyens actuels policiers pour endiguer les colères sociales.

Dans un système ou les moyens politiques sont arrivés en bout de course, il fait peu de mystère que les moyens policiers vont s’accroitre et prendre le relais. Il suffit de regarder les budgets des États pour constater que les militaires et les policiers seront bientôt les seuls fonctionnaires encore bien lotis pour assurer un service répressif face aux révoltes sociales.

Plus que jamais, les techniques de défenses numériques sont primordiales et doivent être démocratisées. Demain, avoir une conversation cryptée qui ne laisse aucune trace sur un téléphone ayant un système opératoire open source devra nous apparaitre aussi facile qu’envoyer une lettre à la poste si l’on tient à garder quelques libertés individuelles dans ce monde.

Notes :

PS :

Sur la question :
https://www.liberation.fr/checknews/2019/11/28/les-commissariats-francais-vont-ils-s-equiper-d-un-outil-qui-permet-d-aspirer-les-donnees-des-teleph_1765867

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