Contre la police municipale

Alors que la police municipale marseillaise organise ce samedi ses "portes ouvertes", un évènement de promotion propagande sécuritaire et de recrutement, il est important de rappeler la réalité de son action répressive loin des images publicitaires. Et de se dire également que les seules portes qui devraient être ouvertes sont celles des lieux d’enfermement ;-)

La mairie de Marseille déploie beaucoup d’énergie, de communication et d’argent pour montrer qu’elle soutient sa police. C’est un schéma classique des politiques de gauche de vanter sa police locale, de draguer l’électorat de droite et de se montrer plus dures, viriles et antilaxistes, plus à droite que la droite. C’est très visible lors des périodes (pré)électorales comme on vit maintenant.
Ce samedi c’est un évènement en plein air, où les flics performeront leurs techniques d’interpellation et se pavaneront avec leurs vélos chevaux segway ou bateau. Mais on peut rappeler aussi la campagne publicitaire des mois précédents "marseille réussit", les affiches collées partout et la revue de 150 pages distribuées dans toutes les boites aux lettres qui vantent la police municipale et l’action du maire (augmentation des effectifs, ouverture de locaux, etc).

La réalité est loin de ces images publicitaires. Derrière ce vieux phantasme de la police de proximité, c’est bien une politique de harcèlement de rue qui est mis en place par la mairie avec à l’appui une multiplication des effectifs de flics et des caméras de vidéosurveillance.

Les cibles principales de cette politique ultra-sécuritaire sont les vendeurs de rue, et plus largement les personnes racisées qui sont dans l’espace public.

Les habitants du centre ville le voit bien actuellement depuis que la police municipale s’est créé un parking à la croisée des tram sur la canebière, et a récupéré le batiment à l’angle de la rue de rome. C’est une action de présence, avec ses nouvelles moto voiture vélo scooter, et une démonstration de force avec leurs nouveaux équipements et leurs armes. Et une action de contrôles quotidien, totalement hors de leurs prérogatives les agents fouillent les sacoches eux mêmes, on est très loin du cadre légal des palpations de sécurité. Ils font des contrôles d’identité et verbalisent les gens pour fumer un pétard, etc. Des fouilles et des amendes sont la base pour rendre inhospitalier l’espace public à toute une population.

On peut rappeler en 2023 les images révélés par un agent du Centre de Supervision Urbaine (csu) des huits agents de la police municipale qui tabassent un homme ivre, des images qu’on lui a demandé de cacher. (article de presse)

Et avec quel budget tout ça ? C’est énorme ! Deux cents cinquante véhicules. Huit cents agents en 2026 (un doublement en 5ans). Un million d’euros pour le nouveau local de la police municipale à la belle de mai. Dans ce quartier un collectif d’habitant.es s’organise depuis plusieurs mois pour dire que les besoins sont autres, et que la présence policière ne réglera pas les problèmes sociaux voire les aggravera.
Citons le texte que ce collectif (« Pas2comico13003 » sur insta) diffuse sur les réseaux : "Arrêtez d’utiliser votre ’guerre au narcotraffic’ pour saturer l’espace public de flics , d’armes et de violences, de contrôles au faciès et de raffles.
Nous, habitant.e.s du quartier, voulons promouvoir ce qui renforce notre communauté, et non ce qui la divise, lui nuit, et la détruit. Nous ne voulons pas de nouveau bureau de police.
Ce qui renforce notre communauté, c’est l’entraide, le lien social et la solidarité. De nombreuses associations et collectifs se démènent au quotidien pour renforcer ces liens, ce sont elles qui favorisent l’apaisement. Elles ont besoin de locaux, cela fait des années que la mairie est sollicitée dans ce sens. Elles ont besoin d’argent pour traiter correctement celles et ceux avec qui elles agissent. Agir ’en faveur de l’apaisement du quartier’, c’est arrêter de couper dans les budgets de la santé, du logement, de l’emploi et de l’éducation et soutenir les associations locales." (Pas2Comico13003, sur insta).

Pour conclure, cette politique du tout répressif révèle également la puissance des syndicats policiers sur l’orientation des politiques publiques. Il faut s’interroger sur ces syndicats et leurs positions idéologiques honteuses. On se rappelle d’eux après les révoltes de Nahel, et leur soutien aux assassins. Les gouvernements successifs depuis Sarkozy ont voulu renforcer les pouvoirs de la police municipale.

Il est nécessaire plus que jamais de re questionner la politique de la punition, du tout répressif, de la guerre aux pauvres, de l’idéologie raciste qui domine des commissariats jusqu’aux tribunaux.

PS :

Pour un monde sans prison sans police, réflechissons différemment.

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