[M.à.J 28/04/18] Disparu de Tolbiac. L’État cacherait-il un corps ? Rassemblement mardi 24 avril, 18h30, Réformés

Depuis quatre jours, silence radio, satisfecit et démenti de l’État, des grands médias et des hôpitaux sur un blessé grave lors de l’évacuation du site universitaire de Tolbiac à Paris.
Rassemblement pour exiger vérité et faire converger toutes les raisons d’en finir avec cet État oppressif, les contre réformes ultra conservatrices du moment, et désormais le scandale d’État consistant à faire disparaître un des blessés du mouvement.

Mise à jour 28/04/18 :

Depuis vendredi 20 avril et l’expulsion au petit matin de l’emblématique site universitaire Pierre Mendès France à Paris, rebaptisé "Commune libre de Tolbiac", une incertitude règne. Les médias aux ordres relaient les communiqués de la préfecture de police se félicitant d’une évacuation dans le calme, sans blessés, relayés depuis par les hôpitaux de Paris.

Plusieurs personnes ont rappelé qu’évacuer Tolbiac était en soi une violence droitière de l’Etat macronien pire que la si progressiste oeuvre de Nicolas Sarkozy. Ministre de l’Intérieur en 2006, celui-ci n’aura jamais fait évacuer Tolbiac, même au milieu des affrontements et luttes massives et souvent plus violentes du mouvement anti-CPE.

Mais un fait bien plus grave remonte depuis, sans réponse pour l’heure. Dans l’évacuation menée très rapidement, à 5h du matin, les faits de violence s’accumulent dans la bouche des témoins (https://twitter.com/BlocusInfos). Le site est singulier : une seule entrée, de grandes grilles, une arène en contrebas, quelques ascenseurs menant à une grande tour. Bref, tout doit aller vite sous peine de voir les occupants se réfugier, se barricader. Et c’est ce qui se passe. Beaucoup fuient par les étages, la cour. Les rares vidéos existantes montrent des jeunes qui courent, sautent par dessus les grilles et s’enfuient, parfois en lançant quelques projectiles sous les gaz des CRS. Quant aux témoins de la scène, ils évoquent très tôt sur Paris luttes infos des blessés et des arrestations qui contredisent les communiqués de la préfecture.

Un article étaie vite ces déclarations dans Reporterre, site d’information écologique. Deux témoins directs de la scène, détaillent la fuite et la chute d’un des occupants, gravement blessé :

"Deux témoins directs de la scène rapportent les détails. Un petit groupe d’occupants – dont les témoins, des SDF qui participaient activement à l’occupation – tente de fuir la police en s’échappant par l’arrière du bâtiment, via les terrasses, qu’une échelle relie à une rue adjacente, la rue Baudricourt. Des policiers de la Brigade anti criminalité (BAC) leur donnent la chasse. Tous les occupants parviennent à descendre dans la rue, sauf un. Au moment où ce dernier allait descendre, un agent de la BAC lui agrippe une jambe. L’occupant, déséquilibré, bascule tête en avant et s’écrase trois mètres plus bas." (reporterre, 21 avril 2018).

Ce que confirme un troisième témoin, non plus sur la fuite elle-même mais sur la description du corps gisant inanimé. La suite est plus grave encore, les trois constatant que :

"Le blessé, tombé sur le visage, a du sang qui sort par la bouche, le nez et les oreilles. Les témoins tentent de le réanimer, en vain. L’homme est dans un état d’inconscience. L’un des témoins appelle aussitôt les pompiers, qui arrivent sur les lieux trente minutes plus tard et emportent le jeune homme. Peu après, la police barre l’accès à la rue Baudricourt, lieu de la chute. À sept heures, les agents du nettoyage municipaux entrent dans la rue. Un des deux témoins directs les voit effacer les traces de sang au sol. Nul ne sait précisément où se trouve samedi matin le jeune homme, ni qui il est" (Reporterre, 21 avril 2018).

Malgré ces informations, le communiqué de la préfecture dément tout blessé grave, et ne donne aucune précision sur la personne que plusieurs, au fil du vendredi, affirment être "dans le coma".
La recherche du lieu d’hospitalisation débute. Les militants et soutiens de Sud Santé font part, vendredi après-midi, du flou le plus complet. Impossible d’obtenir une réponse précise sur le lieu d’hospitalisation. A cette heure, les rassemblements s’enchainent à Tolbiac, Dijon, Marseille. Pusieurs hypothèses sont en balance :

  • la préfecture gagne du temps, comme souvent, pour laisser retomber les protestations et ne tardera pas à faire un autre communiqué une fois les manifestations du soir passées ;
  • la personne dite "dans le coma" ne serait pas étudiante, peut-être sans papiers, ce qui permettrait à certains de ne pas relever qu’elle a été prise en charge pour l’évacuation du site de Tolbiac ;
  • les trois témoins aux versions concordantes interviewés par Reporterre auraient préparé leur version ensemble et bien répété avant de livrer leur témoignage au journal.

Samedi, une manifestation exige à 14h devant l’hôpital Cochin la vérité pour le blessé de Tobliac. Entre temps, les multiples actions de Sud Santé échouent inlassablement : seul un coup de fil au service de neurochirurgie de l’hôpital du Kremlin Bicêtre est confirmé, mais sans prise en charge car le patient n’en aurait pas relevé et aurait été "transféré ailleurs".

Dans la foulée, le communiqué Sud Santé du samedi 21 avril entraine un tweet à 12h30 de l’AP-HP qui réfute officiellement tout blessé grave pris en charge depuis l’évacuation. Après une rencontre très nerveuse avec les militants de Sud Santé. Car c’est là que les premiers secours auraient conduit le blessé. Le communiqué de l’AP HP est, lui, largement relayé par les médias comme nouveau démenti du "blessé grave de Tolbiac". Sauf qu’une équipe de pompiers sur place a bien pris en charge une personne ayant chuté, que les témoins présents ont bien vu une flaque de sang au sol et son nettoyage par des agents. Mais la mairie, elle aussi, dément tout passage après l’évacuation auprès du syndicat CGT du nettoyage qui demande alors des comptes.

Ça fait beaucoup. Beaucoup trop. Alors quoi ?

  • les témoins mentiraient et ajouteraient des détails supplémentaires (sans avoir été réinterrogés depuis ?) ;
  • la personne est morte, son corps a disparu ou s’est volatilisé ? Mais ça ne résout rien : le décès doit avoir été constaté quelque part ; même volatilisé, sa prise en charge par les premiers secours devrait avoir laissé une trace ;
  • la personne "transférée dans un autre établissement" parce que "ne relevant pas de la neurochirurgie" au Kremlin Bicêtre serait le blessé de Tolbiac. Où a-t-il été déplacé ? Vers un hôpital militaire, où obtenir des informations est impossible ? Ce qui permettrait à l’AP-HP d’infirmer toute prise en charge dans ses hôpitaux ;
  • la personne blessée, décédée, serait sans papiers, sans domicile fixe, voire sans famille... Son enterrement rapide, au carré des invisibles (comme au cimetière de Thiais, justement pas loin du Kremlin Bicêtre), permettrait de faire disparaître "le blessé de Tolbiac" moyennant silence quelques jours durant ;
  • l’équipe de secours, qui réaffirme n’avoir conduit qu’une personne blessée au coude à la Pitié-Salpétrière, n’est pas la même que celle qui aurait pris en charge le disparu de Tolbiac. L’une ou l’autre, ou la même si elle n’est qu’une, aurait directement conduit la personne dans un établissement sur ordre de la préfecture ?
  • la mairie de Paris elle aussi couvre les faits en niant avoir envoyé des équipes de nettoyage ?
  • La préfecture de police, la ville et les hôpitaux de Paris comme les médias seraient-ils en train d’élaborer une version concertée sur le disparu de Tolbiac ? La situation semble invraisemblable.

Pourtant, après avoir concocté, comme souvent en banlieue, une version aménagée de toute pièce pour s’éviter la contestation d’une évacuation violente, la préfecture de police et les plus hautes instances pourraient s’enferrer dans un mensonge devenu trop gros. Et sans précédent.

Au point de cacher un corps ?

Après avoir matraqué l’idée que l’occupation de Tolbiac était illégitime, fait constater des milliers d’euros de dégradation la journée du vendredi pour valider son évacuation, après avoir relayé toute la semaine les déclarations insensées d’un président d’université sur "le sexe, la drogue, la prostitution même au sein de Tolbiac" qui désormais porte plainte pour dégradations,

l’État irait-il jusqu’à faire disparaître un blessé grave pour s’éviter les protestations ?

Exigeons la vérité sur le blessé de Tolbiac. Sans réponse claire, l’État devra en assumer les conséquences : l’opacité, une disparition masquant ses actes violents et anti-populaires, et la révolte.

Vérité pour le blessé disparu de Tolbiac !

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PS :

Rassemblement Mardi 24 avril

18h30 - Girafe des Réformés

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