Selon les Joint Forces, alliés de l’armée soudanaise, plus de 2 000 civils auraient été massacrés dans la ville en l’espace de deux jours.
C’est un nouvel épisode d’horreur pour les habitants de la ville : cela faisait plus de 18 mois que la ville et ses habitants étaient assiégés par les Forces de Soutien Rapide.
Comme le Résumait Nathaniel raymond, de l’université de Yale : le niveau de souffrance des civils à El Fasher était "inégalé dans le monde aujourd’hui, sauf peut être dans la bande de Gaza ".
Il faut rappeler que les Forces de Soutien Rapide sont massivement soutenues par les Émirats arabes unis, qui leurs fournissent armes, argent et soutien logistique.
C’est simple : sans Abu Dhabi, les FSR ne seraient pas en mesure de commettre autant de crimes ni de continuer la guerre au Soudan. Les Émirats sont complices de tous les crimes de cette milice, tant moralement que légalement. Les Forces de Soutien Rapide sont accusés de génocide au Darfour, notamment contre les ethnies Masalit, Fur et Zaghawa.
Éxécutions massives, nettoyage ethniques, tortures, villages rasés, viols : la violence de cette milice est méthodiquement ciblée.
Dès 2024, un rapport du Raoul Wallenberg Centre for Human Rights parlait déjà de génocide, tandis qu l’ONU évoquait déjà des crimes contre l’humanité".
Au-delà du Soudan, les Émirats arabes unis sèment la guerre et le chaos partout où ils passent : en Libye, au Yémen, en Somalie, etc. Sous prétexte de "stabilité" ou de "lutte contre le terrorisme" ils arment, divisent et pillent presque tous les pays de cette région. Partout, le même résultat : des États brisés, des guerres sans fin... Et des peuples entiers sacrifiés.
Il ne faut pas faire d’erreur : dans la guerre au Soudan, il n’y a pas de "gentils contre des méchants". Même l’armée soudanaise du général Al Burhan commet des crimes innombrables... Et elle a d’ailleurs abandonné la population d’El Fasher pour, concrétement, se concentrer sur d’autres objectifs.
De plus, l’armée comme les FSR ont tous les deux pris en otage la révolution soudanaise de 2018-19. Il est important de bien définir la situation au Soudan : il ne faut pas parler de guerre civile - comme j’ai moi même pu le faire - car ce terme est bien trop réducteur.
La guerre au Soudan est une guerre par procuration, alimentée par des acteurs extérieurs comme les Émirats, l’Égypte, la Russie et d’autres, qui perpétuent le conflit. Le Soudan n’est pas en "guerre contre lui même" : il est pris en otage par les intérêts des autres. Il est extrêmement difficile d’établir de bilan humain précis de la guerre par procuration que se mènent les grandes puissances au Soudan. Au moins des dizaines de milliers de morts, voires probablement des centaines de milliers, des dizaines de millions de civils déplacés, des millions touchés par la famine et les maladies, des massacres, des viols...
Le Soudan est aujourd’hui l’épicentre d’une catastrophe humanitaire sans précédent. La chute d’El Fasher va amplifier les violences - déjà immenses - dans tout le Darfour, avec des milliers de civils qui pourraient fuir.
Une partie des futurs déplacés se réfugiera au Tchad voisin, où l’est du pays est déjà saturé par l’afflux déjà massif de réfugiés soudanais, par les tensions communautaires et la présence de milices armées. À terme, la guerre au Soudan risque d’embraser toute la région. La capture d’El Fasher n’est pas qu’une victoire militaire pour les Émirats arabes unis et les FSR : c’est un réel tournant historique.
En capturant El Fasher, les FSR prennent officielement le controle du coeur politique du Darfour et de ses mines d’or - un basculement qui reconfigure tout le Soudan.
Ce qui vient de se jouer, c’est surement le début d’un nouveau Soudan - fragmenté, pillé, brisé.



