Libé s’échauffe

Le 2 avril, malgré la menace d’expulsion, le squat de Libé, ses activités et ses habitantes sont toujours là et vous ouvrent leurs portes !

Au programme :

De 11h à 12h30 entraînement ouvert de boxe anglaise
de 11h à 13H30 : bourse aux vélos
13H30 : cantine
14h à 18h30 : ginguette, dj, divers ateliers (gravures, sérigraphie et d’autres surprises)
17h à 19h : sparring de boxe anglaise (avec les binômes formés lors de l’entraînement du matin)
18h30 à 21h : concert, dj set et open mic

NO MACHOS, NO FACHOS

Depuis octobre 2020, une partie des appartements et deux locaux commerciaux du 82 boulevard de la Libération sont occupés. Une quinzaine de personnes habitent entre le premier et le troisième étage de l’immeuble.

Parce que ces quatre appartements, comme 40’000 logements sur Marseille, étaient vides, comme beaucoup d’autres au boulevard de la Libération où plusieurs autres squats ont éclos ces dernières années. Parce que squatter à Marseille, en plein centre ville, c’est encore un peu résister au remplacement de personnes précarisées par une population aisée. Parce qu’occuper des logements vides, c’est ne pas dormir dehors pour des personnes pour lesquelles l’accès à la location est impossible. C’est aussi faire le choix d’habiter autrement, en collectif, d’avoir des espaces de partage de ressources et d’entraide.

Dans les deux magasins avec pignon sur rue ont lieu toute la semaine des activités publiques, autogérées et gratuites : cours de boxe populaire, de boxe thai et de MMA en mixité choisie sans mec cis, atelier de réparation de vélo, cours de dessin, projections de films, constructions métalliques, ainsi que des réunions pour s’organiser sur différents projets et luttes sociales. Il y a également un espace de cantine visant à l’auto-défense alimentaire et à l’autonomie financière. Des femmes expulsées de leur squat ont monté leur collectif, les Noble Kitchen, et cuisinent tous les jours pour une centaine de leurs camarades expulsés du même lieu. Quant aux cantines hebdomadaires à prix libre, elles permettent de se rencontrer et de créer des ressources financières pour les personnes qui les organisent.
Ces espaces de partage de savoirs se sont avérés indispensables pendant cette période de pandémie et son lot de conséquences quand peu d’autres salles d’activités étaient ouvertes. Par ailleurs, ce sont des espaces de liberté indispensable, où on peut s’organiser sans argent, sans profit, sans oppression et horizontalement. Parce qu’on refuse la marchandisation de la vie et du logement.

Et pourtant, là, c’est la fin de la trêve hivernale, et nous nous préparons à une très prochaine expulsion. La date de fin de la trêve marque année après année le symbole de la politique hypocrite menée par les politicien·ne·s de tous bords : au lieu de mener une véritable politique de logement solidaire, durable et digne pour tout·e·s, on expulse les gens de leur logement le 1er avril, après s’être félicité de ne pas l’avoir fait durant la période hivernale pour des préoccupations humanitaires.

Expulsées, pour quoi, ou plutôt pour qui ? Pour la petite histoire, fin 2020, la société AS Développelement rachète le bâtiment aux enchères au prix de 1’400’00 euros. Depuis le rachat de la maison, la société AS Développement met la pression aux dernier·e·s locataires vivant là depuis une trentaine d’année pour les faire partir et menace régulièrement les occupants des autres étages de les expulser. Le projet d’AS Développement est simple : tout démolir et refaire des appartements plus petits loués à des loyers plus élevés. L’histoire est bien connue, mais qui s’empire quand on apprend que la SCI a été gérée par le célèbre Sylvain, ou Zvi, Ammar. Cet homme d’affaires prolixe, mandataire de 30 autres sociétés, ancien président du consistoire israélite de Marseille, a récemment aussi été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille pour modification de scène de crime à huit mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende (il aurait dissimulé une somme en liquide de 346 360 euros en 2007). Dans la SCI, on trouve également ses grands frères Yvon et Elie qui ne manquentpas non plus de panache.

Faire vivre décemment des personnes précaires et offrir aux habitant.e.s du quartier un espace d’entraide et d’ateliers centrés sur l’autonomie, ou laisser l’immeubles aux mains de malfaiteurs et de spéculateurs avec l’espoir de voir fleurir des commerces de luxe à cet endroit, les institutions ont choisi et encore une fois, nous sommes très en colère.

Nous ne laisserons pas Marseille être accaparée par des grands investisseurs qui n’ont que faire des gens qui vivent cette ville. Aujourd’hui il y a 40 000 logements vides à Marseille pour 15 000 personnes à la rue. Nous revendiquons le droit pour tou.te.s de vivre dans des logements décents.

Nous continuerons à dénoncer les politiques racistes de l’Etat et de ses institutions qui ne prennent pas leurs responsabilités, qui favorisent la spéculation de quelques riches au détriment de la vie des autres, qui favorisent l’aseptisation des villes, plutôt qu’une ville vivante et solidaire, basée sur l’échange et l’entraide.
Nous continuerons aussi à considérer que le droit d’usage des personnes dans le besoin est bien plus censée que la propriété privée cultivant le vide absurde et criminel du capitalisme. Nous nous donnerons les moyens de reprendre d’autres espaces pour y créer à nouveau une solidarité combative et tenter de contrer cet Etat capitaliste, raciste et patriarcal.

Ce n’est pas cette expulsion qui va nous arrêter ! Un squat de fermé, dix d’ouverts !

#squatpartout

#nosquatnofun

Collectifs des habitant·e·s de Libération

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