Rafles, arrestations arbitraires et expulsions de demandeurs d’asile à Marseille

Rafles, arrestations arbitraires, expulsions... Pour les réfugiés et demandeurs d’asile à Marseille (et ailleurs) le quotidien se durcit et les Centre de Rétention (CRA) se remplissent...

Dans ce contexte généralisé d’attaque néo-libérale, de destruction sociale et de répression sur tous les fronts, pas étonnant que le droit des étrangers et le droit d’asile en prenne pour leurs comptes. Entre les nouveaux projet de lois sur l’immigration (présenté le 12 octobre 2017) et le projet de loi anti-terroriste (actuellement discuté à l’assemblée) qui prévoit (entre autre) la "legalisation" des mesures prise pendant l’état d’urgence, être réfugié en France (et en Europe) devient un parcours du combattant, avec retour à la case départ à la clef.

Ces nouvelles lois et mesures ne sont que les jalons supplémentaire d’une politique migratoire qui ne date pas d’hier et qui s’adapte aux flux et aux intérêts économiques de l’Europe (et surtout de ses patrons), tout en servant de prétexte à la mise en place de dispositifs de fichage et de contrôle des territoires et de la population, qui deviennent des dispositifs permanents et intégrés dans le quotidien de tous.

A Marseille comme ailleurs le le quotidien des réfugiés et demandeurs d’asile se durcit et les Centre de Rétention (CRA) se remplissent. Rafles, arrestations arbitraires et expulsions, quelques brèves sur ce qu’il se passe au CRA de Marseille, dans les PRAHDA [1] de la région et dans les commisariats et les rues de la ville...

Nouvelles arrestations au PRADHA de Vitrolles

Mercredi 4 octobre, 3 nouvelles arrestations ont eu lieu au PRAHDA de Vitrolles à 5h du matin. Il n’y a à ce jour aucune nouvelle des personnes arrêtées, ni au PRAHDA ni au centre de rétention. Nous pensons qu’ils ont probablement été menées directement à l’avion pour les expulser en Allemagne et Italie .

Actuellement, les expulsions depuis les PRAHDA s’accélèrent et confortent les invitations à agir contre ces nouveaux dispositifs de "prisons sans barreaux". D’autant que les moyens juridiques pour faire respecter les garanties procédurales sont extrêmement limités. Invitez-vous dans les PRAHDA !

Mercredi 4 octobre également, RAFLE sans précédent à Noailles !!

Plusieurs dizaines de personnes sans papiers ont été menées au commissariat de Noailles et à l’Evéché (puisque les cellules du commico étaient bondées). Plusieurs sources concordent pour dire qu’il s’agit d’une opération directement liée à l’attaque de la gare dimanche dernier et que les ordres du ministère sont de remplir les centres de rétention. Les retenues au CRA de Marseille (Bougainville) ont presque doublé en une nuit. Et c’est aussi vrai dans d’autres préfectures en France. Des journalistes ont contacté des avocats pour les interroger sur l’assaillant en faisant le lien avec le projet de loi sur l’allongement de la durée de rétention...

Réfugiés = terroriste, sympa les amalgames...

Comme si cela ne suffisait pas, le projet de loi de finances 2018 a annoncé la création de centres fermés pour personnes "dublinées". Un moyen de faire face à une décisions de la cour de cassation qui confirme que les préfectures n’ont pas le droit de placer en rétention les personnes en instance d’expulsion Dublin (expulsion interne en Europe, en vertu de la désignation du pays d’entrée en Europe comme responsable de la demande d’asile).

Encore une fois, l’Etat s’assoie quand ça l’arrange sur le droit qu’il édicte en fonction de ses besoin... mais rien d’étonnant dans la mesure où des juridictions comme celles de Marseille (notamment le JLD au centre de rétention), Aix ou Bordeaux ont déjà annoncé qu’elles n’en avaient rien à battre de l’arrêt de la cour de cassation.

Contre les placements en rétention et les expulsions, on n’est pas impuissant et il y a des choses à faire ! On a besoin de tout le monde pour réagir ! Si tu souhaites t’organiser, viens en discuter à l’assemblée ou à la permanence du lundi soir à 17h au local du Manba (8 rue Barbaroux 13001) !

Notes :

[1Un PRADHA, qu’est ce que c’est ?

Les PRADHA, ce sont les nouvelles antichambres d’expulsion réservées aux déboutés de l"asile et dublinés (ceux qu’on empêche de déposer une demande d’asile). L’Etat a fini par suivre les recommandations européennes de moins enfermer les sans papiers dans les centres de rétention. Du coup, il crée de nouveaux types de centre, chacun avec leur régime. De plus en plus de centres pour de moins en moins d’accès aux droits.

Ces assignations à résidence dans les centres semi-fermés que sont les PRADHA permettent de gader les gens sous la main, pour exercer plus facilement la pression, parce que, selon la loi, être assigné à résidence confère moins de droits à la personne, ce qui arrange les affaires de la préfecture, par ailleurs de plus en plus efficace pour multiplier les notifications Dublin aux demandeurs d’asile (nombre de dublinés a doublé entre 2015 et 2016), aidée par une coopération renforcée de l’Italie, lors de la prise d’empreintes à l’arrivée des bateaux dans les ports, et des appareils de contrôle des empreintes plus innovants mis en place cette année dans quelques préfectures en france.

Pour créer les PRADHA, l’Etat a acheté plus de 60 hôtels Formule 1 au groupe ACCOR, souvent localisés proches des aéroports. C’est ADOMA qui "gère" partout en France ces centres d’isolement, épaulé par des sociétés de sécurité privées, qui s’interposent dans tout contact avec l’extérieur (ça a déjà chauffé dans quelques PRADHA au nord). Il y a une certaine opacité sur ces lieux. Dans la charte des pradha il ya stipulé l’obligation de discrétion des travailleurs sociaux, notamment l’interdiction de communiquer avec la presse.

En théorie, les gens sont transférés sans contrainte dans les PRADHA. Mais les techniques de répression/dissuasion pour ceux qui voudraient s’opposer au transfert sont de plus en plus élaborées : "ventilation" des exilés qui se connaissent depuis les CAO dans des centres différents, transfert vers des CAO intermédiaires dès qu’une mobilisation prend forme, crainte/dissuasion de la fuite (par exemple, en exagérant les conséquences d’une opposition au transfert sur la demande d’asile), fausses informations ou informations contradictoires sur les droits, mauvais conseils sur l’opportunité ou non d’un recours et à quel moment assignation à résidence dans le PRADHA où la police peut intervenir à tout moment (contrairement au CAO), pas de contact autorisé avec les collectifs extérieurs, alors même qu’aucune association d’accompagnement n’est présente au PRADHA, etc.

La mécanique de dispersion/tri/isolement/refoulement des exilés, via les vases communiquant de ces centres, s’est donc rodée depuis les premières expérimentations des CAO en 2015.

Près de Marseille, il y a deux PRADHA, celui de Gémenos ( à côté des fralib) et celui de Vitrolles. Pour l’instant ya une capacité d’accueil de 90 personnes à Gémenos et d’une dizaine de personnes à Vitrolles.

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