Récit de la violence judiciaire au tribunal de Marseille

3 juillet : Malgré la grève des huissiers, le Parquet s’est préparé pour juger hâtivement aujourd’hui une trentaine de personnes (sans compter les mineurs) en comparution immédiates, des personnes arrêtées souvent jeudi ou vendredi et qui ont passé une nuit en prison à l’Huynes après leur 48h de garde-à-vue.

Publié par la Legal Team Marseille sur son blog

En plus des 72h de privation de liberté, et des conditions difficiles de la garde à vue, certaines ont été blessées lors de leur interpellation par les flics. On retrouve aujourd’hui uniquement des avocats commis d’office, qui évidemment n’ont pas eu le temps de bien lire les dossiers et de contacter les proches de la personne. Il y a beaucoup de personnes qui ont besoin de traducteur, et toujours peu de place est laissé à la traduction , pas le temps. On retrouve à la barre des gens aux faibles revenus, de tous âges, cibles du racisme d’État et potentielles cibles d’un flic comme Florian M l’assassin de Nahel.

Exceptionnellement aujourd’hui trois salles ont été ouvertes pour les comparutions immédiates. Un des procureurs, l’air blasé avec sa mèche à la Luc Ferry, le dira sans filtre : « le Parquet assume complètement de ne pas faire des réquisitions normales […] notre réponse pénale est un message en direction de tous ceux qui voudraient commettre des exactions, de tous les citoyens apeurés […] et nous demandons l’incarcération immédiate de ceux qui de près ou de loin participé aux exactions ». Il dit cela après avoir demandé 12mois de prison ferme contre une personne sans papier et sans domicile fixe pour le vol de deux paires de chaussures dans un magasin déjà éventré.

En résumé :
trente personnes poursuivies pour des vols en réunion qui avouent les faits
des avocats commis d’office qui servent à pas grand chose
des procureurs qui veulent taper fort
des juges méprisants pour qui chômage veut dire oisiveté, pour qui être né à l’étranger veut dire sans papiers.

C’est difficile face à ce spectacle de justice de ne pas vomir ou crier. Une des trois salles sera d’ailleurs vidée par la juge suite aux protestations dans le public.

Dans une autre salle une des juges, avec sa frange et son air de mauvaise institutrice moralisante, prononcera même des peines plus sévères que les réquisitions déjà délirantes de la procureure. Oh le binôme maléfique !

Les histoires d’aujourd’hui sont des vols.

Le premier de l’après midi est arrêté une canette à la main à la sortie du Monoprix pillé le 29 juin, il est condamné à 10mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Ca veut dire qu’après ces 4jours de privation de liberté, et un procès de 30 minutes, il repart direct en prison.

Et ça continuera comme ça jusqu’à une heure du matin. De 4 à 12 mois ferme avec mandat de dépôt, plus du sursis ou des Interdiction du territoire français, pour du vol.

Certains magasins (Orange et Snipes notamment) se sont constitués parties civiles/victimes et ont envoyés des avocats pour pleurnicher et revendiquer des dédommagements des dizaines milliers d’euros au titre du préjudice moral… à des gens sans thunes. Et la métropole aussi, Vassal a les dents longues, a envoyé son avocat pour alourdir les peines et réclamer de l’argent aux personnes poursuivies.

Certaines personnes vont refuser la comparution immédiate et demander un renvoi pour avoir le temps de préparer leur défense. Leurs avocat.e.s commis d’office n’ont pas eu le temps de rassembler les garanties de représentation mais plaident que les gens ont des adresses fixes et ne vont pas disparaître, que les 3-4jours précédents ont déjà été une grosse punition et qu’il n’y a aucune raison de penser qu’ils vont retourner voler des trucs dans les 3prochaines semaines. Mais les procs demandent le maintien en détention et les juges suivent.

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