Des flammes pour éclairer la nuit
L’année de manifestations commence avec une belle preuve de détermination à ne rien lâcher à Marseille (comme ailleurs), avec plus de 2000 personnes [1] qui ont descendu la Canebière depuis les Réformés et jusqu’au Vieux Port, dont un très grand nombre portaient des flambeaux, bougies, torches et autres lanternes qui éclairaient la nuit.
Après des voeux de fin d’année d’un politicien néolibéral toujours aussi méprisant et sourd à la colère sociale et ceux d’un maire là encore hallucinant d’autocongratulation et de désintérêt envers la population de la ville, il y avait fort à parier que nombreux seraient ceux et celles qui refuseraient d’abdiquer dans la lutte pour la défense de la retraite et, plus largement, pour une société de solidarité et contre le chacun pour soi.
Et c’est un pari réussi, puisque le nombre était là, tout autant que la détermination à ne pas lâcher la rue :
Un monde fou ce jeudi soir à #marseille pour une manif de nuit aux flambeaux contre la réforme des #retraites de #macron ! #greve2janvier #GreveGenerale #LREM #reformedesretraites #ratp #sncf #GilletsJaunes pic.twitter.com/Ia6EtwDG2g
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) 2 janvier 2020
Des logements, pas des pots de fleurs
Sur la fin du parcours, en bas de la Canebière, et alors que la tête de manifestation se déversait sur le Vieux Port, le reste traversait "l’installation botanique" de la mairie sur la voirie : quelques dizaines de cagettes en bois contenant des pots de fleurs (ou de l’herbe), entreposées là comme un symbole de la considération qu’a l’élite politique de la ville pour celles et ceux qui y vivent. Et des slogans surgissents spontanément : "On veut des logements, pas des pots de fleurs", venant rappeler que le malaise et la colère ne sont pas restreints à cette seule réforme des retraites.
Après la destruction de la Plaine à grands renforts de matraques, l’abandon de Noailles à coups de morts (et là encore de matraques), l’expulsion de milliers de personnes, la mairie fait enfin quelque chose : elle installe des cagettes de fleurs, destinées à être par la suite jetées.
Pas de bancs, seulement des places vides pour circuler sans s’arrêter, partout.
Pas de remise en question, seulement un cynisme qui grandit sur les profits immobiliers.
Pas d’inclusion des gens dans la prise de décision politique et sociale, seulement une distance abyssale qui grandit. Et la colère avec.
Alors logiquement, de cet espace qui n’était à personne (la nouvelle conception de "l’espace public"), les manifestant-e-s en ont fait un espace à tout le monde : c’est un grand marché aux fleurs gratuit qui s’est ouvert, avec des fleurs qui vivront un peu partout dans Marseille, soignées par ses habitant-e-s, plutôt que d’être laissées là à crever comme de la poudre aux yeux.
Comme pour la ville. Comme cette grève qui doit s’étendre. On se retrouve pour la prochaine manifestation !
Arrosons la lutte !