Noël c’est gratuit … La pression monte. Les caddies sont encore enfermés

Retour sur une matinée au carrefour d’Aix en Provence, dans le cadre de l’appel national à un Noël Gratuit ...

10h… Arrivée au carrefour de la zone commerciale de la Pioline. 1,5 Millions de chiffres d’affaires ont rencardé d’autres caissiers alléchés par l’opération caddie gratuit de la semaine passée au carrefour du merlan (voir Video Primitivi : grande redistribution chez Carrouf).

Arrivé.e.s sur place, les caddies se multiplient, visages connus ici et là, ça remplit progressivement de jouets pour enfants, couches, affaires et vêtements urgents, nourriture etc. En quarante minutes, 80 personnes s’agglutinent au rayon fruits et légumes. Le cortège s’ébranle dans la bonne humeur vers les caisses. La quasi totalité des caisses est bloquée sous les hourra, les « aujourd’hui, c’est gratuit », « nous sommes toutes les victimes de Carrefour », tata tata ta tata ta…

Très vite, un ou deux caddies passent en tête, les gens hésitent, suivre pas suivre, les sourires émergent, les caissiers et caissières s’arrêtent. Le temps s’arrête.

Mais les premiers vigiles et chefs rayonnages aussi entrent en scène. Moins funs, les premiers tentent de choper les caddies des plus motivés. S’ensuit embrouilles, coups de colère, désescalade, ré-escalade… Bref, la situation, censée être oklm (i.e. au calme fêtes obligent), se tend un peu. Et les vigiles et agents Carrefour, pas trop prévus au programme, s’invitent dans la danse.

On le rappelle, au départ, l’action vise à sortir entre 60 et 100 caddies en mettant la pression sur la direction en bloquant les caisses. 1,5 millions de chiffres d’affaires le samedi précédant les fêtes, c’est entre 100 000 et 130 000 euros perdus par heure de caisses bloquées. Et là, toutes le sont sauf les prioritaires et libre service, qui changent pas grand-chose dans la balance.

Un imprévu, les clients. Au départ, plutôt désemparés, bienveillants voire franchement amusés en voyant les gilets jaunes et slogans scandés autour d’eux, s’amassent peu à peu. Comme les vigiles et agents de rayonnage, à mesure qu’ils s’amassent, et qu’ils voient leur temps de cerveau dispo aux courses pris dans l’entrefilet de l’autoréduction, ils s’énervent, se muent en agents de maîtrise de Carrouf’… Bref, l’ambiance bonne enfant tourne un peu court devant des vigiles testostéronés (un peu aidés par certains copains et copines) et des clients un peu apeurés…

Là, on avoue, on avait pas assez prévu le coup : on est super nombreux, presque toutes les caisses sont bloquées mais ça manque de communication entre nous, de gens qui, un, vont entre les caisses pour informer des avancées, deux, de médiateurs qui empêchent les vigiles d’avoir un poids dans une configuration où, en vrai, ils n’ont rien à faire, nous c’est la direction et les caddies gratos qui nous intéressent, trois, d’équipes qui distribuent une partie des vivres aux clients pour désamorcer l’attente et vivre un vrai bon moment autour de ferrero rocher et de sushi.

Bref, les keufs qui débarquent, à peu nombreux, beaucoup trop peu en tout cas pour nous dégager, ne changent pas grand-chose. Mais ils accentuent un peu la désorganisation de notre côté, et le lâchage des boloss de l’autre. Au final après une heure et demi de blocage, ce qui est franchement pas mal, sans arrestation, en bloc, avec slogans tout du long, on se barre mais en vrai, si les caddies semblaient un peu difficiles à faire passer sans réponse de la direction, on aurait pu bloquer clairement une heure de plus.

Morale de l’histoire : tout le monde se souviendra de ses courses de Noël dans cet hyper ce matin-là, à commencer par nombre de caissiers et caissières à fond dans l’action quand on discute, mais qui se mettent un peu à distance quand les conflits émergent avec clients et vigiles.
Un peu de tâches à mieux se séparer entre nous pour détendre l’atmosphère ou expliquer aux vigiles que, non, on a rien contre eux, et que c’est la direction qu’on vise et les caddies gratuits, qu’on vole rien et que la dignité est de notre côté et pas des voleurs d’en face.

Bref, on a fait perdre quelques dizaines ou centaines de milliers d’euros à la grande chaîne, la prochaine on vise le million.

On s’organise encore mieux et on revient encore plus nombreux

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