Blocage de la fac Saint Charles : récit et bilan

De lundi à mardi des étudiant.es et des membres du personnels ont bloqués la fac Saint Charles, après deux jours de blocages celui-ci a été levé, laissant l’espoir qu’un mouvement étudiant de lutte émerge.

Jeudi dernier, dans le cadre d’une journée nationale fac fermée, le site de la fac Saint Charles à accueilli différentes conférences, projections ou encore concert. Une journée d’alternatives au schéma classique proposé à l’université pendant laquelle la direction et un bâtiment ont été bloqué toute la journée.
Enseignant.es, personnel, et étudiant.es ont fait part de leurs souffrances et de leurs inquiétudes face à la dégradation des conditions de travail ou d’étude. Le projet de loi LPPR qui va réduire drastiquement les CDI pour les enseignant.es chercheur ;es ne va pas arranger les choses et un mouvement national s’annonce.
Alors que cette journée a rassemblée quelques centaines d’étudiant.es et d’enseignant.es,
a la fin de cette journée l’Assemblée Générale a voté un blocage pour le lundi d’après.

Ce lundi dès 5h30 du matin, une cinquantaine d’étudiant.es et certains membres du personnels (ainsi que quelques personnes, collectifs et syndicats venus en renfort grâce à la convergence des luttes) bloquaient l’ensemble du site. Aucun cours n’aura lieu de la journée.
Petit déj’ et brasero au rendez-vous, l’ambiance est chaleureuse, le site Saint Charles n’a pas connu ça depuis bien longtemps !
La réponse de la direction ne se fait pas tarder, elle propose un rendez vous à 14h pour discuter avec les personnes mobilisées.

Dès 10h, une réunion à lieu pour construire les revendications du mouvement, les voici :

  • dispense d’assiduité pour tous.tes les étudiant.es jusqu’à nouvel ordre
  • positionnement public de l’UFR sur la réforme LPPR et la précarisation a l’université
  • envoi d’un mail à tous les étudiant.es avec les revendications du mouvement
  • ouverture d’un espace AMETICE dédié à des informations sur les lois et sur le mouvement social
  • attribution d’un local pour permettre de nous organiser collectivement
  • augmentation des bourses en nombres et en valeur
  • retrait des conditions d’accès aux bourses pour les étudiant.es étranger.es (aujourd’hui iels doivent justifier un an de résidence en France et de 3 mois de travail sur le territoire)
  • résoudre les problèmes d’insalubrité dans les bâtiments CROUS
  • augmentation des bourses en nombres et en valeur
  • création d’espaces pour les étudiant.es étranger.es (pour aider à l’apprentissage de la langue française, pour des aides juridiques)
  • retrait du contrôle de l’identité a l’entrée de la fac
  • publier le rapport sur la présence d’amiante sur le site St Charles

A 12h30 une AG a lieu, elle vise à informer les nouveaux venus et à décider de la façon dont les étudiant.es vont échanger avec la doyenne.
Le choix est fait d’imposer à la direction une rencontre avec l’ensemble des personnes qui sont présente devant la fac et d’échanger dans une salle de l’université.

A 14h, une discussion de plus de 2h a lieu avec la direction qui sous son discours diplomatique et institutionnel réussi à refuser toutes les revendications du mouvement tout en expliquant qu’elle se souci des conditions de vie des étudiant.es et de la précarisation du personnel.

Écœuré mais pas moins déter’, le blocage est relancé le lendemain. A 5h30, il reprend de plus belle.
A 9h00 la direction revient sur ses décisions et concède une dispense d’assiduité pour l’ensemble des étudiant.es.

L’AG de 10h vote la fin du blocage a condition de l’envoi d’un mail À l’ensemble des étudiant.es de l’UFR Sciences spécifiant que tous.tes les étudiant.es pourront bénéficier d’une dispense d’assiduité sans durée déterminée.
Malgré des tentatives de la direction pour ne pas respecter sa promesse d’origine (la première version du mail spécifiait que la dispense pouvait sauter en cas de nouveaux blocages), le mouvement A su imposer sa revendication. Désormais et jusqu’à nouvel ordre tous.tes les étudiant.es bénéficient d’une dispense d’assiduité pour tous les jours, ce qui permettra à tous.tes de se mobiliser sans avoir d’impact sur la bourse.

Si le blocage est levé, il n’est visiblement que le début d’un mouvement des étudiant.es et du personnel de l’université qui pourrait s’intensifier.
De nombreuses revendications restent encore sans réponses et ces deux jours d’actions militantes ne sont que le début d’une lutte en devenir !

Malgré les réserves de certain.es quant à l’efficacité d’un blocage il est notable de voir que sur une fac comme Saint Charles qui peine généralement à mobiliser, nous ayons pu voir quelques centaines d’étudiant.es réunis lors d’AG et faire part de leur révolte face à un monde qui leur échappe et que le mouvement sorte avec une victoire à la clé face à la direction !

A lire aussi...