Contre la loi Vidal de sélection à l’université et le projet de conscription de la jeunesse, mobilisons nous !

Analyse rapide de la loi Vidal et de ses imprécations. Pour une mobilisation massive plus que jamais nécessaire.

L’université n’a pas à être réduite en pourvoyeuse pour le marché du travail. Elle doit être un lieu d’’acquisition d’une culture, d’une rigueur intellectuelle, d’une formation scientifique, d’un apprentissage de l’esprit critique. Quelque chose qu’on ne mesure jamais dans les taux de réussite. Quelque chose qu’on ne mesure pas dans les classements internationaux.

L’université ne doit pas être un lieu de concurrence, de sélection et d’exclusion.
Nous avons tous et toutes le droit aux études supérieurs. Nous avons le droit d’élever nos consciences et nos capacités.

Le manque d’argent des facs, les filières fermées, l’insalubrité des locaux, le tirage au sort injuste à cause du trop grand nombre d’étudiants et d’étudiantes alors que la hausse démographique était prévue depuis longtemps servent de justifications au gouvernement pour une refonte globale de l’université vers la privatisation. Mais les moyens existent ! La fraude fiscale des amis de Macron c’est 80 milliards de perdus par an.

Macron veut créer un service militaire qui coûterait des millions afin de nous inculquer un nationalisme puant et de nous asservir alors qu’au même moment il baisse les impôts sur la fortune, allégeant la fiscalité des plus riches qui sont ses hôtes réguliers à l’Élysée pour décider des nouvelles politiques néo-libérales.

Macron rêve d’un système d’études supérieures sélectif à l’image du système anglo-saxon, cher, élitiste et donc socialement discriminatoire. Il veut une jeunesse dépolitisée, sans esprit critique, soumise et résignée. Il refuse l’existence d’une université populaire, base d’une véritable société démocratique.

Il nous faut refuser cela fermement et ça concerne toute la société.

Dans le post-scolaire, les enjeux du marché du travail actuel contraignent les individus à sans cesse suivre de nouvelles formations pour mieux s’adapter à la demande de flexibilité du marché. Il s’agit de ce vers quoi tend dangereusement le supérieur : donner davantage d’outils de flexibilité pour devenir un ou une bonne consommatrice et travailleuse. Tout cela nous fait entrer dans une ère de précarité constante où celleux qui sont à la traîne seront abandonné.e.s. Après les études, les formations pour s’adapter devenant plus payantes encore car commercialisées, ne pouvoir y assister par manque de moyens creusent d’inévitables gouffres d’inégalités. Autrement dit : « En Marche ou crève ».

Cependant, en parallèle d’un monde en mutation forte, il convient de rester constamment impliqué.e socialement et politiquement pour que nos droits et libertés ne nous échappent sans que nous n’y prêtions attention. En encourageant des modèles de formation dont l’horizon n’est que la précarité perpétuelle, sans apporter d’éclairage sur la compréhension du monde, il est ôté aux individus la possibilité de se réapproprier le présent. Il n’est pas demandé aux individus de rafraîchir leurs connaissances du champ politique et social aux mouvements rapides difficiles à suivre.

Beaucoup de signaux contemporains signalent une désaffection croissante à propos du processus politique, une dépolitisation et une apathie en puissance. En témoigne le peu d’investissement dans les luttes sociales et politiques de nombre de citoyens et citoyennes. Or, il n’y a pas de vie démocratique sans la participation active de la population, particulièrement lorsque ses droits et ses libertés lui sont toujours plus ôtés. Nous devenons ainsi, peu à peu, impuissants et impuissantes politiquement tandis que l’État se décharge de toute responsabilité dans l’éducation (comme dans d’autres domaines investis par le champ économique) : ces formations ne dépendent plus de son ressort. L’existence même de l’État perd sa justification lorsque le peuple est livré en jachère au pouvoir économique tout puissant et à la précarité existentielle. Et la "démocratie", au modèle prétendument représentatif déjà douteux, s’étiole davantage encore.

Les compétences dont nous avons le plus besoin pour prendre le contrôle de nos vies et de notre bonheur ne nous sont pas octroyées. Nous n’avons que l’éternel "Travaillez plus, gagnez plus, consommez plus !" pour combler nos âmes anémiées par des produits jetables. Rappelons tout de même que notre planète n’est pas jetable, ou ce serait nous jeter avec, et qu’il est illusoire de poursuivre un modèle de croissance infini dans un monde fini aux capacités de production déjà largement en surchauffe.

La politique arriérée du gouvernement ne mène qu’au gouffre de l’âme et de la raison. Notre expérience accumule les formations pour parvenir avec peine à s’accrocher aux métamorphoses du monde du travail et parallèlement nous rend ignorant des enjeux politiques pourtant primordial pour réinvestir notre présent, notre futur et donc nos vies. Ce modèle d’éducation est celui de l’ignorance dans laquelle s’épanouit le champ économique qui réinvestit et donne un sens factice à nos existences. Les lots du monde du travail et de la consommation de notre société sont : dépressions, perte de repère, solitude, harcèlement, stress, burn-out...

Comme l’écrit Zygmunt Bauman dans La Vie Liquide : « Le consommateur est l’ennemi du citoyen ». Il faut rejeter cet état de passivité et réinvestir le champ politique pour reprendre le pouvoir de décision en tant que peuple maître de sa propre destinée, c’est là le sens premier de démocratie. Cela ne peut se faire sans un réinvestissement dans la lutte pour les droits et les libertés. Parmi eux, celui à une éducation libre de toute détermination économique et sociale. Un droit légitime et le pouvoir par le peuple ne se prennent pas gentiment, mais s’arrache avec les dents. Par le passé, des mobilisations massives de lycéens et lycéennes, étudiants et étudiantes ont réussi à faire plier le gouvernement comme en 1986 contre le projet de loi Devaquet qui visait lui aussi à imposer un système de sélection. D’ailleurs, la réforme prochaine du bac passant sur un modèle de contrôle continu avec seulement quatre examens finaux contraindra fortement toute mobilisation des lycéens et lycéennes. C’est un moyen de casser les grèves alors que la jeunesse est décisive dans la protestation sociale. Il est donc plus que temps d’agir maintenant !

Macron et sa clique nous pose un défi : celui de réactualiser une jeunesse combative se battant pour ses droits et pour un monde meilleur. Alors que les 50 ans de mai 68 approchent, il est plus que jamais tant de lui montrer la résistance que nous sommes capables de soulever contre la loi Vidal. Il s’agira ensuite de poursuivre la lutte contre l’emprise du pouvoir économique et pour l’appropriation étendue de nos vies en prenant le contrôle direct du champ politique.

Une première mobilisation à l’échelle nationale contre la sélection aura lieu le 1er février. Il faut frapper fort et faire trembler le pouvoir, la jeunesse en est capable. Dès l’aube bloquons facs et lycées. Bloquons tout !

Si l’université te prend plus, prends la rue !

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. » Bertold Brecht.

PS :

À Marseille, blocage le matin et rendez-vous pour un rassemblement groupé à 10h30 devant la fac Saint-Charles. Manifestation à 11h30 sur le Vieux Port.

A lire aussi...