Fémo-nationalisme d’Etat : riposte féministe !

Ce texte a été lu par des militant·e·s féministes dijonnaises à l’occasion du rassemblement organisé le 18 décembre pour la journée internationale des migrant·e·s à Dijon.

Publié le 20/12/2020 sur le site dijoncter.info

Le 18 décembre c’est la Journée Internationale des Migrant·e·s.

Virginia Woolf disait « En tant que femmes, je n’ai pas de pays. En tant que femme, je ne désire aucun pays. Mon pays à moi, femme c’est le monde entier ».

Nous, féministes résidant en Europe, de toute condition sociale, nous, féministes en lutte, sommes totalement opposées à la fermeture des frontières et à la criminalisation de la mobilité des migrant·e·s.

En Europe, et plus particulièrement en France, l’époque est au nationalisme, au racisme et à la xénophobie, et bien souvent, un raccourci absurde est fait entre immigration et terrorisme. La plupart des violences racistes, sexistes, homophobes et on en passe, viennent pourtant principalement d’hommes blancs, cisgenres et hétérosexuels (HSBC).

Aujourd’hui en Europe, les bourgeois et élites internationales circulent en toute liberté... mais empêchent les personnes contraintes à l’exil de faire de même pour sauver leur vie. La politique européenne vis-à-vis des réfugié·e·s est insoutenable. La répression a des effets dévastateurs pour les êtres humains en exil qui subissent les conflits, les pénuries, les persécutions et les violations de leurs droits fondamentaux dans leurs pays d’origine. Tout ceci pèse d’autant plus sur les femmes, les hommes trans et les non-conformes à l’ordre de genre patriarcal, qui sont la cible de nombreuses violences sexuelles durant leur voyage.

En France, des centaines de milliers de femmes, d’enfants et d’hommes vivent dans des conditions insoutenables, dans des camps, souvent illégaux faute de moyens mis en place par l’État pour faire face à l’arrivée des migrant·e·s.

La marche des solidarités organisée par le mouvement des sans-papiers est restée sans réponse malgré les centaines de kilomètres parcourus jusqu’à l’Élysée et une mobilisation nationale.
Pour les sans-papiers qui sont exploité·e·s dans les pires conditions, privé·e·s de liberté et enfermé·e·s dans des CRA (centre de rétention administrative), obligé·e·s de vivre à la rue ou dans des logements miteux, et pour les mineur·e·s isolé·e·s abandonné·e·s à leur sort, le gouvernement reste silencieux, et ne prend même pas la peine de répondre un mot face à la mobilisation.

La politique de protection est inexistante. Quand il s’agit de traquer et de détruire des vies, les idées ne manquent pas pour alimenter la politique de répression ! On ne compte plus les expulsions, de plus en plus fréquentes et abusives. Du démantèlement d’un camp accueillant entre 700 et 800 migrant·e·s dans le Pas-de-Calais (une procédure jugée aujourd’hui illégale) à l’expulsion en septembre des sans-papiers qui vivaient dans un immeuble innocupé rue Becquerel à Dijon, tout est parfaitement absurde. Les images de l’expulsion violente des migrant·e·s de la place de la République à Paris circulent encore, illustrant de nouveau la violence et l’inhumanité des forces de l’ordre et de l’Etat.

Ancienne secrétaire d’Etat pour l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa est désormais ministre déléguée chargée de la citoyenneté. Deux postes différents, mais une ligne de conduite toujours identique : sous couvert de défendre les droits des femmes et les « valeurs de la République » telle que la laïcité, elle contribue à nourrir des idées sexistes, racistes et xénophobes. Là voilà donc en opération de « reconquête républicaine », déjà prête à dominer et écraser auprès des HSBC dominants au pouvoir ! L’instrumentalisation des luttes féministes pour justifier une idéologie néolibérale raciste et nationaliste est un classique.

Schiappa, la fémo-nationaliste, ne nous représente pas, ne représente aucune d’entre nous, si ce n’est quelques bourgeoises racistes et xénophobes. D’autant moins qu’elle travaille pour Darmanin, le ministre violeur en personne, le même qui attaque l’ensemble de nos libertés en quelques semaines.

Liberté de presse.
Liberté de circulation.
Liberté de ne pas être filmé·e par un drône et identifié·e en direct en manifestation.
Liberté de ne pas être fiché·e pour nos idées à partir d’une simple publication sur les réseaux sociaux.

Il s’attaque à tout et Schiappa reprend les inepties testées au secrétariat pour les droits des femmes. A quoi va donc servir ce fabuleux projet « Prodiges de la république » ? Sûrement à rien. Comme le grenelle des violences conjugales. Comme ses numéros verts pas financés et remis sur le marché capitaliste de la concurrence. Comme son délit d’outrage sexiste pensé pour la verbalisation des seuls hommes des quartiers populaires. Tout pour la communication et les réformes racistes, et rien pour la protection et les droits humains.

Dans le monde capitaliste néolibérale de 2020, le papier a de la valeur. Nous en avons tou·te·s fait l’expérience pendant les périodes de confinement : pas de papier de sortie ? HOP, répression. Mais pour les sans papiers, celleux qui n’ont pas eu la chance de naître avec le statut qui leur permettrait de traverser toutes les frontières, c’est tout le temps, toute l’année. Travail. Logement. École. Famille. Tout peut s’effondrer en un claquement de doigts.

Poser la question des migrant·e·s, c’est penser à toute l’économie capitaliste qui permet aux économies du Nord d’exploiter impunément les richesses des pays du Sud, aux moyens d’inégalités sociales et d’atteintes aux libertés toujours plus grandes. Cette société-là, nous la refusons et travaillerons à son démantèlement, pièce par pièce.

Pour l’égalité des droits, pour la liberté de circulation, pour la régularisation, pour une société centrée autour de l’accueil et du soin des plus vulnérables.. RÉVOLUTION FÉMINISTE !

Collectif 25 Novembre

A lire aussi...