La mer monte : Rencontres d’écologie anticapitaliste, Partie 2

Du 10 au 13 février 2022, aura lieu la deuxième séries de discussions autour de l’écologie. Retrouvez ici le programme.

Pierre Madelin : La tentation écofasciste
Le 10 février 2022 à 18h à La Dar (127 rue d’Aubagne, 13006 Marseille)

On les connaissait écosceptiques mais on a jamais perdu de vue l’idée qu’ils soient aussi opportunistes... Depuis quelques années maintenant et après une longue période de déni confinant au ridicule, l’extrême droite s’est saisie peu à peu des questions climatiques. Elle a su, fidèle à elle même, instrumentaliser l’écologie pour justifier un retour à l’identité nationale et un renforcement des frontières qu’elle pense plus urgents que jamais. 
Des opérations anti-migrants et potagers communautaires de Génération Identitaire aux massacres aveugles de Brenton Tarrant ou Patrick Crusius justifiés par des thèses sur l’effondrement et la nécéssité de réduire la population mondiale, l’extrême droite arrive sur le sujet de l’écologie en instrumentalisant la peur pour nourrir ses projets de sociétés fascistes inégalitaires et autoritaires.

Cette articulation dramatique, nommée aussi « écofascisme » sera décortiquée dans une discussion avec le philosophe Pierre Madelin.

Contes Cataclysmes (Spectacle)
Le 10 février 2022 à 20h30 à La Dar (127 rue d’Aubagne, 13006 Marseille)

Deux, trois histoires ou plus racontées par Ernest Riton Ernest et Simier Tesson.

La crise écologique est globale. Le capitalisme est mondial. Le temps des colonies ne s’est jamais fini. Le patriarcat impose ses désirs morbides. Le quotidien est saturé de rapports de domination. Paraît-il que l’apocalypse est pour demain.
Bref, la chienlit est partout, le chiendent se fait la malle et le pissenlit n’est plus aussi fringuant que lors de nos grandes virées dans les vallées verdoyantes de l’enfance. Fait qu’on n’est pas sorti de l’auberge.
Quoique.

Car s’il est vrai qu’on retournera pas la situation planétaire sans un minimum d’organisation collective à même d’élaborer une internationale sensible capable d’assumer les conflits de notre temps, il peut être bon d’écouter des petites histoires singulières. Alors, dans l’intimité des cataclysmes qui nous traversent on peut entendre que la vie, le vivant, la vivante bat toujours son plein, déjouant le vide abyssale des tombes autoproclamées du nihilisme. De là, émergent parfois des contes contemporains, ressemblant à s’y méprendre à ceux de nos grands-mères et autres ancien.ne.s à ceci près que nous avons longtemps eu l’injuste réputation d’être une génération désabusée née au coeur de la Fin de l’Histoire, ce chapitre palpitant de l’aventure humaine.

Pour tout vous dire rien n’est encore écrit et tout ce grand verbiage est surtout là pour informer d’une chose : le 13 février 2022 aura lieu un moment dit de "performance artistique" préparé seulement quelques jours avant dans le secret d’un atelier d’écriture et de théâtre (peut être même d’acrobatie). ça sera peut-être bancal, ça n’aura pas les moyens d’une production hollywoodienne ni même d’un projet subventionné par le Ministère de la Culture, ça risque d’avoir l’allure de nos joies et de nos désarrois. Surtout, et par le diable de nos récits partagés, ça tentera de vous émouvoir.

Présentation de Reprises de terre
Le 11 février 2022 à 14h à la ZAP de Pertuis (rue du Gourre d’Aure, 84120 Pertuis)

Nous sommes un petit groupe d’habitant·es de lieux en lutte, paysan·nes, chercheur·euses, militant·es, proches de la revue d’écologie politique Terrestres, à avoir construit une dynamique d’enquête collective, sur ce que l’on appelle les « reprises de terres ». Quatre constats guident notre démarche. Le premier, c’est le ravage écologique systémique, provoqué et nourri par la voracité extractiviste du capitalisme, qui met à mal les conditions de vie sur la terre pour une immense part des vivants qui la peuplent.

Le second, c’est l’émergence d’un mouvement climat encore tâtonnant, mais qui s’interroge sur le besoin d’ancrer ses luttes localement, pour ne pas s’en tenir à des formes de revendications parfois hors-sol.

Le troisième, c’est l’indignation face aux inégalités sociales grandissantes, à la précarité, aux injustices environnementales faisant infuser la nécessité de réponses émancipatrices et créatives à ces précarités multiples.

Le quatrième, c’est la situation présente et à venir du foncier en France. Dans les dix ans qui viennent, la moitié des agriculteurs français vont partir à la retraite, et ces départs vont remettre en jeu un grand nombre de terres (un quart du territoire). De la poursuite du productivisme agricole à l’invention d’autres égards pour le vivant, de la modernisation permanente à l’émergence massive de nouvelles pratiques paysannes, les usages qui seront faits de ces terres façonneront fortement le paysage social et écologique des décennies à venir.

De ces quatre enjeux découle une question centrale, qui constituera le cœur des rencontres de l’été 2021 : comment inventer des tactiques foncières, politiques et juridiques pour contrer l’accaparement des terres par le productivisme et organiser la vie autour de communs qui prennent en compte tous les êtres qui habitent un lieu ?

Présentation du Quartier libre des Lentillères
Le 11 février 2022 à 14h à la ZAP de Pertuis (rue du Gourre d’Aure, 84120 Pertuis)

Le quartier libre des Lentillères est né d’une manifestation fourche en main en 2010, à Dijon, à l’issue de laquelle une centaine de personnes a défriché puis cultivé des terres de qualité à l’abandon menacées par un projet immobilier. De là est né le Pot’Col’Le, une dynamique ouverte et collective de jardinage basée sur l’échange de savoirs. Le Jardin des Maraichères, géré de manière non salariée, permet d’alimenter des marchés hebdomadaires non lucratif à prix libre. À la croisée de ces deux grandes parcelles, s’entremêlent des dizaines de petits jardins familiaux. Au milieu de tout ça, des fermes occupées, une dynamique de construction de cabanes et d’entretien de lieux ouverts à tous et à toutes pour la promenade, pour des ateliers d’échanges de savoirs divers et variés, des concerts ou des fêtes atypiques. De tout ça naît un quartier bigarré, des collectifs mélangés nourris par plusieurs centaines de personnes.

Cependant toutes ces dynamiques sont menacées : la SPLAAD (Société Publique Locale d’Aménagement de l’Agglomération Dijonnaise) et le Grand Dijon veulent détruire cette ébullition créatrice qui produit un quartier tel que nous voulons le vivre, hors des cadres établis, pour le remplacer par un projet immobilier d « éco quartier » : l’« écocité des maraîchers ». La première phase de construction a commencé sur la parcelle industrielle des anciens abattoirs, mais nous continuerons à nous opposer aux travaux de la deuxième phase de construction qui concerne le Quartier libre des Lentillères. Nous sommes plus que jamais déterminé-e-s à lutter pour que la solidarité l’emporte sur le business. Rejoignez nous !

Plus d’infos sur https://lentilleres.potager.org/

Atelier d’anticipation
Le 12 février 2022 à 10h à La Dar (127 rue d’Aubagne, 13006 Marseille)

2018, les gilets jaunes ont envahi l’Élysée et ont coupé la tête du Roi. Cet élan a donné le ton d’autres révoltes et les États se sont effondrés.

Discussion croisée : Les luttes locales peuvent elles gagner
Le 12 février 2022 à 14h à La Dar (127 rue d’Aubagne, 13006 Marseille)

Marseille, port industriel et touristique, haut lieu de la petrochimie, smart city en devenir. Malgré l’etiquette verte de la mairie, l’ecologie dans cette ville n’a pas le vent en poupe. Dans presque chaque quartier, colline, fond de vallée, un quelconque industriel avide projette de construire une usine, betonner une zone humide, implanter une ferme de panneaux solaires etc etc... Et pourtant dans grand nombre de ces lieux, des personnes, collectifs, associations, se retrouvent pour contrer ces projets. A chaque fois les mêmes questions se posent, les mêmes recours en justice balayés, les mêmes élus corrompus. Ces luttes en réaction à tant de projets dangereux peuvent-elles constituer une force capable de passer aussi à l’offensive ? Comment un ensemble de luttes locales peut mettre à mal un modèle global de destruction du vivant ? Elaborons ensemble sur comment faire réseau pour se défendre et pourquoi pas, attaquer ce monde qui tente de nous détruire.

En présence de personnes liées aux luttes des boues-rouges, contre l’extension de la ZAC de Pertuis et bien d’autres.

Farandole et déchèterie (Spectacle)
Le 12 février 2022 à 19h à La Dar (127 rue d’Aubagne, 13006 Marseille)
Performance de et avec Julie Cardile - Nina Villanova

« Y a pas très longtemps j’ai revu Nausicaa de la Vallée du vent, le manga de Miyazaki et je crois que ça m’intéresserait de « faire quelque chose » à partir de cette histoire. »
« Il y a aussi cette question qui me turlupinais quand j’étais petite, à savoir qu’il faudrait se demander où s’en va l’eau quand la crue a finit de monter ? »
« Et puis j’aimerai beaucoup refaire un volcan avec du vinaigre, du liquide vaisselle et du bicarbonate de soude, mais cette fois ci, grandeur nature. »
« Tu trouves pas que le ciel a de plus en plus souvent la couleur de la fumée de ta cigarette, dense et angoissée ? »
« Dans le documentaire d’Herzog sur Les volcans, il y a des gens du village qui racontent que lorsque des touristes arrivent, le volcan se met à leur cracher des pierres. »

Quelques bribes glanées ça et là lors de discussions entre Julie et Nina lorsqu’elles s’interrogent sur la nature de ce que sera leur performance farandole et déchèterie (titre provisoire). Une certitude demeure, c’est dans et par l’amitié que ce quelque chose aura lieu. Espérons le. 

Terra Mare par Paolo Gauthier (Spectacle)
Le 12 février 2022 à 19h à La Dar (127 rue d’Aubagne, 13006 Marseille)

Terra Mare, c’est une renaissance. Après avoir traversé d’errances les villes pendant des années, ne respirant entre les murs que grâce à l’amitié céleste et n’y revenant qu’après de grandes-échappées incantatoires ; ce vague-à-l’âme de passer à côté de l’automne m’a mené vers ce refuge où j’y ai trouvé ma manière de gueuler, Terra Mare.
J’ai grandi dans des montagnes où j’y ai laissé un instinct mystique, et mes pas de danses m’ont toujours mené à la mer, où tout est né. Terra Mare. Terre Amare. Amare.

Autour de l’écofeminisme avec Jeanne Burgart Goutal
Le 13 février 2022 à 14h au 34 rue de la joliette, 13002 Marseille

Jeanne Burgart Goutal nous proposera une rencontre avec l’écoféminisme en deux temps. Une balade mentale avec une présentation et discussion, dans les entrailles de ce courant puis une exploration corporelle de l’écologie profonde au travers d’un moment de yoga tantrique.

« Oppression des femmes et destruction seraient deux facettes indissociables d’un modèle de civilisation qu’il faudrait dépasser : telle est la perspective centrale de l’écoféminisme. Mais derrière ce terme se cache une grande variété de pratiques militantes. »

Tchoukadane (Concert)
Le 13 février 2022 à 18h30 à la Dar, 127 rue d’Aubagne, 13006 Marseille

Les Tchouk’ c’est un peu des frangins tout doux avec qui on aime se rouler dans le houblon et les feuilles mortes l’auto(no)mne venant. J’avoue que la première fois que je les ai écoutés j’ai cru entendre le vent dans les montagne de mon village, la mer des côtes bretonnes des arrières-grands-mères coco-libertaires. Du coup je me suis dit que ouais p’tet ça pouvait être de la poésie écologiste de circonstance.

A propos des rencontres La mer monte

L’effondrement est sur toutes les lèvres, les marées noires polluent les nappes de boues-rouges, les espèces disparaissent dans une indifférence crasse alors que les buildings de verre et d’acier ne cessent de pousser. Il semble bien que nous allons finir par faire bouillir les océans pour transformer en béton tout le sable que la terre porte et faire de la planette bleue par une surface lisse, grise et connéctée, les milliards d’objets en plastiques ne disparaitront pas, rien ne fera revenir les dodos et les paradis de verdure aux fruits luxuriants n’existeront pas ou seront des privilèges naïfs.

Parce que penser l’ecologie est devenu penser le désastre qui vient, ce qui devrait être une pensée émancipatrice et créative est devenu ce que les psychanalystes ont nommé l’ecoanxiété. Alors que nous sommes pris entre les feux croisés des crises financières, sociales, politiques et environnementales, la peur de l’effondrement nourrit un repli sur soi qui au mieux reconduit le désastre et au pire invite à la dictature. Si l’écologie est partout, elle est aussi dans le coeur des pensées d’extrême-droite contemporaines.

Mais si la catastrophe est sur le pas de la porte, ne serait-il pas aujourd’hui pire encore que cet effondrement généralisé que nous craignons tant ne se produise pas ? Que nous survivions dans l’angoisse et la culpabilité dans cette ville du futur qui concentre pauvreté et pollutions extrêmes, surveillance et violence d’Etat censée maintenir l’ordre. Une ville dans laquelle l’écologie est une ségrégation sociale de plus, privilège des magasins bio et du boulot en vélo.

A contrario des Etats ou des mairies écolos qui rendent intelligentes des villes qui accueillent les sièges et usines des entreprises les plus dévastatrices du monde, nous ne pensons pas que la cybernétique et le capital sauveront le climat. Penser l’écologie c’est surtout penser ce qui nous lie à ce qui nous entoure, qu’il s’agisse de la nature ou des autres.

L’effondrement a probablement déjà eu lieu et nous vivons la réorganisation de la société. Pour cela, nous vous invitons à deux séries de rencontres ayant pour point de départ l’écologie politique pour comprendre comment l’écologie, sa pensée et son histoire, mettent en crise nos schémas politiques traditionnels ainsi que pour amplifier une solidarité déjà à l’oeuvre dans les luttes locales.

PS :

Tout le programme et plus d’infos sur La mer monte

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