Libération animale et Écologie pirate : arracher les corps et la terre au capitalisme !

Jeudi 11 mai à la Dar, rencontre et échange avec le collectif 269 Libération animale et Fatima Ouassak

« CONSTRUIRE UN ANTISPÉCISME POLITIQUE », CYCLE DE CONVERSATIONS ORGANISÉ PAR 269 LIBÉRATION ANIMALE.

[Séance 1 - Jeudi 11 mai : « Libération Animale et Écologie pirate : arracher les corps et la terre au capitalisme » / Conversation avec FATIMA OUASSAK, politologue, écrivaine, cofondatrice du Font de mères et militante anti-raciste.]
 
Dans la triple perspective de politiser l’antispécisme, de rappeler qu’il est un combat "de gauche" et de l’inscrire au sein des luttes d’émancipation et de justice sociale, notre collectif 269 Libération Animale organise, de mai à octobre 2023, un cycle de conversations faisant intervenir des penseurs.ses et militant.e.s dont les réflexions et projets politiques nous inspirent et nous interpellent au-delà de la « question animale » ; une question que nous avons toujours voulu déborder car les animaux font partie de ce monde et qu’il devient urgent d’appréhender la lutte contre leur exploitation comme une critique révolutionnaire de la société capitaliste.

Nous sommes particulièrement heureux.ses d’ouvrir ce cycle le jeudi 11 mai prochain avec Fatima Ouassak, politologue, militante anti-raciste et féministe, cofondatrice du Front de mères, et amie pirate de longue date, dont les mots et idées explosives entrent en résonance avec notre approche de la lutte pour la libération animale : un point de vue « situé » qui parle depuis et avec celleux qui subissent la domination, un rapport sensible à la terre et l’encouragement à une auto-organisation de nos combats !

Elle échangera avec Tiphaine Lagarde, cofondatrice de 269 Libération Animale, qui défend un antispécisme radical et la pratique de l’action directe contre les structures d’exploitation capitalistes.

Deux femmes qui, lassées d’entendre parler d’une écologie et d’un antispécisme mainstream et libéral, ont décidé de proposer de nouvelles perspectives pour leurs luttes, afin qu’on cesse de parler aux quartiers populaires de « sensibilisation » ou de « projet inclusif » et d’aborder les animaux comme d’éternelles victimes passives de l’exploitation !

Vous n’allez pas nous inclure dans quelque chose. On fait partie de ce monde, c’est notre terre !

(Fatima Ouassak)

Il y a quelques jours justement, Fatima Ouassak et notre collectif dénonçaient la participation et les propos du journaliste Hugo Clément qui est intervenu lors d’un débat sur l’écologie organisé par et avec des représentants de l’extrême-droite. Ce cri d’alerte commun rappelle combien il est aujourd’hui nécessaire de redire avec force que nous portons une écologie et un antispécisme antiraciste et que nos projets de lutte assument cette sécession avec l’extrême-droite.

Cette prise de position franche pour un antispécisme politique marque la singularité du collectif 269 Libération Animale qui demeure aujourd’hui encore marginalisé au sein de la "cause animale" tant en raison de sa théorie politique que des modes d’action déployés. L’usage d’un activisme offensif, loin de la sensibilisation au véganisme, et visant directement les lieux d’exploitation est la stratégie que porte le collectif depuis 2016 (blocages d’abattoirs, libérations d’animaux, etc.) : une pratique frappée par la répression puisque la cofondatrice et d’autres camarades ont été condamné.e.s à des peines de prison ferme et avec sursis dans plusieurs pays européens.

C’est justement avec une incroyable originalité que Fatima Ouassak aborde la libération animale dans son nouvel essai intitulé « Pour une écologie pirate. Et nous serons libres. » (éd. La Découverte, 2023), en questionnant sa place dans les quartiers populaires. Une question évacuée par le milieu animaliste traditionnel qui n’interroge jamais sa "blanchité" et son incapacité à rassembler au-delà d’une catégorie très homogène de militant.e.s. Observant la difficulté des quartiers populaires à s’organiser sur les questions écologiques (et l’incapacité du mouvement climat à dépasser une vision coloniale des quartiers populaires), Fatima Ouassak émet l’hypothèse d’un « désancrage » des habitant.es des quartiers populaires à leur « terre », désancrage lié à l’expérience de l’immigration mais surtout aux politiques coloniales auxquels ils/elles font face au quotidien. Elle montre par exemple comment le racisme et l’islamophobie en particulier, empêchent certains sujets comme l’alimentation, la spiritualité ou la libération animale, d’être questionnés depuis la situation des habitant.es des quartiers populaires. Il y a un continuum colonial entre le désancrage lié à la spoliation dans les colonies, et le désancrage des habitant.es dans les quartiers populaires. Ainsi, une écologie pensée depuis les quartiers populaires se veut moins une protection de la nature qu’une libération, une « libération avec elle [la terre] ».

Rendre visible et combattre l’injustice raciale, sociale et spéciste qui sous-tend la gestion écologique du capitalisme, voilà à quoi pourrait se résumer tant le projet politique de Fatima Ouassak que celui de Tiphaine Lagarde et du collectif 269 Libération Animale. Toutes les deux dénoncent une écologie et un antispécisme au service et construit du point de vue des dominants, qui oublie les quartiers populaires comme les animaux.

Fatima Ouassak propose de nouveaux outils pour organiser la libération des habitant.e.s des quartiers populaires face à un système colonial-capitaliste. Au fil des pages, elle décrit le réel de la sous-humanisation des quartiers populaires et la soif de liberté qui anime ses habitant.e.s. Une soif qui donne envie d’abattre les murs, de brûler les obstacles, de prendre la mer et de se libérer. Une soif qui fait pleinement écho aux idées qui animent le sanctuaire que le collectif 269 Libération Animale défend depuis des années : un sanctuaire peuplé d’animaux arrachés aux abattoirs qui, s’ils demeurent à jamais emprisonné.e.s dans un corps domestiqué, dompté jusqu’au plus profond de la chair, un corps fabriqué par et pour le maître, survivent ici dans un territoire "à la marge" parce qu’il ne leur est pas permis d’exister en-dehors. Leurs corps libérés et puissants sont un acte de dissidence car il faut le redire avec force : « animal » n’est pas une nature, mais une minorité politique.

Survivre lorsqu’on était promis à l’abattoir, c’est une lutte de la chair.

(Tiphaine Lagarde)

Le programme politique que Fatima Ouassak et Tiphaine Lagarde défendent respectivement convergent vers la nécessité d’élargir le champ de l’écologie aux déshérité.e.s : les classes populaires qui subissent la pollution et les effets du réchauffement climatique et les animaux qui subissent la violence létale et systémique de l’exploitation capitaliste. La prégnance du mouvement ouvrier ainsi que le mythe d’une nature universelle accessible à tou.te.s, sans distinction de classe, de race, de genre ou d’espèces, ont longtemps invisibilisé d’autres formes de domination et d’inégalités. C’est aujourd’hui leur combat commun de rendre visible ces autres forme de domination afin de penser les luttes à partir d’elles.
Dans son essai, Fatima Ouassak estime que « le racisme neutralise les résistances au désastre écologique » et elle explique pourquoi les habitant.e.s des quartiers populaires, qu’elle appelle les « sans-terres », ne participent pas à ce modèle écologiste majoritaire. L’écologie est un outil de libération, comme elle le dit, et donc de pouvoir. Ce pouvoir, on en a dépossédé les populations des quartiers populaires, comme s’il y avait un accaparement de l’écologie par une classe dominante.

La piraterie, c’est aussi la remise en question de l’État-nation, de l’ordre établi et du système colonial-capitaliste comme je le nomme. La piraterie, c’est prendre la mer et se libérer des humiliations que l’on vit.

(Fatima Ouassak)

La question du territoire (qui « dit déjà la race » remarque Fatima Ouassak), ou plutôt de la « terre » est en effet centrale dans la réflexion des deux militantes. Tiphaine Lagarde rend compte de l’invisibilisation et de l’absence des animaux dans le front de l’écologie politique. Alors que l’intensification de l’élevage épuisent les ressources de la terre et que la majorité des terres cultivées servent à l’élevage, ce sont les animaux les oubliés, les exclus des politiques écologistes, alors même que ce sont leurs corps qui sont tués, mutilés, exploités, maintenus dans des dispositifs de productivité et d’aliénation. Et c’est pourquoi le collectif 269 Libération Animale encourage l’action directe comme stratégie pour intégrer les camarades animaux dans un projet politique anticapitaliste, écologiste et émancipateur. Tiphaine Lagarde revendique également la défense du territoire, via le sanctuaire qu’elle promeut comme lieu de résistance qui permet d’héberger les exilés d’abattoirs, de préparer des expansions futures.

C’est une maîtrise du temps politique par la fondation d’un lieu autonome.

(Tiphaine Lagarde)

Le projet de résistance qu’elles formulent toutes les deux consiste à revendiquer une libération et une égale dignité des catégories sociales déshumanisées en « cassant les murs », en se réappropriant le territoire et le pouvoir politique et en militant pour une libre circulation des populations sans condition.
Une écologie pirate, pour inclure les classes populaires dans le front écologiste et se réapproprier le territoire et le pouvoir politique !
Une lutte pour la libération animale et un désassujettissement des animaux par l’action directe !

Entrée libre et gratuite.
Cantine vegan, bar, infokiosque sur place !
=> Lieu :
La Dar – Centre social autogéré
127 rue d’Aubagne 13006 Marseille
=> Contact :
269liberationanimale@protonmail.com

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