Lutte de genre, d’orientation sexuelle et antifascisme

L’Antifascisme en tant que force contre-réactionnaire et contre-oppressive se doit d’inclure les luttes des minorités de genres et d’orientations sexuelles. Trop longtemps dominée par une vison viriliste, l’Antifascisme a longtemps souffert du manque de représentation et d’inclusion de ces luttes. Aujourd’hui plus que jamais, ce travail de déconstruction est primordial.

En effet, la LGBTQIA+ phobie [1] s’articule comme une oppression de la libre compréhension de nos corps, une confiscation morale de nos sensibilités et enfin une imposition à répondre à des critères dictés par un soit disant « état de nature » de l’Homme.

C’est le dictat « du naturel, du non-perverti ».

Cette imposition s’articule de différentes manières, qu’elle soit une assignation à vivre ses relations dans un rapport purement hétérosexuel ou dans l’obligation à répondre aux codes du genre qui nous sont assignés à la naissance.

En clair nous vivons dans un monde où le privilège appartient aux personnes Cis [2] et hétérosexuelles où sont bannies toutes possibilités de doutes ou fluidités.

Aujourd’hui la situation en Occident parait au premier abord (et par le biais des outils de nos sociétés spectacles) s’améliorer. La lutte pour le mariage pour tou.te.s ainsi que les différentes représentations dans le milieu culturel, donnent une place à certain.e.s concerné.e.s et permettent de moins se sentir seul.e dans un monde dominé par ce que nous ne sommes pas. Pourtant il faut comprendre que ces luttes bien que représentatives d’une partie de la communauté LGBTQIA+, sont des combats qui s’incluent dans la logique de normalisation. Ce n’est ni plus ni moins la mainmise de l’Etat sur ce qui nous a toujours été reproché. C’est la régularisation. Tout le contraire de ce que nous pouvons être en tant que concerné.e.s par cette oppression. Nous ne sommes pas ces règles, ces normes, ces schémas d’être. Nous sommes beaucoup plus volatiles, beaucoup plus divergent.e.s de toute forme d’institutionnalisation de ce que nous sommes.

C’est justement ça qui leur fait peur, que nous soyons solidaires, subversif.ve.s et imprévisibles.

Par ailleurs, les agressions sur les « déviant.e.s » se multiplient : que ce soit à Lyon où une femme Transgenre s’est faite agressée à la sortie d’une soirée du centre, les agressions fascistes des néo-nazis du GUD (Bastion Social) à la sortie des Prides, le massacre des LBGTQIA+ en Tchétchénie ou ceux perpétrés par Daesh, le retour des organisations catholiques d’extrême droite comme la « manif pour tous » ou encore « Civitas ». La liste est longue et pourrait être interminable si l’objectif était de toutes les relater.

D’un autre côté, nous sommes utilisés par toutes les formes de récupérations possibles et imaginables. Notre flamboyance a même séduit les agents du capital, ils ont bien compris que nous pouvons être fort.e.s mais aussi manipulables. C’est alors la dérive de l’homo-nationalisme et l’homo-capitalisme.

Effectivement il est finit le temps des Prides de Stonewall ou PD, Gouines et Trans, de couleurs et de quartiers populaires se réunissaient ensemble dans les rues pour lancer des pavés et des cocktails enflammés sur les agents de l’Etat et de l’ordre puritain. Maintenant la marche des fierté.e.s n’est qu’un Salon de la boîte de nuit où défilent même des syndicats de policiers « LGBT ». A New York ou dans d’autres villes mondialisées, les hommes gays, blancs et bourgeois peuvent en effet tous se retrouver autour d’une grande piscine où fleurissent mojitos et champagnes (à l’inverse des migrant.e.s LGBTQIA+ sont raccompagné.e.s à la frontière en passant par un centre de rétention).

Pourquoi est-ce négatif pour nos revendications ?

Car c’est justement l’archétype qui nous est donné en exemple par la société inégalitaire. En étant si integré.e.s dans la société de marché, nous ne sommes plus dangereu.ses.x, nous ne sommes plus intransigant.e.s , même mieux nous sommes utilisables.

Nous ne pouvons considérer comme une victoire, le fait de ressembler aux schémas normatifs Cis et hétérosexuels, nous ne pouvons-nous en contenter. À aucun moment la représentation de nos marginalités dans les milieux de pouvoirs comme le gouvernement, l’armée ou la police n’est une victoire. C’est de la collaboration, un crachat jeté dans la figure de tou.te.s ces militant.e.s qui se sont battu.e.s pendant des années contre nos gouvernement et leur chiens de gardes.

Ainsi notre cause est utilisée à des fins de racismes et d’islamophobies. Nous sommes le quota, l’excuse nécessaire pour pointer de nouveaux bouc-émissaires. Les exemples sont nombreux. Que ce soit la préférence des hommes blancs dans le milieux gay et le racisme évident de ces milieux bourgeois, l’utilisation de nos luttes par les politiques comme Trump pour justifier son combat contre l’immigration ou encore de ces tendances dites « queer » ou « mixte » des grandes enseignes de vêtements. Voilà ce que nous devenons, un simple argument de vente ou de rejet de l’autre.

Ainsi seul un retour à une vision antifasciste de la lutte LGBTQIA+ permettra de nous libérer. Seule une optique de rejet total de toutes ces impositions, d’une compréhension intersectionelle [3] de nos combats, achèveront le joug des dominants sur tous les opprimé.e.s du monde. Seule une remise en question de nos propres privilèges même en tant que concerné.e.s permettra de se resituer dans nos luttes quotidiennes.

La lutte LGBTQIA+ doit être antifasciste et anticapitaliste, c’est pour cela que la GALE [4] considère et appelle les différentes organisations/groupes antifascistes à fortement inclure ces luttes afin de permettre cette mutation de notre combat trop longtemps subtilisé par les régularisateurs de l’ordre moral. De manière individuelle c’est un appel à tou.te.s les concerné.e.s à se réapproprier nos luttes et les radicaliser dans une logique globale de combat contre ce monde réactionnaire.

Morts aux machos, Mort aux fachos.

Vive l’antifascisme populaire et inclusif.

Notes :

[1Oppression systémique et/ou structurelle sur les personnes considéré.e.s ou supposé.e.s comme gays, lesbiennes, transgenres, queers, intersex, asexué.e.s, aromantiques ou autres minorités de genre ou d’orientation sexuelle.

[2Personne correspondant aux critères du genre assigné à la naissance.

[3Imbrications des différentes luttes en rapport à la situation des personnes subissant plusieurs formes de dominations cumulées.

PS :

Article repris depuis Rebellyon.info.

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