Slovénie : Expulsion de l’usine autonome ROG à Ljubjlana

Le matin du mardi 19 Janvier ’21, à Ljubjlana (Slovénie) une entreprise de sécurité privée et la police se sont attaqué au centre social occupé situé dans l’ancienne usine a vélo ROG. Ici le communiqué des occupant.e.s, dont les préoccupations à des centaines de kilomètres, semblent pourtant familières.

Communiqué de l’Usine ROG à propos de l’expulsion.

« Aujourd’hui, le 19 Janvier 2021 à 7h du matin, des employés de l’entreprise de sécurité Valina sont entrés par effraction dans les espaces de l’usine autonome ROG. Avec violence et force physique, ils ont blessés plusieurs de ses utilisateur.ice.s et expulsé tout le monde. Nos possessions personnelles, nos animaux de compagnie et notre équipement ont été laissé à l’intérieur avec 15 ans de nos rêves, activités, projets, aventures et expériences collectives.

La police avait érigé des barrières autour de l’usine et commencé à frapper des rassemblements de soutiens en face du portail de l’usine. À l’intérieur du complexe, des ouvriers ont détruit la majorité des structures attenantes et brisé les fenêtres du bâtiment principal, pourtant protégé pour son côté historique. Au même moment, ils emportent vers une destination inconnue l’ensemble de l’équipement du ROG. Plus de 10 personnes ont été détenue et nous n’avons aucune information concernant leur situation. Certain.e.s étaient blessé.e.s et dans le besoin d’une assistance médicale. Nous n’avons pas accès a elleux et n’avons aucune information concernant leur lieu de détention.

Au cours des quinze dernières années, des centaines de personnes ont utilisé l’Usine autonome ROG pour leurs activités et des milliers de personnes sont venu.e.s participer a divers événements dans ses locaux. Des migrant.e.s, des marginal.e.s, des artistes qui n’ont pas succombé au diktat de la culture capitalistes, des skaters, des taggueur.se.s, des gens du cirque et autres qui en dépit des pressions du Capital, de la municipalité et de la Police ont rendu cette ville vivable et permit de vivre des vies valant la peine d’être vécues.

Depuis l’ouverture de l’usine autonome ROG, la municipalité de Ljubjlana ne tolère pas le fait que nous montrons une image miroir de leurs politiques de gentrifications. Ces politiques transforment la ville en un Disneyland pour touristes en plaçant le profit avant les gens. C’est la raison pour laquelle illes ont annoncé une guerre totale à notre encontre. Après des années de conflit juridique inutiles et impopulaires à l’encontre des utilisateur.ice.s du lieu, les autorités ont décidé aujourd’hui de rentrer par effraction, de manière légalement douteuse et de complètement détruire l’espace. En dépit du fait qu’illes n’ont pas la moindre idée ou capacité financière pour le développement futur de l’endroit. Il n’y a pas si longtemps, les autorités municipales ont déclaré publiquement ne pas avoir le moindre plan concret pour la ROG pour le mandat en cours. Il n’y a pas eu la moindre information à propos de cette attaque préparée avec soin, pas même dans le conseil municipal de la nuit précédente. Après toutes ces années d’activité, et de promotion publique d’un dialogue que la municipalité a depuis longtemps abandonné, nous nous attendions au moins a des limites décentes pour conclure nos activités en cours, mettre à l’abris nos possessions et mettre en place une discussion constructive sur les plans d’expulsion potentielle de la municipalité.

L’attaque du ROG n’est pas politiquement isolée. Au cours des derniers mois nous avons été témoin de plusieurs attaques sur la société civile, la radio étudiante, Metelkova 6 (Ndt : un autre centre social occupé de longue date dans le centre-ville de la capitale Slovène) et d’autres acteurs ouvertement critiques. Dans une période où l’engagement politique est réduit à l’exposition dégradante d’individu.e.s désobéïssant.e.s dans des médias de droite, les autorités municipales ont également décidé d’utiliser des moyens trompeurs sur leur territoire, qui se voudrait être un sanctuaire à l’encontre de la poigne du gouvernement actuel. Mais aujourd’hui, la Municipalité de Ljubjlana a clairement démontré de quelle côté elle se trouve : mettre des gens à la rue en pleine pandémie est grotesque pour une ville qui se vend sans-cesse comme une capitale verte, sociale, culturelle et solidaire. Après une campagne sans succès de Capitale Européenne de la Culture sous la devise de la ’’Solidarité’’, les masques ont enfin fini de tomber. »

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