Mise à jour : les écureuils sont descendus des arbres le 24 mars après avoir obtenu la protection des arbres, voir ici.
En ce 19 mars, le siège militaire de la Crem’Arbre en est à son 34ème jour
Aujourd’hui, malgré les difficultés et la répression, c’est avant tout une victoire, construite par une action collective déterminée, qu’il s’agit de célébrer.
En effet, alors que le chantier de l’A69 se poursuit et qu’ATOSCA fanfaronne à chaque pile de béton posée, il ne fait aucun doute que le calendrier est aux fraises. Les rumeurs internes au bitumeur parlent d’au moins un an de retard, alors que les travaux ont commencé il y a seulement 12 mois.
La résistance face aux expropriations, les désarmements, les occupations et les blocages portent leurs fruits. La ZAD de la Crem’Arbre tient depuis quatre mois, malgré la cellule anti-ZAD de Darmanin et malgré un mois de siège. Chaque jour de blocage grippe la machine industrielle de l’artificialisation. Leurs agendas capitalo-efficacistes sont bousculés, la machine s’enraye : la lutte offre un sursis aux terres face au béton et du temps précieux aux lents tribunaux.
À la Crem’Arbre, les zadistes des cimes, les « écureuil·les », se sont engagé.es le 15 février. Un engagement pris malgré la promesse de la répression et avec une date en ligne de mire : le 31 Mars, jour de la fin des coupes légales.
Et la répression n’a pas manqué, le bras armé de l’État s’est pleinement déployé sur la ZAD, 8 interventions militaires depuis le 20 janvier, 34 jours de siège par les gendarmes, des dizaines d’interpellations et procès. Des camarades sont en détention provisoire ou subissent des peines de prison ferme prononcées en comparution immédiate.
La ZAD subit un véritable « tarif ZAD », où chaque personne interpellée s’expose à des humiliations et des peines plus sévères. Des camarades en récup’ poubelles ont fini en GAV avec un procès et une prise d’ADN violente sous injonction du parquet. Entre deux rayons de soleil, les gendarmes déclenchent des charges et interpellent aléatoirement des personnes venues en soutien. Chaque manifestation et rassemblement est interdit et lourdement « sécurisé ».
Dans les arbres, un seul petit maigre ravitaillement a été possible sous une pression politico-juridique intenable pour la préfecture. Les écureuil·les subissent privations de sommeil, humiliations et interventions quotidiennes des grimpeurs de la CNAMO. 34 jours en alerte permanente, à 20m du sol, alors qu’iels en sont réduit.es à boire de l’eau sucrée/salée et manger des bourgeons de platane. Pourtant iels résistent, perché·es et non armé·es.
Un mois à tenir bon. Cette victoire est collective. C’est le pari fou de la résistance aux moyens militaires. Ce sont des milliers de contributions multiples à cette mobilisation déterminée, ancrée sur le terrain. Ces 34 jours sont le fruit d’AG à rallonge pour affiner les dispositifs, de prises d’initiatives spontanées, de petits groupes autonomes et d’un réseau d’allié·es essentiel. C’est le refus de la naïveté face à la répression et la construction des conditions d’un véritable rapport de force.
Depuis ces 4 mois, nous avons lutté contre les oppressions sexistes, transphobes, racistes, classistes et validistes. Nous avons combattu les tentations de personnification, l’injonction à la productivité, la moyennisation de la diversité de nos identités. Aujourd’hui après des mois d’organisation collective, une oignée d’entre nous se trouve assiégée par des centaines de gendarmes. Ce que la zad était à ses racines s’est cristalisé au niveau des cimes.
La bataille de la Crem’Arbre est loin d’être terminée. Le décompte jusqu’au 31 Mars est lancé : Jour-11. a répression peut encore monter d’un cran, la ZAD sera mise à l’épreuve jour après jour. Chaque minute gagnée est précieuse pour la biodiversité, la lutte, la justice et tout ce que cela porte d’espoir.
Au sol, les occupations se poursuivent, infusées par les mêmes idéaux. La Crem s’est bouturée. Si son esprit est encore bien présent dans les arbres restants, il a aussi été emporté plus loin, il voyage et est reconnu pour inventer des futurs souhaitables.
Demain, fleuriront cabanes et villages mobiles avec le printemps des ZAD.
D’ici là, l’État policier en déroute se ruine et rappelle chaque jour qu’en réfléchissant ensemble et hors de lui nous avons les moyens de le dépasser.
Le peuple uni ne sera jamais vaincu.
NO MACADAM !