Les noms suivis d’un astérix sont définis dans le glossaire.
Au Bakur (Kurdistan du Nord), le gouvernement turc continue de mener une guerre contre les populations kurdes, à travers plusieurs stratégies, dont celle de l’occupation du territoire. Dans les districts de Dersim, trente nouvelles zones ont été déclarées « zone militaire interdite », ainsi que trente autres dans le district de Hakkari. Dans les « zones militaires interdites », il est interdit aux civils d’entrer ou de sortir sans autorisations. Ces zones sont encerclées de soldats, et d’artillerie militaire.
Le 15 janvier, l’armée turque a annoncé l’évacuation de la ville de Kilis, située à la frontière avec le Rojava. Cependant, seules les familles des soldats turcs et les employés publics ont reçu l’ordre de quitter la zone. Depuis 2015, ces appels à évacuation précèdent des opérations militaires extrêmement répressives, à l’encontre des kurdes. Ces derniers.ères n’ont le plus souvent pas reçu l’information de devoir évacuer les zones, avant les opérations militaires.
Le chef de la police de Amed (Diyarbakır) a annoncé une opération de grande ampleur pour retrouver les auteurs de messages à l’encontre des autorités turques ou soutenant des associations, groupes ou partis politiques kurdes sur les réseaux sociaux. Le 15 janvier, la police a ainsi effectué des décentes dans trente maisons de la ville de Amed, arrêtant dix-huit personnes. Des raids se sont également tenus à Istanbul, où vingt-neuf personnes ont été mises en détention. Sept professeurs ont eux aussi été arrêtés lors de raids à Pazarcık, dans le district de Maraş. Ils étaient tous membre du syndicat des éducateurs Eğitim-Sen et de la Human Rights Association.
Petros Karatay, le dernier habitant Chaldéen de la ville de Silopi a été arrêté lors d’une décente de police dans sa maison. Il est actuellement détenu dans la prison de type T de Şırnak, pour « appartenance à une organisation terroriste ». Dans les années 1990, environ 4000 Chaldéen.es vivaient à Şırnak. La guerre et les discriminations à l’encontre des Chaldéen.es ont conduit la communauté à s’exiler vers l’Europe et le Bashur*, en Irak.
Aysel Tuğluk, une députée du HDP* a été condamnée à 18 mois de prison ferme. La députée était détenue dans la prison de type F, de Kandıra, depuis son arrestation. La parlementaire du HDP* Leyla Zana s’est faite limogée du parlement turc le 11 janvier dernier. Cette parlementaire kurde, première femme et kurde députée à l’assemblée turque, et grande figure du HDP*, avait déjà été exclue du parlement en 1994, puis emprisonnée.
En Turquie, les prisons sont classées en plusieurs catégories, qui correspondent aux conditions de détention et aux stratégies de torture psychologique à l’encontre des prisonnièr.es. Depuis 1982, treize prisons dites de « type F » ont été instaurées, qui visent spécifiquement les prisonnières.ers politiques. Dans ces prisons, la détention est individuelle, la plupart des prisonnières.ers s étant placées en cellule d’isolement. Cette stratégie a été élaborée à la suite d’études menées par les États-Unis sur les comportements des prisonnières.ers en prison, après la guerre de Corée. Les détenu.es kurdes sont ainsi le plus souvent envoyé.es dans les prisons de « type F ».
La guerre que mène le gouvernement turc contre les kurdes touche aussi les mort.es. Il y a un mois, à l’occasion de l’installation d’un couvre-feu, l’armée turque avait détruit le cimetière de Garzan, à Bitlis, emportant les 267 corps exhumés sans les rendre aux familles. Le 11 janvier, des soldats sont arrivés dans le village de Kolan, près de Muş avec des équipements de construction. Ils ont rasé le cimetière de Ronahi. Les villageois se sont vues interdire l’accès au chantier. Les débris ont été évacués, pour supprimer toute trace de l’opération. Il n’y a aucune information sur ce qu’il est advenu des corps. De nombreux.ses martyr.es du PKK* avaient été inhumé.es dans ces deux cimetières.
Malgré les rudes conditions hivernales, la guérilla reste active et riposte. Le 19 décembre 2017, les HPG* ont attaqué la base militaire de Kanimasi, proche de la ville de Zaxo, et affronté des troupes turques à Cukurca, dans la province de Hakkari, et à Şırnak. L’armée turque a répliqué en bombardant abondamment la région.
Au Rojhelat* (Kurdistan de l’Est, en Iran), des manifestations et des protestations ont lieu depuis quelques semaines contre le régime iranien. Elles ont éclaté dans plusieurs villes d’Iran, parmi lesquelles de nombreuses villes kurdes. Les forces iraniennes répriment durement ce mouvement, emprisonnent et assassinent les participant.es. Hussein Qadri, civil kurde de la ville de Sine (Sanandaj) a été arrêté, et torturé par les forces iraniennes. Saroo Ghahremani est mort des suites des tortures qu’il a subi, dans la prison de Sine (Sanandaj). Aux peines de prisons prononcées et aux disparitions des opposant.es au régime iranien, ont répondu de nouvelles manifestations, à nouveau durement réprimées.
Le gouvernement iranien renforce encore le déploiement militaire en place au Kurdistan. Il a ouvert une base militaire pour les milices Hashad al-Shabi*, à Kermanshan. Ces milices, fondées par l’Iran en Irak, visent depuis plusieurs mois les partis de guérillas kurdes iraniens du PDKI et du Komala, qui ont leurs bases arrières en Irak. Plus de cinq cents membres des milices se sont déjà déployées dans la ville de Kermanshan, menaçant directement les combattant.es kurdes iranien.nes situé.es de l’autre côté de la frontière et sur le territoire iranien. Des patrouilles de pasdaran*, les Gardiens de la Révolution iraniennes, ratissent le mont Awier, une montagne qui surplombe la ville de Sine (Sanandaj), dans l’objectif de trouver les combattant.es kurdes. Le PDKI a riposté, en tuant six pasdaran*. L’Iran a promis une répression sévère. Le PDKI a également attaqué une base militaire des Gardiens de la Révolution* à Xane (Piranshahr).