Nous dénonçons par le présent communiqué une répression violente de cette journée où plusieurs manifestations ont déferlé dans les rues de Marseille et convergé à certains endroits.
Nous nous inquiétons du recours systématique et alarmant de la violence physique pour faire taire toute protestation : lycén.nes, habitant.es d’immeubles délabrés, gilets jaunes, citoyen.e.s pacifistes, etc. La règle reste de semer la peur et de décourager toute forme de revendication.
Les journaux le dimanche 9 prennaient acte de quelques blessé.es léger.e.s dont certain.e.s emmené.e.s aux urgences, comptabilisant moins d’une dizaine de cas, là où nous en relevons plusieurs centaines. Ces informations ne sont pas seulement fausses, elles invisibilisent la réelle ampleur de la violence perpétuée par les forces de l’ordre. Concrètement, ce samedi soir les urgences de La Timone étaient débordées, comme les services de premiers secours, centre d’appel du 15 ou équipes opérationnelles des pompiers. Ceux-ci, en manque d’effectifs face à l’ampleur de la situation, se sont vus contraints de nous confier des blessé.e.s, parfois graves, afin de répondre à d’autres appels.
C’est pourquoi nous souhaitons communiquer notre propre recensement des bléssé.e.s, bien que nous soyons conscient.e.s qu’il ne s’agit que d’une infime proportion du nombre réel de victimes, ce qui s’explique par notre actuel petit nombre de streetmedics et que nous savons que beaucoup de victimes ne passent pas entre nos mains lors des manifestations. Sans compter les passages à tabac dans les comissariats. Bien que partiel et loin d’être exhaustif, notre bilan démontre la violence déployée par le maintien de l’ordre, lors de la manifestation puis après sa dispersion ciblée dans les quartiers de Belsunce et de Noailles. De nombreux.euses manifestant.es ont été victimes de groupes de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) extrêmement mobiles et agressifs. Leur deploiement a systématiquement lieu dans les quartiers populaires de la ville, faisant alors des victimes parmis les habitant.es et les passant.es. Le délit de faciès semble également rester un critère de choix, nous avons pu l’observer. Ce sont ces policiers en civil qui ont provoqué les blessures les plus graves que nous ayons eu à prendre en charge ce jour. Nous tenons à rendre public cet état de fait.
Voici notre recensement des personnes blessées par les forces de l’ordre ce jour, prises en charge ou signalé.e.s aux medics :
MOUVEMENTS DE FOULE PROVOQUES PAR LES FORCES DE L’ORDRE : (3)
Une personne a chuté sur l’avant-bras + poignet + petit doigt, très gonflé, hématome, très douloureux (attente contrôle radio de fracture), une autre personne blessée à la cheville suite à sa chute, ... Plusieurs charges de policiers en civil ainsi que des tirs de grenades lacrymogènes sur des groupes de personnes statiques ou en marge de la manifestation ont été signalés.
GAZS LACRYMOGENES : (indenombrables + 4)
De nombreuses personnes réellement mises à mal par les gazs lacrymogènes, jusqu’au malaise ou états de choc.
1 crise d’asthme prise en charge.
2 personnes blessées par des palets : à 12h un hétamone sur le tibia droit et à 17h30 un palet reçu à la tête, sur la Canebière.
Vertiges et malaises signalés le dimanche suite à l’exposition aux gazs. Nous nous inquiétons des effets mal connus de ces gazs utilisés à outrance et de leur toxicité.
FLASHBALL/LBD : (24)
A noter particulièrement : le signalement de balles défensives reçues dans le dos, l’abdomen ainsi qu’au visage et à la tête, avec les dangers que l’on sait, manfifestes de tirs tendus de flashball à bout portant sur des personnes aux abords de la manifestation, notamment une dame avec son bébé et un monsieur avec des béquilles réfugié.es dans l’encadrement d’une porte.
1 personne atteinte au pied par un LBD.
2 personnes par coup de flashball dans le tendon d’Achille.
5 personnes atteintes aux jambes, dont une avec plaie : collant troué derrière le genou, saignement, hématome.
2 personnes dont un photographe ont reçu des tirs au niveau des fessiers entrainant des hématomes.
3 personnes présentant des hématomes par flashball au niveau de l’abdomen.
2 personnes atteintes au niveau du Thorax ou de la poitrine.
2 personnes atteintes dans le dos.
2 personnes blessées à l’épaule.
16h30, angle de la rue Saint-Ferréol-Canebière au niveau du magasin d’Orange, une personne immobile contre le mur reçoit une balle de LBD40 au dessus du coude-triceps.
5 personnes atteintes à la tête dont 4 avec plaies ouvertes : plaie du front, plaie du crâne soignée par 4 points de suture, 1 plaie ouverte arcade sourcilière, 1 plaie ouverte au niveau de la machoire.
GRENADES DESENCERCLANTES : (nombreuses personnes atteintes + 1)
16h30, angle de la rue Saint-Ferréol-Canebière : Vu tir de grenades. Une personne a vu l’explosion à 30 cm de ses pieds.
Nombreuses personnes qui boitent.
1 personne atteinte par projectile de grenade désencerclement à la cheville, gonflement ++++ : 5 jours d’attèle prescrits aux urgences.
1 personne atteinte au niveau de la malléole externe droite, à brûler la chaussure jusq’à atteinte brûlure des tissus.
PROJECTILES NON IDENTIFIES PAR LES VICTIMES : (6)
1 plaie au front saignant beaucoup sur une personne très choquée qui n’a pas pu identifier le projectile.
1 personne qui s’est pris un flashball ou un éclat de grenade dans l’arcade au dessus du nez, oeil gauche.
1 personne avec blessure à la tête, Réformés.
1 personne avec grosse plaie de projectile, un flashball ou un éclat de grenade sous le menton qui saignait beaucoup, Canebière.
2 personnes blessées au pied. Les deux ont de gros hématomes, le pied enflé et ont du mal à marcher.
CHARGES ET MATRAQUAGE DE LA BAC LORS DE LA "DISPERSION" : (8)
A noter que ce bilan alarmant est forcément tronqué par le caractère diffus et rapide des mouvements à ce moment, les street-médics se faisant également disperser. Toutefois nous témoignons avoir observé de nombreuses charges très agressives des policiers en civil et entendu beaucoup de flashball et/ou LBD qui nous laissent craindre d’autres nombreuses personnes salement blessées.
1 personne inconsciente prise en charge par les pompiers, Noailles.
1 personne avec un trauma cranien important infligé par la BAC rue St-Férréol, évacuée par les pompiers, opérée en neurochirurgie et encore hospitalisée à l’heure où nous publions ce communiqué.
2 personnes matraquées sur la tête, dont un évacué par les pompiers, fracture du crâne confirmée aux urgences pour les deux et trauma cervical pour l’une des deux.
1 personne matraquée par 4 policiers en civil bléssée au genou et à la cheville, avec au moins une probable fracture.
1 personne à la cheville tuméfiée par coup de matraque de la BAC, dans l’impossibilité de marcher, evacuée par les pompiers, Belsunce.
1 tuméfaction sur le crâne par matraque de la BAC, en bas de Noailles.
18h, près du Centre Bourse un passant qui se dit littéralement "lynché" par la BAC : insultes et coups de matraque dans les jambes (boitement) et plaie ouverte au crâne.
Nous rappelons qu’il y a seulement une semaine, Zineb Redouane, 80 ans recevait une grenade lacrymogène au visage alors qu’elle fermait ses volets au 4ème étage du 12 rue des Feuillants et qu’elle en est morte. Nous ne l’oublierons pas.
Par ce communiqué nous revendiquons de venir en manifestation équipé.e.s de matériel de soin et rappelons qu’en aucun cas celui-ci ne peut être saisi au titre d’arme par destination ou d’anticipation de la violence.
Afin que nous puissions systématiquement dénoncer les exactions de la police, démontrer la dangerosité des armes et méthodes employées et mettre en évidence la repression de la contestation, merci de faire parvenir vos témoignages à streetmedic13@riseup.net, en précisant le type de blessures, l’heure et le lieu.
Streetmedic : ni sauveuteuses ni sauveuteurs, des manifestant.e.s qui se préfèrent debouts qu’à genoux. La solidarité est notre arme.