L’appel au rassemblement Place du Général De Gaulle a réuni plusieurs milliers de personnes à Marseille, regroupant dans la rue différents syndicats, dont la CNT 13 ainsi que des lycéen.ne.s, étudiant.es, chômeurs.ses, précaires, syndiqué.es ou non.
Nous étions donc là pour le retrait total de la loi Travail, face à un gouvernement toujours plus autoritaire, voulant passer la loi de force avec l’article 49.3.
C’est dans un contexte particulièrement tendu : attaques des manifestant.e.s, arrestations, interpellations, fouilles et contrôles préventifs en amont des dernières manifestations et rassemblements, notamment du 1er mai et du 10 mai où la police empêchait un rassemblement de rejoindre la Préfecture pour manifester leur désaccord face au passage
en force de la loi. Ainsi le rassemblement de ce jeudi 12 mai est parti en manifestation de la Canebière jusqu’à la place Castellane, sous une forte escorte policière.
Une fois arrivée place Castellane, la manifestation s’est retrouvée immédiatement encerclée par les forces répressives qui bloquaient tous les axes, bloquant toute sortie, toute autre poursuite de manifestation. S’ensuivit un moment de flottement, d’hésitation et de consternation au sein du mouvement...
Puis le camion de la CGT suivit par celui du syndicat Solidaires se dirigèrent vers la rue Louis Maurel et tentèrent de partir. Le reste des manifestant.e.s nassé.e.s par les forces de police sur la place s’est précipité dans leur direction dans l’ espoir de les suivre et ainsi sortir du dispositif répressif.
Le service d’ordre de la CGT a alors formé une ligne pour barrer la route au cortège de manifestant.e.s qui souhaitaient partir, en brandissant des battes et des gazeuses.
Dans son communiqué l’UD CGT Marseille justifie l’intervention de son SO, affirmant l’infiltration « d’agents du gouvernement ». Peut -être des agents de la BAC ont-ils pu s’infiltrer mais le SO de la CGT était bien présent, de nombreux de ses membres ont été reconnus.
Dans une vidéo, on entend le secrétaire de l’UD CGT Marseille crier : « sortez les battes ! »
La tension est ainsi montée d’un cran, le SO repoussant violemment les autres manifestant.e.s, un de ses membres tirant une personne à terre, la rouant ensuite de coups de pieds, plusieurs adhérents de notre syndicat se sont interposés, ils se sont alors fait gazés à bout portant au visage. De nombreuses personnes ont été victimes de ces violences.
"J’ai personnellement été agressé par un CGTiste qui m’a gazé à bout portant dans les yeux avec sa bombe de gaz lacrymogène orange. J’ai fait les frais et constaté l’extrême violence de ces CGTistes, j’ai eu l’impression d’avoir des guerriers voire des hooligans face à moi. De nombreux manifestant ayant de l’eau et du sérum physiologique sont venus à moi pour me laver les yeux et le visage. J’ai passé un très long
moment dans un état pas très bien, les yeux et la peau du visage me brulaient. Tout au long de la manif qui continuait, des personnes sont venus à moi pour continuer à me rincer le visage et me mettre du sérum physiologique. » S. Adhérent de la CNT
« La manifestation une fois arrivée place Castellane, nous, les manifestant.e.s étions encerclé.e.s de TOUS les cotés, TOUS les axes étaient bloqués. Puis les camions CGT et Solidaires ont alors emprunté la rue Maurel, c’est alors que les manifestant.e.s ont voulu emprunter cette même rue pour pouvoir sortir de la nasse et continuer à manifester.
C’est à ce moment que le SO de la CGT a barré la rue et repoussé les personnes en dégainant des gazeuses et des battes !!! Le tout sous le regard de la police... J’ai pour ma part vu un gars (entre-autres) du SO attraper une personne la jeter par terre et l’assainer de coups de pieds alors qu’elle était au sol !! Je me suis donc approché sur lui pour l’arréter, il m’a arrosé de gaz orange à bout portant au visage ! Puis pour ma part c’était le trou noir je n’y voyais plus rien... Merci aux camarades qui m’ont éloignés et porté secours. » P. Adhérent de la CNT
Nous questionnons donc, dans le contexte social et la répression que nous vivons depuis le début des mobilisations en mars 2016, de tels agissements. Il n’est pas question de savoir qui aurait lancé quoi, qui aurait eu un comportement déplacé en premier, mais bien le manque de solidarité entre manifestant.e.s face à un ennemi commun : l’État à travers son gouvernement et ses forces répressives.
Comment est-ce possible que des travailleurs syndiqués puissent attaquer violemment d’autres travailleurs syndiqués ?
Nous condamnons fermement les actes commis par le service d’ordre de l’UD CGT Marseille ce jour-là .
Nous appelons donc les militant.es et directions syndicales à prendre leurs responsabilités et questionner leurs pratiques dans le but de continuer le mouvement social avec des objectifs clairs : la grève générale reconductible, le blocage de l’économie, les manifestations et la
solidarité au sein du mouvement social dans toutes ses composantes.
Le communiqué de l’intersyndicale du vendredi 13 mai 2016 se désolidarise d’une partie du mouvement, sous prétexte qu’elle serait non syndiquée, renvoyant cette partie au gouvernement et à la répression, que fait-on de la solidarité ? Une solidarité seulement entre personnes syndiquées ?
Nous tenons à rappeler que nous dissocions le service d’ordre et les Directions CGT, des militant.es, syndicalistes et syndiqué.es de la base qui se mobilisent par la grève, le blocage de l’économie et les manifestations.
Nous tenons aussi à remercier les manifestant.es et notamment la médic-team qui ont porté secours à toutes les personnes blessées ce jour-là.
La CNT 13