La mer monte est un cycle de réflexions sur l’écologie politique. Conférences, ciné-débats, balade urbaine, cercle de paroles, bouffes, projection, théatre.
Nous voulons nous outiller parce que nous pensons que la fin du monde est souhaitable. La fin de ce monde de bétonnisation des friches, d’artificialisation des terres agricoles, d’assèchement des rivières et d’accaparement de l’eau. La fin des dos cassés et des cancers généralisés, des soins bas de gamme et de la pharmaindustrie s’enrichissant sans scrupules sur le malheur des autres. La fin du monde des Etats et de ses dirigeant·e·s qui appelent sans cesse à la responsabilité individuelle et à la culpabilisation pour masquer leur désir frénétique d’accumulation.
Penser l’écologie est alors pour nous surtout penser ce qui nous lie à ce qui nous entoure, ce qui nous met en mouvement et ce qui nous paralyse.
C’est se mettre en lutte pour se confronter à nos sensibilités, et les potentialiser : la peur de la catastrophe climatique n’est pas un signe de faiblesse d’esprit mais bien au contraire une arme politique puissante. Pour identifier les ennemis qui souhaitent faire perdurer encore bien plus longtemps leur monde vétuste. Ceux qui promeuvent une Marseille dans laquelle l’écologie est une ségrégation sociale de plus, privilège des magasins bio et du boulot en vélo. Dans laquelle des milliers d’ouvriers du BTP subissant le racisme ardent du gouvernement, fourmillent sur les chantiers du nouveau quartier d’affaires Euroméditerrannée ou du prochain immeuble en rénovation, vidé de ses habitant·e·s pour y faire des Air BnB.
Penser l’écologie politique c’est aussi chercher à comprendre les enjeux, s’approprier certaines questions qui nous échappent : des usages de l’eau au sentiment de dépossession qui nous habite, nous voulons avoir plus de prise sur les choses.
Le monde pour lequel nous luttons est sans entreprises coloniales et sans frontières. Chacun·e, chaque être, y bouge comme il ou elle veut. Les apprentissages et inspirations circulent. Certain·e·s ont, individuellement ou collectivement, déjà vécu la fin de leur monde, ou déjà installé leur nouveau monde, nous souhaitons en savoir plus.
C’est la force du partage et du collectif qui permet souvent de trouver des manières d’aborder ces thèmes sous un angle impromptu. C’est en cela que consiste le but de cette deuxième édition de la mer monte : tester des formats d’élaboration de pensée commune afin d’affronter quelques unes des grandes questions qui traversent notre actualité en s’inspirant de celles et ceux qui souhaitent mettre en crise les schémas politiques dévastateurs.
Programme
Le 6 avril
Le partage de l’eau – projection du film d’Eric Blanco.
Après le film, Les politiques de l’eau – débat avec le collectif des Gammares, SOS Durance Vivante et des membres de La Clusaz
+ repas
19h au Cinéma Le Gyptis, 136 Rue Loubon, 13003 Marseille
Le partage de l’eau est une question éminemment politique, dont l’urgence est accentuée aujourd’hui en France par les sécheresses systémiques et les rapports de force qui s’installent pour y réagir. Le film d’Eric Blanco, retrace le parcours du réalisateur le long de l’Argens, à la recherche des pratiques de sobriété et de solidarité dans les usages de l’eau. Un souvenir, qu’avant l’accaparemment, l’eau pouvait être pensée comme un commun qui exige que les concerné.es se rassemblent pour discuter collectivement de son partage. Les différents collectifs raconteront comment ils s’organisent pour lutter contre la destruction de ce commun.
Le 7 avril
Quels liens entre écologie et soin ? – discussion avec Josef Rafanell i Orra
16h30 à la Dar, centre social autogéré, 127 Rue d’Aubagne, 13006 Marseille
Sous le signe des multiples crises écologiques et sociales qui nous entourent, nous nous poserons ici collectivement la question du « soin ». Partant de ses expériences de soignant et de militant en Seine Saint Denis, ainsi que de ses enquêtes, Josep Rafanell i Orra, psychiatre et auteur du livre récemment réédité « En finir avec le capitalisme thérapeutique », reviendra sur ses multiples expériences en psychiatrie institutionnelle et nous partagera la manière dont est repensé le soin psychiatrique dans et hors institution en prônant des pratiques collectives en lien avec le vivant.
Nos peurs politiques : pensée et pratiques de l’autodéfense affective – rencontre avec Lena Silberzahn
18h30 à la Dar, centre social autogéré, 127 Rue d’Aubagne, 13006 Marseille
« L’écoanxiété » a mauvaise presse auprès des penseurs et penseuses de l’émancipation qui y voient, souvent à juste titre, un outil de dépolitisation et de pathologisation. Dès lors, comment (se) saisir politiquement (de) nos affects ? Léna Silberzahn reviendra sur des expériences politiques féministes dans lesquelles la peur a été pensée et mobilisée comme un puissant levier d’action collective.
Bijoux joujoux genoux cailloux… – théâtre avec Julie et E.R.E
+ repas
21h30 à la Dar, centre social autogéré, 127 Rue d’Aubagne, 13006 Marseille
A quoi peut bien servir une pierre, et de quoi sa chute se fait-elle l’écho ? A des vieilles gouttes de pluie, au bruit mat d’un pavé sur le casque d’un playmobile, à se venger d’une usine à l’histoire crasseuse ? Ce sont là des exemples parmi d’autres qu’exploreront July et son assistant E.R.E (transformé pour l’occasion en caillou) afin de répondre à ces questions anciennes et tenter par là-même d’esquisser une histoire de l’art de la chute.
Le 8
Euroméditerranée, la métroplole comme stratégie de domination environnementale – balade urbaine et critique à Euromed + intervention d’Alain Marcom, maçon, sur les grandes évolutions sociales et environnementales du BTP
de 11h à 16h (rdv 11h devant la station de Métro Gèze),
Pour s’inscrire, envoyez un mail à lamermonte@riseup.net
À Marseille comme ailleurs, la métropolisation sévit : destruction brutale du tissu social, touristification, aménagements urbains racoleurs, vaine quête de l’innovation, fabrication d’une culture métropolitaine uniforme.
Décryptons cette pensée colonialiste qui façonne les nouveaux lieux de pouvoir de l’économie globalisée, asservit nos corps, détruit nos écosystèmes et fait du reste du monde un réservoir à ressources.
Euromed, la ville sur la ville – cercle de paroles
Suivi d’un cercle de parole avec la participation de collectifs marseillais en lutte contre la métropolisation
17h30 à Manifesten, 59 rue Thiers, 13001 Marseille
En 2015, l’état et les collectivités territoriales locales, (la métropole Aix Marseille et la ville de Marseille) inauguraient Euroméditerranée, un projet d’aménagement urbain qui faisait entrer Marseille dans le Grand bal des métropoles occidentales. Aujourd’hui, alors que le 2ème volet du projet sévit dans les quartiers de Gèze et Bougainville et que le centre ville est peu à peu transformé en parc à touristes, il nous paraît important de nous pencher sur la logique mortifère qui sous tend cette conception de l’aménagement.
Il s’agit de la métropolisation, une idéologie colonialiste qui impose un système de domination et une culture unique à l’ensemble de nos villes. Les métropoles deviennent les nouveaux lieux de pouvoir de l’économie globalisée et se rêvent en Eldorado ultralibéral pour le secteur tertiaire. Elles se comportent comme d’immenses firmes en concurrences les unes avec les autres, vantant l’accélération infinie des échanges commerciaux et des mobilités.
L’humain y existe tantôt comme une donnée qu’on traite, tantôt comme un suspect qu’on surveille. Toute personne n’ayant pas de capital en circulation devient un indésirable à évincer.
Pour produire le cadre de vie rêvé de leurs élites, les métropoles s’appuient sur une industrie du BTP ultra polluante et maltraitante de ses propres travailleur.euses. associée aux géants de l’immobilier qui nourissent la crise du logement. Green washing et labels d’innovation sociale ne nous duperont pas, cette idéologie ultralibérale est fondamentalement anti écologiste. Elle asservit nos corps, détruit nos éco-systèmes et nous coupe de nos territoires et du reste du monde en considérant la "campagne" et le "sud globalisé" comme un réservoir à ressource.
Ne laissons pas ce modèle néfaste s’emparer de nos ville. Comprendre les rouages de la métropolisation, c’est s’outiller pour la lutte. C’est se ré-approprier la gestion politique de nos villes et par là même, la manière dont nous voulons habiter la planète.
Soirée du cycle d’écologie : repas et boum à Manifesten, à partir de 20h, 59 rue Thiers, 13001 Marseille
Le 9
Production collective d’un fanzine sur les transformations urbaines
atelier (10 personnes max, pour s’inscrire, envoyez un mail à lamermonte@riseup.net)
de 10h à 16h30 à L’imprimerie sans nom, 60 rue Edmond Rostand, 13006 Marseille
Le Fonds documentaire sur la Gentrification de Marseille est un outil de collecte de divers objets d’édités présentant des perspectives plurielles sur la transformation urbaine, telles que la touristification, la ségrégation spatiale, la prétendue "crise" du logement, ou encore l’émergence du fantasme d’une "ville connectée". Dans le cadre de cet atelier, les participant.es seront invité.es à puiser dans le Fonds afin de s’interroger collectivement sur leur trajectoires d’habitation et sur leurs eçpaces perçus et vecusé Les materiaux ainsi prélevés et les savoirs partagés au cours des échanges seront ensuite assemblés sous la forme d’une brochure qui pourra elle-même être imprimée à l’issue de l’atelier.
Rencontre de cantines marseillaises – discussion proposée par la cantine chaubouillante
14h au Polygone étoilé, 1 rue François Massabo, 13002 Marseille
En ville, alors que bien manger est souvent un privilège réservé aux riches et que l’aide alimentaire sert de débouchés aux reliquats de la grande distribution, les cantines bricolent d’autres façons de faire. S’organiser sans chef de partie, construire des réseaux d’approvisionnement plus humains, faire plaisir en cuisinant une nourriture bonne et accessible, soutenir des luttes amies... Comment la cuisine peut devenir un levier politique pour sortir du système agro-alimentaire capitaliste ?
Nous invitons les collectifs et associations marseillaises qui pratiquent la cuisine collective dans cette même perspective à venir se rencontrer. L’objectif que nous proposons étant de faire connaissance, échanger sur nos pratiques et le sens que nous y mettons et pourquoi pas identifier des envies de mutualisation.
Si possible, merci de nous prévenir de votre venue : chaubouillante@riseup.net
16h : goûter préparé par la cantine Chaubouillante - prix libre, au Polygone étoilé,1 rue François Massabo, 13002 Marseille
Présentation des récupérations de terre en Colombie, luttes paysannes et indigènes
17h au Polygone étoilé,1 rue François Massabo, 13002 Marseille
Exemple de la récupération de terres de Cajibío, vallée du Cauca et de leur lutte contre la deuxième plus grande multinationale productrice de carton au monde.
Voix croisées – projection du film de Raphaël Grisey et Bouba Touré
18h au Polygone étoilé, 1 rue François Massabo, 13002 Marseille
Ce récit polyphonique raconte l’histoire méconnue de luttes ouvrières et paysannes, en France et au Mali, pour l’emmener vers un futur possible, esquissé par la coopérative.
+ soupes et tartines toute la soirée par la cantine chaubouillante