Marseille,
Ce jeudi 21 septembre vers la fin du défilé de la manifestation contre la loi travail appelée par différentes organisations syndicales, le service d’ordre de la CGT s’est encore illustrée en employant des méthodes empruntes d’une rare violence contre des manifestants.
Alors qu’un cortège de tête, composé de différentes personnes aux profils multiples y compris militant-e-s syndiqué-e-s, est à l’arrêt vers le haut du cours Lieutaud, le cortège du syndicat CGT emmené par son Service d’ordre se rapproche au contact de celui ci.
Depuis le départ de la manifestation sur la canebière, entre le cortège de tête et la CGT, comme à l’habitude, on respecte une bonne cinquante de mètres d’écart plus ou moins. Mais cela se passe sans trop de tension et les uns rythment le pas des autres. Certes, le contentieux entre certains membres du cortège de tête et le service d’ordre de la CGT demeure toujours et vaut que certains slogans peu valorisant fusent de temps à autres à l’avant en direction de ce dernier. Toutefois, si le service d’ordre de la CGT est directement visé, aucun amalgame n’est fait avec le corps de la CGT et l’organisation syndicale n’est jamais critiquée par la tête du cortège. La plupart des manifestants qui la compose étant bien conscients de l’interêt politique de la présence nombreuse et majoritaire de la CGT pendant cette manifestation, tout comme dans celle du 12 septembre. Et plus généralement dans la contestation sociale contre les ordonnances Macron, surtout depuis la défection de FO.
Une fois arrivée au contact, après quelques instants de stagnation, le SO CGT somme au cortège de tête fort d’une centaine de personnes d’avancer. Celui-ci est alors plus ou moins bloqué par un très léger dispositif de police, discret, et qui ne fait preuve d’aucune agressivité ni provocation. Les provocations arrivent en fait de derrière de la part du SO CGT qui trouve là une bonne raison d’invectiver et bousculer les lignes arrières du cortège de tête. L’effet attendu se produit : les insultes entre le SO et le cortège de tête commencent. Subitement, comme un seul homme, la dizaine de membres du SO se trouvant tout à l’avant de leur cortège dégainent des bombes de gaz au poivre et dans la même seconde repeignent tous les visages sans distinction qui se trouvent à leur portée de tir.
Un mouvement de foule à l’arrière du cortège de tête a alors lieu, quelques personnes arrivent à se dégager vers l’avant tandis que d’autres accusent violemment les premiers jets de gaz très généreusement nourris. Dans la seconde qui suit, deux jeunes femmes viennent se dresser courageusement en face des "vaillants" gazeurs afin de leur demander d’arrêter. Pour seule réponse, alors qu’elles sont en pleine démarche de pacification, elles reçoivent de nouvelles salves au visage.
S’étant décalée sur le trottoir aux premiers instants de l’échauffourée, une secrétaire régionale de la CGT d’une branche du ministère de la justice, qui était parmi le cortège de tête et a été témoin de la scène de ces deux jeunes femmes se faisant gazer par le SO de son propre syndicat avec insistance car elles avaient décidé de ne pas bouger, décide d’intervenir à son tour pour calmer les "bombeurs" cégétistes.
Estampillée pourtant CGT par les deux autocollants du syndicat en évidence sur son tee-shirt, elle vient s’interposer afin qu’ils cessent leur gazage, qui était devenu "hystérique" contre ces deux jeunes femmes. Mais à son tour et malgré son appartenance au même syndicat que les "les champions du monde toutes catégories de la bombe de gaz", le traitement de faveur qui lui est accordé là aussi a été à bout portant un déversement massif de l’aérosol poivré, à destination du visage notamment. "On n’est jamais mieux gazé que par les siens !" pourra t-elle considérer désormais. Elle a du ensuite rester plusieurs minutes assise aveuglée, douleurs de brûlures aux yeux, au visage, aux bras nus, prise en charge par quelques personnes dont une infirmière qui a quitté la manifestation pour lui venir en aide, lui donner les premiers soins et même aller jusqu’à la première pharmacie chercher les produits calmants dont elle avait besoin tant l’ampleur de la décharge reçue a été importante.
Après les les exploits du SO CGT lors de la manifestation de Paris du 12 septembre contre des militantes féministes, (voir ceci : A Paris, agression violente de 5 femmes par leSO de la CGT.) et trop souvent de faits d’armes remarqués lors des manifestations précédentes ici et là, le SO de la CGT est devenu une bête immonde totalement incontrôlable.
Le rôle premier de celui-ci étant d’assurer la sécurité des personnes au sein de son cortège syndical, un pas a clairement été franchi en adoptant un comportement agresseur contre tout-e-s les manifestant-e-s qui ne se trouvent pas gentiment rangés derrière eux, du coup cégétiste ou pas tout le monde trinque, c’est gratuit.
Ce qui s’est passé à Marseille le 21 a montré que toute négociation avec eux était même impossible lors d’une situation qui déborde. Peut-être se sont ils dit qu’à l’instar de Philippe Martinez, on ne négocie pas, mais sans doute n’ont ils pas intégré qu’entre Macron et d’autres manifestants contre la loi travail, la logique ne pouvait pas être la même.
Il s’avère extrêmement urgent dans l’intérêt de l’unité du mouvement social ainsi que pour l’image du syndicat CGT que le service d’ordre de cette organisation ne se transforme pas en une milice armée dont la principale activité ne devienne du cassage de manifestant en règle, se substituant aux CRS en employant du coup les mêmes pratiques punitives. Les responsables de la CGT devront donc rapidement évoquer ce problème lors de leurs prochaines réunions tant au national qu’à l’ échelle des UD et revoir la formation, le recrutement, l’aptitude et les qualités mentales des personnes qui sont sélectionnées pour assurer le service d’ordre du syndicat. Une question se pose prioritairement : pourquoi le service d’ordre est-il armé, de quoi et de qui la CGT a t-elle peur et qu’est ce qui pourrait le justifier ?
La bavure du 21, en gazant l’une des siennes, pourrait ouvrir la discussion rapidement et faire bouger les lignes sécuritaires du syndicat en envoyant les "brebis gazeuses"
Allez brouter ailleurs que dans le champ du du conflit social !