Communiqué "la préfecture ment"
Hier, mercredi, à 17h, la police assistée d’un huissier à procédé à l’expulsion de M. R du logement qu’il occupait depuis 2 mois. Cet appartement vide depuis plusieurs mois appartient à l’AP-HM, un des plus gros propriétaires de logements vides de Marseille.
Nous dénonçons cette expulsion criminelle qui intervient en pleine crise du covid-19 et dans le contexte de l’état d’urgence sanitaire qui contraint chacun au confinement. Nous constatons que la préfecture de Marseille refuse de mettre en application les mesures de solidarité et de protection mutuelle annoncées par le gouvernement : dans l’allocution du 12 mars, le ministre du logement avait annoncé officiellement la prolongation de la trêve hivernale jusqu’au 31 mai "pour éviter la mise à la rue dans le contexte sanitaire".
Nous dénonçons plus généralement le fossé entre les fausses annonces politiques de solidarité et les opérations policières de terrain, alors que les pouvoirs publics sont loin de tout mettre en œuvre pour la survie des personnes précaires et compenser les effets pervers du confinement. Aujourd’hui alors que les moyens alloués par la préfecture pour la survie sont dérisoires et que c’est surtout la chasse aux pauvres qui prévaut dans les rues de Marseille, seul le sursaut de solidarité spontanée permet concrètement de combler l’inaction criminelle de l’Etat et des collectivités.
Aujourd’hui, dans un 2ème mensonge, la préfecture et l’AP-HM démentent l’opération policière d’expulsion par voie de presse. Pire, en déclarant au journal La Marseillaise que "des individus sans papiers ont tenté de s’introduire dans des logements vacants de force", elles inventent une histoire ayant pour but d’inverser les rapports en jeu : ce serait les personnes migrantes qui prendraient violemment d’assaut les bâtiments et le personnel de l’AP-HM... Or les nombreux témoins oculaires présents sur place - collectifs, journalistes, avocate, voisin.e.s peuvent confirmer que la police est bien venue expulser illégalement une personne isolée et en situation de très grande précarité, et ce alors que le pays vit une crise sanitaire sans précédent. Nous vous assurons que si M.R a pu trouver une solution temporaire d’hébergement pour se confiner, après son expulsion, ce n’est pas parce que les pouvoirs publics lui auraient proposer un place d’hébergement d’urgence, comme le préconise l’instruction ministérielle, mais parce que la solidarité directe, spontanée, sur un bout de trottoir, a réagi immédiatement face à la violence d’Etat.
Immunité générale contre les politiques sécuritaires et antisociales !