Illustration : Aurélien Godin
C’est un trou de verdure où coulent deux rivières, la Durance et l’Èze – parcouru de canaux d’irrigation du 19e siècle qui font du sud de l’agglomération de Pertuis (Vaucluse) une agréable oasis au milieu des calcaires arides. Enserrés entre une départementale fréquentée et la route qui mène à l’A51, une poignée de maisons et un étang où les araignées d’eau patinent sous les ombrages marquent l’entrée du Parc naturel régional du Lubéron. À proximité immédiate de ce petit paradis, un parking de bus et un hôtel Ibis annoncent l’inévitable ZAC qui défigure les abords de bien des villes moyennes de France, avec ses Darty, Kiloutou et autres King Jouet. Jusque-là, classique. Sauf qu’ici, l’asphalte semble voué à se répandre comme la vérole sur le bas-clergé : depuis une dizaine d’années, un projet d’agrandissement de l’actuelle zone d’activités (pourtant loin d’être saturée) menace 86 hectares de jardins et de terres humides ou agricoles particulièrement fertiles.
Flottant sur la ville comme l’ombre de Godzilla sur Tokyo, celle de Roger Pellenc, 77 ans aux fraises, maire (divers droite) de Pertuis depuis 2008 et surtout pionnier, au début des années 1970, de la fabrication de machines viticoles. Son entreprise principale, Pellenc SA, emploie aujourd’hui 1 800 salariés dans le monde (dont 500 à Pertuis), pour un chiffre d’affaires annuel dépassant les 100 millions d’euros.