Ils étaient nombreux.euses ces dernières semaines, lycéen.nes à bloquer, à se retrouver dans la rue, à manifester. À Saint-Étienne comme ailleurs en France, la réponse de l’État a été simple et claire : pression policière, violences, gardes à vue et tribunaux... On a rarement vu une volonté de tuer dans l’œuf un mouvement de protestation avec un tel acharnement. La violence de la réponse policière nous a presque fait oublier les raisons pour lesquelles les lycéen.nes se mobilisent. Nous publions donc ici un article du Gueuloir - journal stéphanois écrit par des lycéen.nes et étudiant.es - qui revient sur le projet de loi Blanquer, suivi d’un article du collectif de professeur.es d’Histoire-géo « Aggiornamento » qui analyse les futurs programmes scolaires qui selon elleux ont pour optique d’ « ingurgiter, trier et exclure »...
Réforme Blanquer, quand la dystopie rejoint la réalité
Vous en avez sûrement entendu parler, le ministre de l’éducation Michel Blanquer est en train d’amorcer une grosse transformation du système éducatif. Comme Madame Vidal, il compte aller plus loin dans la logique méritocratique en promouvant « la culture de l’évaluation ». Mais en quoi consiste précisément cette nouvelle réforme éducative qui touche à la fois la maternelle, l’enseignement primaire et secondaire ? C’est ce que nous allons voir à travers de dossier.
Galères en secondaire
On vous a assez parlé de la réforme du Bac par le biais de la plateforme Parcoursup, en revanche on a très peu discuté des transformations du système d’évaluation qui permet d’obtenir le diplôme du Bac et des changements que vont connaître les lycéens dans les années à venir.
Évaluations en course de fond
En 2021, les élèves entrant cette année en seconde seront les premiers à passer les nouvelles épreuves du Bac. Au programme : quatre épreuves écrites terminales au lieu de sept et un grand oral d’une durée de 20 minutes qui se dérouleront fin juin. Génial vous me direz, ça fera moins de choses à apprendre ! Oui mais non, car ces épreuves ne représenteront que 60% de la moyenne du Bac, 30 % proviendront de partiels semestriels qui auront lieu en première et en terminale et 10% découleront des notes des deux dernières années de lycée !
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Ingurgiter, trier, exclure. Des programmes intellectuellement indigents et socialement discriminants
Ces programmes sont poussiéreux, désenchantants, déprimants. Ultra-conservateurs derrière quelques enrobages faussement progressistes, ils sont très conformes à un roman civilisationnel bien installé depuis plus d’un siècle et font fi de trente ans de recherche en histoire comme en géographie. Ils nous feraient presque déjà regretter les précédents programmes dont nous avions pourtant souvent dénoncés les travers et nous convainquent qu’ils sont, effectivement, bien pires.
Ils font injure à notre jeunesse, à son intelligence, à sa curiosité et à sa vivacité. Ils font aussi injure aux enseignants, réduits à de simples exécutants, ravalés au rang de machines à évaluer, sans parler du mépris sous-jacent du travail des collègues de collège. Certain-e-s tenteront peut-être de nous convaincre des biens-fondés de la répétition didactique ; nous n’y voyons qu’un bégaiement, le travail de nos collègues comme les acquis des élèves étant totalement déconsidérés.
Soyons volontairement alarmistes : ces programmes sont à refuser en bloc. Ils ne servent qu’à accompagner une réforme délétère et ne serviront que la cause des élèves les plus favorisés.
Nous ne sommes pas devenus enseignants pour accompagner l’ordre dominant mais pour travailler avec les élèves, tous les élèves, d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs destinations.
Pédagogues, historien.ne.s, géographes, chercheurs.ses, nous croyons au potentiel émancipateur de nos disciplines par la critique, et nous condamnons fermement cette régression sans précédent.
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