Communiqué des habitant.e.s du 100 rue de la république

Depuis un peu plus d’une semaine, des personnes en exil dont des enfant.e.s, vivent au 100 rue de la République, immeuble anciennement géré par le bailleur social UNICIL et appartenant à la SCI Marseille City. Aujourd’hui vers 13h une équipe de police a déclaré vouloir utiliser un bélier pour les sortir du bâtiment. Au bout d’un peu plus d’une heure, elle a finalement pris les preuves de 48h et est repartie, mais l’attention reste de mise.

Voici le communiqué des habitant.e.s :

Marseille le 17 novembre 2021
Marseille, November 17th 2021

(English bellow)

Depuis l’expulsion du squat de Sadi Carnot, nous vivons une situation de logement très précaire. Nous vivons dans des hôtels vétustes, où les chambres sont sales, il y a des fuites d’eau, des punaises de lit, pour certains on doit dormir à 2 adultes et 2 enfants dans un même lit. Nous ne pouvons pas cuisiner dans les hôtels : comment on fait pour manger ? pour faire manger nos enfants ? Comment est-ce possible d’interdire à des personnes de faire à manger et donc de les obliger à acheter à manger à l’extérieur alors qu’on a pas d’argent. De plus, cuisiner des plats de nos pays d’origine est un lien à notre culture qui est important pour nous quand nous sommes en France.

L’eau des douches est sale, quand il y a des sanitaires, les chambres sentent l’urine. L’État nous propose des logements dans lesquels nous ne pouvons pas vivre correctement.

Certains d’entre nous doivent même quitter l’hôtel la journée et rester dehors alors que l’hiver arrive.

Les propositions de relogement ne tiennent pas compte de nos situations personnelles, certaines d’entre nous sont envoyées à Vitrolles ou à l’Estaque alors que nos enfants sont scolarisés dans le centre de Marseille. On ne peut pas les faire changer d’école puisqu’on ne sait pas combien de temps on va rester là. Ils ne peuvent plus aller à l’école.

Certains d’entre nous, n’ont même pas eu de proposition de relogement, parce que nous étions au travail ou à l’école au moment de l’expulsion.

Avant, à Sadi Carnot, les enfants pouvaient jouer en sécurité, nous pouvions nous faire à manger. Nous pouvions avoir des pratiques de solidarité entre nous qui nous permettaient d’avoir des conditions de vies un peu moins compliquées.

En plus de ça, nous n’avons pas pu récupérer nos affaires, la police a tout jeté à la poubelle, nous avons perdu des papiers importants, nos vêtements et nos meubles ! Alors que ça faisait 1 an que nous vivions là bas.

Nous savons qu’il y a beaucoup de logements vides à Marseille, dans le centre-ville, et pourtant, l’Etat et la mairie nous propose des relogements dans des hôtels où les conditions de vies ne sont pas acceptables. Nous manifestons pour demander des logements dignes pour tous.

Pour beaucoup d’entre nous les séjours dans les hôtels touchent à leur fin et nous serons bientôt contraints de retourner à la rue.

Nous avons fait deux manifestations devant la Mairie, à la suite desquelles une de ses représentantes nous a déclaré qu’elle allait essayer de trouver de meilleures solutions. Mais nous n’avons jamais eues de nouvelles de sa part.

Nous ne voulons pas être violents contre le gouvernement mais nous revendiquons nos droits et un logement digne pour nous et nos enfants.

C’est pourquoi nous avons décidé d’habiter à nouveau un bâtiment vide, car c’est pour l’instant le seul moyen pour nous d’obtenir un logement digne.

Les habitantes et habitants du 100 rue de la République.

English version :

Since the eviction of the Sadi Carnot squat, we have been living in a very precarious housing situation. We live in dilapidated hotels, where the rooms are dirty, there are water leaks, bedbugs, and for some we have to sleep with 2 adults and 2 children in the same bed. We can’t cook in the hotels : how do we eat ? how do we feed our children ? How is it possible to forbid people to cook and therefore force them to buy food outside when we have no money. Moreover, cooking dishes from our countries of origin is a link to our culture which is important for us when we are in France.

The water in the showers is dirty, when there are toilets, the rooms smell of urine. The state offers us housing in which we cannot live properly.

Some of us even have to leave the hotel during the day and stay outside when winter comes.

The rehousing proposals do not take into account our personal situations, some of us are sent to Vitrolles or l’Estaque while our children are in school in the centre of Marseille. We can’t make them change schools because we don’t know how long we’re going to stay there. They can no longer go to school.

Some of us haven’t even been offered rehousing, because we were at work or at school at the time of the eviction.

Before, in Sadi Carnot, children could play in safety, we could cook for ourselves. We could have solidarity practices among ourselves that allowed us to have slightly less complicated living conditions.

On top of that, we couldn’t get our things back, the police threw everything in the bin, we lost important papers, our clothes and our furniture ! We had been living there for a year.

We know that there is a lot of empty housing in Marseille, in the city centre, and yet the state and the town hall offer us rehousing in hotels where the living conditions are not acceptable.

For many of us, our time in hotels is coming to an end and we will soon be forced to return to the streets.

We have held two demonstrations in front of the city hall, after which a representative of the city hall told us that she would try to find better solutions. But we never heard back from her.

We don’t want to be violent against the government, but we are demanding our rights and decent housing for ourselves and our children.

That is why we have decided to live in an empty building again, because this is the only way for us to get a decent home.

The inhabitants of 100 rue de la République.

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