Contributions #9novembre #FrontDesLuttes

Quelques réflexions, pour le 9 novembre et pour la suite. Sur la tentative de porter un élan commun dans la lutte contre les politiques de gentrification, logement indigne et destruction de nos espaces de vie.

Depuis un an maintenant les immeubles de la rue d’Aubagne se sont effondrés, un an que la Plaine est aux griffes des aménageurs et vigiles, presque un an que Zineb Redouane a été tuée par la police, un an de l’increvable mouvement des gilets jaunes et un temps immémorable que nous soignons nos réseaux de solidarité.

Depuis maintenant deux mois la Maison du Peuple (MDP) et d’autres ont fait l’effort de formuler une proposition de « front des luttes ». Y était convié un panel large de ce que Marseille compte comme mondes en lutte, collectifs et individus, qui se battent, pour dire vite, contre toute les formes de discrimination sociale. Depuis, cet organe s’est réuni un certain nombre de fois et a débattu sur des questionnements quant aux positions hétérogènes qui le constituent, et a ainsi grossi la possibilité d’agir plus collectivement. Malgré les tentions dues aux différents penchants, la bienveillance envers les pratiques de chacun.e est un des postulats de base, de même pour l’attention à la complexité du processus collectif. Un espace tel que celui-ci est une aubaine, il permet d’une part de se voir, se connaître, et s’organiser ensemble mais aussi de pouvoir discuter de vive voix des contradictions, paradoxes ou oppositions. Se permettre du débat oral autour des conflits présents est une nécessité de la construction collective, afin de chercher la justesse, définir les lignes de distinctions ensemble. Il est plus que nécessaire de nourrir ces débats des réflexions qui proviennent de toutes les inclinaisons qui nous composent. Prendre soin, être force de proposition dans la critique, se défaire des catégories, sortir de la politique de la rupture ou de la dissociation est se qu’il peut nous arriver de mieux.
La dernière AG du Front des Luttes (FDL) pour le 9, a été un parfait exemple de se que peut créer cette coordination.

Le mouvement qui a découlé du 5 novembre dernier s’est peu à peu cantonné au plan « politique classique », à la revendication auprès des élu.es de « réformes » relatives aux politiques urbaines. La question du sens à réclamer auprès de ceux que l’on considère comme nos ennemi.es est tout à fait critiquable. Néanmoins c’est aussi une occasion de montrer que se système est fondamentalement pourri car, on le sait bien, il ne répond que par le mépris et l’inconsistance. Par ailleurs une large partie de cette mobilisation s’attelait au précieux accompagnement et au soutien des sinistré.es. Dans une telle situation d’urgence il est aussi nécessaire de mettre la pression aux institutions pour subvenir aux monstres besoins. Notre manque a été de ne pas avoir mis en avant la critique du système dans sa totalité, la proposition de l’autonomie n’ayant pas suffisamment investi le débat de geste politique marquant, comme une force d’opposition affirmative.

Le 9 sera sûrement une marche de la colère et du deuil. La marche sera ce que l’on en fera, mais aussi, malheureusement, les moyens que la préfecture mettra en place pour nous faire taire, ainsi que notre capacité à y répondre collectivement. Visibiliser ceux que l’on considère comme les responsables du désastre urbain dont nous faisons les frais paraît être un geste louable pour cette journée. La mairie et les institutions c’est une chose qu’il ne faut pas lâcher certes, mais la ville est truffée d’autres décideurs ou responsables, certes moins évidents, mais tout aussi influents. Agences immobilières et gros syndics impliqués dans les mise en péril, associations de promoteurs, hôtel de luxe… La CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) devant laquelle nous passons à chaque manif abrite entre autres le « Club des 30 » (https://www.clubdes30.com/), le « Marseille cruise ship calls », grosse société de croisiéristes et sûrement bien d’autres kinders. A nous de trouver les moyens collectifs de mettre la pression sur ces lieux de pouvoirs.

Par ailleurs il paraît aussi important de savoir bien juger le moment présent, désacraliser ces grosses dates les penser plus comme des tremplins que comme des fins en soi. Ne pas tout miser au risque de trop de casse si la situation ne le permet pas mais inversement être prêt.es si la prise de l’hôtel de ville se présente pleine de grâce. C’est dans l’endurance et la construction que nous gagnerons. Investir toujours plus et mieux nos lieux, MDP, Dar Lamifa, Manifesten, Saint Just, multiplier nos moyens matériels de lutte, qu’il s’agisse de sonos ou de barbecues… Entretenir l’élan collectif, l’investir de propositions comme ce FDL, ou le jeux “on va les chercher cez eux”, mettre en place des actions collectives mais aussi des bases de données comme cette « carte du mal » qui peut-être une autre manière de se proposer des actions ou réflexions.

Ces comméniverssaires sont souvent des choses étranges, et parfois douloureuses. A nous de la rendre énergique et pleine d’espoir.
Des points de vues, d’habitant.es, de participant.es à la MDP, assemblée de la Plaine,Manba, FDL, GJ….

A très vite

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