Coup de com’ du ministère de la Justice

Nicole Belloubet annonce la libération de 5000 détenus en fin de peine dans le cadre de la crise du corona virus. Quelques précisions s’imposent face à cette annonce du ministère de la justice.
Texte du collectif Libérons-les.

5000 libérations annoncées sur plus de 70 000, soit environ 7% de l’ensemble des prisonniers en France, et ce alors que le taux d’occupation des établissements pénitentiaires est en moyenne de 116% et de 138% en maison d’arrêt. Par ailleurs, seuls pourront prétendre à ces libérations les détenus "en fin de peine". On entend généralement par "fin de peine" les détenus dont le reliquat de peine est inférieur à un an. Alors dans quelles catégories de détenus souhaite piocher la ministre de la justice pour rendre effectives ces 5000 libérations ? Parmis les plus de 11 000 détenus actuellement incarcérés pour l’exécution d’une peine de moins de 6 mois ? Ou encore dans les près de 10 000 autres détenus incarcérés pour une peine de 6 mois à un an ? Ou peut-être parmis tous ceux qui sont incarcérés depuis plus longtemps, et qui arrivent sur la fin de le peine effective ?

Pas un mot en tout cas sur les détenus en détention provisoire, qui dorment en prison alors qu’ils n’ont pas encore été jugés, et qui représentent près de 30% de la population pénale. Ainsi plus de 20 000 détenus présumés innocents, exposés à la contamination en prison, sont écartés de tout dispositif de libération pendant la crise du corona virus.

Il faut prendre cette annonce pour ce qu’elle est, un coup de com du ministère de la justice. La ministre insiste sur le fait que "seuls seront libérés les détenus ayant adoptés un bon comportement en détention", et donc qu’aucun détenu ayant participé aux révoltes, aux mutineries ou aux blocages qui se multiplient dans les prisons françaises pour protester contre la gestion de la crise sanitaire en prison ne sera concerné par cette mesure. Il s’agit donc ici de museler toutes forme de résistance des prisonniers, en agitant la promesse de libérations possibles, qui ne concerneront finalement qu’une part très réduite de la population pénale triée sur le volet, en menaçant l’ensemble des détenus de les priver de cette "chance" si il participaient à nouveau à un mouvement de révolte.

À l’heure où le gouvernement pense avoir coché la case "prison" dans la gestion de la crise du corona virus face à l’opinion publique, il est plus que jamais nécessaire de soutenir les révoltes actuelles des prisonniers. Exigeons la libération de tous et la fermeture de toutes les prisons. Amnistie pour toutes et tous, maintenant !

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