Deux voitures de matons incendiées aux Baumettes

Dans la nuit du 23 au 24 juillet, deux véhicules appartenant à des gardiens de la prison des Baumettes ont été incendiés sur le parking de la prison, aux alentours de 3 heures du matin, selon la Provence.

Ce n’est pas la première fois que les surveillants de la prison ont droit à ce type de chaleureux rappel d’à quel point ils sont appréciés : en mai 2016, par exemple, trois autres voitures avaient brûlé. Toujours selon la Provence, un membre du Syndicat pénitentiaire des surveillants, ce sont une dizaine de leurs véhicules qui sont partis en flammes depuis deux ans [1].

Si l’on ignore les raisons exactes de ces incendies, faute de communiqué revendiquant la chose, il est assez facile d’en imaginer quelques-unes. Des représailles contre des surveillants particulièrement mauvais et autoritaires, un ras-le-bol plus général contre l’institution pénitentiaire (qui fait tout sauf ’guérir’ et ’réinsérer’ la population carcérale), une accumulation de tensions provenant des déplacements des prisonniers vers les Baumettes 2, les conditions déplorables de détention, l’idée de privation de liberté en soi, etc. L’insalubrité des Baumettes a encore été dénoncée ce mois-ci.

Quel que soit le nouveau gouvernement, les nouvelles autorités en charge, on nous annonce toujours plus de places de prison, de nouvelles ouvertures, et ce à chaque fois pour le "bien-être" des prisonniers (et celui des surveillants, qui chouinent en permanence de leur manque de moyens). Mais toutes les enquêtes, toutes les études qui ont été menées pour lesquelles l’Observatoire International des Prisons s’est notamment mobilisé, le disent : l’augmentation du nombre de places de prison ne fera pas baisser la surpopulation (autour des 200% aujourd’hui) carcérale.

Au 1er juillet 2017, 6 établissements ou quartiers ont une densité supérieure ou égale à 200 %, 43 établissements ou quartiers ont une densité supérieure ou égale à 150 et inférieure à 200 %, 46 établissements ou quartiers ont une densité supérieure ou égale à 120 et inférieure à 150 % et 33 établissements ou quartiers ont une densité supérieure ou égale à 100 et inférieure à 120 %.

Au 1er juillet 2017, le nombre de détenus dormant sur un matelas posé à même le sol était de 1.616.

Au 1er mars 2017, le nombre de détenus en surnombre était de 14.745. Le nombre moyen de détenus en surnombre était en 2010 de 9.280, en 2011 de 10.640, en 2012 de 12.340 et en 2013 de 12.910. Le taux de densité carcérale est de 118 %. [2]

On le sait, une société qui a besoin de construire des prisons est elle-même une prison.
Les détenu-e-s continueront d’être entassé-e-s. Mais il y en aura plus. Beaucoup plus. Et la tension grandira.

En 2016, 113 personnes se sont suicidées en prison. C’est un taux près de 8 fois supérieur à la moyenne hors situation carcérale. En 2017, ce nombre atteint pour le moment 33 [3].

Alors que deux voitures partent en flammes, cela ne nous semble - somme toute - pas bien grave.


Notes :

[1Lire l’article de La Provence sur Cette Semaine.

[281.781 personnes sous écrou en France au 1er juillet 2017, Après Tout.

[3La peine de mort est-elle vraiment abolie en France, Ban Public.

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