La France et l’Italie continuent à utiliser la rhétorique de la lutte contre la traite d’être humains pour poursuivre leurs politiques répressives

A Vintimille, depuis la fermeture pour cause de maladie coronarienne du camp de transit de la Croix-Rouge le 18 avril 2020, plusieurs centaines d’exilé·e·s campent dans des lieux publics et des parcs à la frontière franco-italienne. Ils et elles continuent à tenter de franchir la frontière en train, en camion, en bus ou en voiture. S’ils ou elles sont pris·e·s par les gardes-frontières, ils ou elles sont déjà aujourd’hui systématiquement refoulé·e·s en Italie. Les deux ministres de l’intérieur, Gérald Darmanin et Luciana Lamorgese, se sont maintenant rencontré·e·s pour coopérer de manière plus intensive et pour créer une brigade mixte contre les présumés passeurs et passeuses. Cette brigade de gardes-frontières français·e·s et italien·ne·s devrait être opérationnelle dans deux à trois mois.
Le fait que le prétexte de la lutte contre les passeurs et passeuses fasse depuis des années partie d’une stratégie hypocrite, inefficace et mortelle de la politique migratoire de l’UE semble presque inutile à mentionner aujourd’hui. Cette rhétorique détourne l’attention des réelles raisons de l’exil et des véritables coupables des milliers de mort·e·s sur les routes de migration. Elle concentre stratégiquement le discours politique autour de la figure du passeur dédaigneux, bien que les personnes qui entrent dans cette catégorie aient les profils les plus divers.

L’introduction de cette brigade de lutte contre la contrebande italo-française pourrait être le signe du rapprochement de la politique frontalière des deux pays. D’une part, la France et l’Italie poursuivent des intérêts similaires dans la politique migratoire de l’UE, à savoir l’inclusion davantage d’États de l’UE dans l’accord de Malte. Celui-ci prévoit la redistribution vers différents pays européens de toutes les personnes secourues dans la Méditerranée centrale. D’autre part, les deux pays ne soutiennent pas les mêmes fronts vis-à-vis de la Libye et de sa politique de refoulement : L’Italie vient à l’aide du Government of National Accord (GNA), présidé par Fayez el-Sarraj et des garde-côtes libyens qui lui sont associés, en fournissant des bateaux, des équipements, de la formation et de l’argent. Les gardes-côtes lybiens sont surtout connus pour leurs pratiques de refoulements violents et souvent mortels de migrant·e·s en Méditerranée. Les politicien·ne·s français·e·s, en revanche, soulignent à plusieurs reprises que leur soutien va au camp du général Khalifa Haftar.

PS :

Extrait de la revue de presse antiraciste du 10 août 2020, disponible sur antira.org.

Antira.org est une revue de presse hebdomadaire suisse-allémanique dont l’objectif est de constituer une ressource pour les luttes antiracistes grâce à une analyse de l’actualité et des transformations du racisme systémique

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