Les dockers de Marseille refusent de charger des armes à destination de l’Arabie saoudite

La France est accusée de prendre indirectement part à la guerre au Yémen en fournissant des armes à l’Arabie saoudite. Mercredi 29 mai les dockers ont refusé d’effectuer le chargement du cargo Bahri Tabuk qui doit transporter des munitions de canons français à destination de l’Arabie saoudite.

  • Cargo chargé. Armes évaporées.

    "Nous n’avons chargé aucune arme, aucune munition. On s’est renseigné et ce n’est pas le cas", a déclaré à l’AFP un responsable de la CGT des dockers de Fos, un syndicat opposé à tout transit d’armes par le port. Comme la veille, un représentant de Shipping Agency Service (SAS), la société représentant en France l’armateur saoudien Bahri, a également indiqué à l’AFP qu’aucun armement n’avait été chargé à bord.

    Selon SAS et les dockers, le chargement est constitué de générateurs électriques à usage civil, de la société allemande Siemens.

    Après avoir affirmé mardi matin que ce cargo saoudien devait prendre livraison de munitions pour des canons Caesar français, à destination de Jeddah, en Arabie saoudite, Disclose a finalement indiqué en soirée sur Twitter que ce ne serait pas le cas.

    "Selon nos informations, les charges modulaires parties en containers depuis l’usine d’Eurenco de Bergerac ont été redirigées vers une destination inconnue", a affirmé ce média, évoquant "un changement de stratégie au sommet de l’Etat" après la mobilisation il y a deux semaines d’ONG au Havre. Un autre cargo saoudien du même armateur avait alors déjà été soupçonné de vouloir embarquer des armes françaises à destination de l’Arabie saoudite et avait finalement renoncé à accoster au port du Havre.

Le port de Marseille-Fos "ne servira pas à charger des armes ou des munitions", a assuré mardi 28 mai à l’AFP Laurent Pastor, secrétaire général CGT des dockers de Fos-sur-Mer. Dans un communiqué relayé par Disclose sur Facebook, le syndicat CGT des dockers du port de Marseille-Fos a ajouté : "Fidèles à leur histoire et valeurs de paix […], ils ne chargeront aucune arme, aucune munition pour quelque guerre que ce soit."

Depuis plusieurs semaines, la France, qui fournit des armes à l’Arabie saoudite et à ses alliés, est accusée de prendre indirectement part à la guerre au Yémen, qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 2015 et a ainsi participé à créer l’une des pires crises humanitaires au monde, selon l’ONU.

En avril dernier, des médias indépendants révélaient l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen : Mirage 2000-9, technologie laser, navires de guerre… servent à la pétromonarchie dans ce conflit, responsable de la mort de milliers de civils.

Aujourd’hui, certains de ces médias affirment que le cargo Bahri Tabuk doit charger des munitions de canons français à destination de l’Arabie saoudite ce mercredi 29 mai, après que les dockers ont refusé d’effectuer le chargement hier.

De son côté, la société représentant en France l’armateur saoudien Bahri dément fermement. Selon Shipping Agency Service, interrogé par l’AFP, ce sont uniquement des générateurs électriques que le Bahri Tabuk compte embarquer mercredi.

La question de la livraison d’armes par la France à l’Arabie saoudite a par ailleurs fait l’objet de nouvelles discussions houleuses hier à l’Assemblée nationale.

Article repris de news.konbini.org

Le communiqué en question :

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