La machine à expulser devient de plus en plus organisée :
La prise d’empreintes violente et forcée qui est imposée dans les « pays d’entrée » en Europe coupe de fait l’accès aux droit des demandeurs d’asile.
Depuis 2016, l’utilisation de la force lors de la prise d’empreintes des personnes migrantes, dans les territoires aux frontières internes de l’Europe (Italie, Hongrie, Grèce, ...) devient quotidienne. Du fait du Règlement Européen Dublin III, qui prévoit le renvoi des migrant-e-s vers les premiers pays d’Europe où ils et elles ont été enregistré-e-s, cette pratique de fichage forcé empêche les personnes fuyant guerres et dictatures de pouvoir déposer une demande d’asile dans le pays de leur choix. En effet, les renvois des personnes dans les pays dits « d’entrée » deviennent désormais systématiques en France. Cette situation laisse nombre de personnes dans des conditions de vie insupportables, quand elles ne vire pas au cauchemar puisque, sous la pression de l’Union Européenne, les pays d’entrée - tout comme les pays avec un haut quota de refus de demandes d’asile - renvoient les personnes concernées vers leur pays d’origine, ceux-là mêmes que ces personnes ont fui. Ainsi, la Norvège a déjà approuvé des renvois en Afghanistan, l’Italie – et aujourd’hui la France - expulse vers le Soudan, sous l’aile des accords stipulés dernièrement entre chefs d’état européens et dictatures d’Afrique.
Les outils de contrôle des personnes « non-souhaitées » sur le territoire français se fondent sur une politique de dispersion et de non-transparence pour faciliter la mise en pratique des expulsions.
Cette politique d’enfermement et d’isolement mise discrètement en place par l’État permet donc, à la fois, de limiter le contact et la communication entre personnes illégalisées et soutiens solidaires, de dissimuler sa sinistre politique de rejet et aussi de masquer les révoltes et protestations qui peuvent s’en suivre. Ce système coercitif destiné à maintenir dans l’ombre les personnes en attente de décision se matérialise physiquement partout sur le territoire dans ces divers lieux d’enfermement : centres de rétention, zones d’attentes aux frontières, aéroports et gares, prisons de droit commun pour les personnes refusant leur expulsion... Les nouveaux centres créés, tels les CAO ou les PRAHDA, remplissent également ces fonctions de concentration, contrôle et dissimulation. Leur gestion, déléguée à des associations concourantes sur des marchés publics, peut bien s’apparenter, pour ces dernières, à une collaboration, à un rôle de « tampon » entre les publics et l’État.
Les expulsions vers les pays d’origine augmentent. Depuis décembre 2016, une 30taine de Soudanais se sont vus menacés d’expulsion vers le Soudan, et certains d’entre eux l’ont effectivement été. En effet, les autorités françaises ont entamé ces derniers mois des procédures d’expulsion pour un nombre croissant de demandeurs d’asile en provenance du Soudan sans prendre en compte la situation de guerre qui sévit dans plusieurs régions de ce pays et notamment au Darfour, dans les Monts Nouba, dans le Nil Bleu (le Quai d’Orsay déconseille fortement au ressortissants français de se rendre dans ces zones), ni les atteintes graves contre les droits de l’Homme dans l’ensemble du pays. La France semble ignorer que le général Omar El Bechir est le seul chef d’État en exercice qui soit poursuivi par le Tribunal Pénal International (TPI) pour des accusations de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. La France ne semble plus se souvenir non plus que les dispositions des conventions internationales interdisent le renvoi d’un demandeur d’asile dans son pays d’origine, si cela doit mettre sa vie en danger.
On peut alors se demander pourquoi, alors que les conditions de vie dans les pays fuis par les demandeurs et demandeuse d’asile ne se sont pas améliorées voire ont même empiré, les expulsions vers leurs pays d’origines continuent d’augmenter.
LA RÉPONSE C’EST LE PROFIT !
Les profits de quelques uns à la tête des États européens et de certains des pays où les populations souffrent et qu’elles quittent en traversant les frontières les plus mortellles du monde.
Le profit au détriment des gens qui arrivent en France et en Europe après une traversée périlleuse de la Méditerranée et un voyage long et éprouvant à travers plusieurs pays avec les conséquences physiques et psychologiques que l’on peut imaginer sur ces personnes quittant leurs pays et leurs familles.
Arrivés en France, ils sont contraints de dormir dans les rues des grandes villes et déposent leur demande d’asile dans des conditions indignes malgré l’aide et les efforts déployés par les ONG. Dans cette logique de profit, la politique des expulsions est donc intégrée dans une politique beaucoup plus large d’externalisation des frontières européennes dans des pays tiers (Lybie, Turquie...) et les pays d’origine des demandeuses et demandeurs d’asile.
Des accords (Accord de la Valette, Processus de Khartoum, Accord avec l’Afghanistan) facilitent les expulsions des demandeuses et demandeurs d’asile depuis l’Europe et donnent des fonds européens directement aux dictateurs de l’Afrique pour contrôler leurs frontières. L’exemple du financement direct d’une ancienne milice de Djanjawids (les acteurs principaux des violences au Darfour) qui contrôle la frontière du Soudan avec la Libye.
Les dictateurs de ce monde en profitent bien : sous couvert d’accords et des fonds européens ils peuvent cacher les violences contre leur population et améliorer leur image auprès de la communauté internationale. Cela va se traduire cette année lors du G20 à Hambourg en Juillet et lors de la « Conference d’Afrique » à Berlin en Juin. Ces deux évènements ciblent officiellement « le partenariat international », ce qui signifie : plus de fonds et d’accords pour fermer les frontières.
MOBILISONS-NOUS CONTRE CETTE POLITIQUE
LIBRE CIRCULATION ET INSTALLATION POUR TOU.TE.S !!
Cette mobilisation n’entend pas se fixer sur des moyens d’actions, ou sur un discours politique particulier. La diversité des réalités locales engendre la diversité des pratiques, retrouvons nous autour d’un mot d’ordre clair et fort :
Contre les expulsions, brisons l’isolement !
Nous appelons à u ne journée d’action le 7 Juin, qui prendra la forme que chaque collectif ou individu jugera la plus opportune (manifestation, rassemblement, retransmission directe de témoignages de détenus à la radio, diffusion de lettres, collage d’affiches...).
À Marseille : Rassemblement le 7 Juin à 17h30 devant la Préfecture Place Félix Baret