Appel à mobilisations contre les déportations de l’Italie au Soudan

Depuis plusieurs mois des centaines de personnes qui attendent de passer la frontière sont bloquées à Vintimille. La répression des migrants s’accentue et leur situation se précarise. Les médias officiels, les politiciens et leurs forces de l’ordre légitiment et appliquent cette répression en véhiculant le stéréotype fantasmé et raciste du migrant représentant un danger pour la sécurité publique.

Depuis plusieurs mois des centaines de personnes qui attendent de passer la frontière sont bloquées à Vintimille. La répression des migrants s’accentue et leur situation se précarise. Les médias officiels, les politiciens et leurs forces de l’ordre légitiment et appliquent cette répression en véhiculant le stéréotype fantasmé et raciste du migrant représentant un danger pour la sécurité publique. Pendant ce temps là, le quotidien à Vintimille ressemble de plus en plus à une scène de guerre : camps de contrôle gérés par la croix rouge, chasse à l’homme dans les rues de la ville, rafles permanentes et violentes sans distinction d’âge, départ forcés vers des camps d’identification aux frontières de l’Europe (Sud Italie, Sardaigne...), criminalisation de toute forme de soutien de la part de la population (interdiction de territoire pour des soutiens étrangers ou non, arrestations de personnes ayant donné à manger ou accompagné des migrants sur leurs chemins, perquisitions et expulsions des lieux d’infos et de ressources à l’usage des migrants...).

Ces derniers jours le dispositif de répression est devenu encore plus rapide et direct : le 24 août, une cinquantaine de personnes de nationalité soudanaise, interpellées directement aux alentours du camp de la Croix Rouge, ont été déportées dans leur pays d’origine, via un avion Egyptair au départ de Turin. L’ordonnance d’expulsion directe a été émise par un juge en moins de 24h : ces personnes n’ont pas eu la possibilité de demander l’asile dans ce court délai. Elles auraient été "choisies" parmi les personnes qui ont refusé de déposer leurs empreintes en Italie, au centre de la Croix Rouge, suite à une identification par des fonctionnaires de l’État soudanais, via le récent accord de collaboration policière avec l’Italie (Memorandum of Understanding). Leur déportation vers le Soudan de Omar el-Béchir, accusé de crime de guerre, crime contre l’humanité et génocide dans le cadre de la guerre civile au Darfour, est complètement illégitime et illégale : les migrants ne passent même plus par un Centre d’Identification et Expulsion, comme la procédure l’impose, et ils n’ont pas la possibilité de voir un avocat ou un traducteur. Ils sont directement envoyé dans leur pays, où leur vies sont clairement menacées par la répression d’un dictateur et les guerres en cours.

À notre connaissance, parmi les personnes déportées une partie a été enfermée dans les prisons du pays. Cette collaboration criminelle découle directement des accords qui ont été signés entre des gouvernements européens et le régime de Omar el-Béchir, concernant les politiques migratoires. Encore une fois non seulement les gouvernements expulsent contre leurs propres lois mais ils arrivent à négocier la vie humaine avec les faveurs d’un dictateur dans le cadre de l’externalisation des frontières.
Une preuve de plus de la gestion complètement arbitraire et malléable aux souhaits des États du fameux droit à l’asile en Europe.

Face à cette vague de répression et d’expulsions, qui nous concerne tous et toutes, nous appelons à des mobilisations contre l’État italien devant ses représentations institutionnelles à l’étranger et contre toutes les entreprises italiennes et internationales qui collaborent aux politiques migratoires européennes.

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