Attaque incendiaire contre la maison d’un trafiquant de drogue à Théssalonique

Les aspects les plus importants de la guerre révolutionnaire contre la tyrannie de l’État et du capitalisme sont la récupération des valeurs morales, le barrage contre le déclin universel et la redéfinition du mot « dignité ». La tête est gardée haute de façon mécanique par le cou, mais ce qui permet de tenir tête à l’ennemi sont l’âme, les convictions et la détermination. Nous et eux sommes deux mondes qui s’affrontent violemment et universellement. Et si nous sommes inférieurs en force, nous sommes toujours supérieurs en qualité. Car notre stature part de nos yeux et atteint les étoiles pleines de lumière.

Dans la dimension réelle de la lutte révolutionnaire, les mots qui ne sont pas suivis par des actes sont des prières sans perspective. Et le monde ne sera pas changé par des vœux pieux. La véritable rupture se situe sur le terrain réel du conflit militaire contre tout mécanisme d’assujettissement, l’État et le capitalisme. Passant de la théorie subversive à la propagande pratique, agressive, nous traduisons en pratique les mots de la formation militante de l’Organisation Action Anarchiste, en assumant la responsabilité de l’attaque incendiaire contre la maison d’un baron de la drogue, banal et bien connu, au 147 de la rue Kassandrou, dans le centre de Thessalonique, aux premières heures du 13 octobre, le jour du début du procès-farce des camarades N. Matarraga et G. Kalaitzidis [membres du groupe Rouvikonas, connu pour ses actions menées au grand jour ; NdAtt.], accusés avec des faux prétextes d’avoir instigué, physiquement et moralement, l’exécution du baron de la drogue Habibi, à Exarchia [cette action, qui a eu lieu le 7 juin 2016, a été revendiquée par le groupe Groupes de milice populaire ; NdAtt.].

Dans notre collimateur il y a un autre collaborateur de la police, qui fait des affaires avec la mort et la décadence, au détriment de ceux/celles qui sont en bas de la société. L’immunité dont jouit cette ordure précise est révélatrice, car sa maison et les boutiques qu’il gère occasionnellement pour blanchir l’argent de ses caisses noires et mettre en ordre ses affaires et ses marchandises, sont situées dans une zone bien surveillée par la police (une zone d’intérêt militaire-politique-diplomatique), dans les environs du consulat turc, où l’on peut rencontrer des simples agents de sécurité jusqu’à des agents de haut rang et des attachés diplomatiques. C’est cette immunité que nous voulons défier, cette sécurité et cette complicité que nous mettons concrètement au défi, par une attaque incendiaire au cœur de ce complexe policier.

Mais ce narco-mafieux précis, comme toute sa bande, ne se contente pas de répandre la décadence au sein des communautés prolétaires et des quartiers de subculture. Il est coupable d’une série de comportements violents et d’agressions sexistes à l’encontre de ses employées, ainsi que de non-employées qui se trouvent dans l’environnement où il évolue. Les ordures du type de cette racaille devraient se trouver au plus profond de la terre et ne faire face qu’à la saleté, pour être retrouvées et punies à nouveau par ceux/celles qui perdent leur vies à cause de sa came de merde. Mais aussi pour rencontrer leurs amis, comme Habibi, qui a perdu son épreuve de force avec la loi révolutionnaire.

La lutte qui a été menée à Exarchia contre les barons de la drogue était une nécessité, pas seulement pour rétablir un certain équilibre. Ce n’était pas non plus un acte de représailles. C’était une lutte pour vaincre la vie et la mort imposées et la décadence. C’était une lutte qui avait un coût, car la résistance elle-même coûte beaucoup. Elle nous coûte notre liberté, sans parler de nos vies. Les camarades de Rouvikonas, qui sont, entre autres, un point de référence de la lutte anarchiste au cœur d’Exarchia, ont été ciblés des dizaines de fois pour ce choix. Par la persécution, par les coups et le terrorisme, par des attaques de la part d’entités para-étatiques, par les balles de l’avant-garde des intérêts capitalistes. Et elles/ils ne plient pas, parce qu’ils/elles font partie de ce monde qui place la nécessité sociale et de classe au-dessus du coût personnel. C’est pour cela qu’elles/ils sont dans le viseur de la répression, c’est pour cela qu’ils/elles font l’objet de notre solidarité sans réserve et de notre soutien pratique. Car pour nous, la solidarité dans la pratique est la continuation de la lutte commune, pour des actions dont nous sommes tou.te.s dans le collimateur. Et les temps demandent et exigent que le collimateur change de sens.

Nous voulons clarifier quelque chose, à la fois pour notre cible et pour toute personne directement concernée : nous connaissons ses magasins, ses mouvements, les établissements qu’il monte, ses services et ses revenus supplémentaires dans l’économie souterraine, au-delà du trafic de drogue, les endroits où lui et ses semblables évoluent. Ce mafieux particulier a pour client-cible les communautés de la subculture, où, pour le bien de son activité commerciale, la résistance est volontairement supprimée avant même de naître. Cela signifie que, en plus que lui et ses associés, nous connaissons aussi ses client.e.s. Tou.te.s ceux/celles qui, avec leurs petites et grandes forces, soutiennent et appuient activement les mafias de la drogue, en finançant leur sale rôle dans la diffusion de la culture de la came, dans l’écrasement des résistances, dans le déclin moral et l’écrasement des valeurs révolutionnaires. Tou.te.s celles/ceux qui donnent aux adorateurs de la came une raison d’exister, pour défiler impunément dans nos quartiers et y semer la mort et l’asservissement. C’est pourquoi nous devons être clair.e.s avec tout le monde, peu importe la couverture politique qu’ils/elles prêchent eux-mêmes, ou encore moins qu’elles/ils utilisent comme excuse minable : la lutte anarchiste a une histoire concrète que personne ne peut déformer avec sa lecture personnelle, elle a un passé, un présent et un avenir. Et chacun.e de nous est à tout moment responsable devant la justice de cette lutte.

Nous sommes en guerre ouverte contre les mafias de la drogue et contre tout élément qui asservit activement le libre arbitre et l’action. Et dans cette guerre il n’y a pas de neutralité possible. Chacun.e, en fonction des choix qu’il/elle fait dans sa vie, s’est aligné.e d’un côté précis du champ de bataille : soit avec la résistance concrète à la décadence et à la culture de la drogue, soit avec une complicité organique à celle-ci, en soutenant, encourageant, finançant, participant au commerce de drogue. Et si le camarade Christos Tsigaridas, de Lutte révolutionnaire populaire [1], a dit un jour que « nous attendons des spectateurs que, au moins, ils aient honte », nous dirons que « honte » est un mot qui a perdu son sens et son poids, en ces années de décadence. Sa place devrait être prise par la peur et la colère.
Force à celles/ceux qui traduisent en action les effets de l’époque dans laquelle nous vivons. Force et solidarité à ceux/celles qui, face à la décadence, au compromis et à la résignation, persistent dans le combat.

Pas d’autosatisfaction, pas de trêve !
D’Exarchia à Thessalonique, la guerre contre le trafic de drogue continue…
Solidarité avec les camarades N. Matarraga et G. Kalaitzidis

Organisation Action Anarchiste – Résistance anarchiste contre la décadence

Notes :

[1Note d’Attaque : Lutte révolutionnaire populaire (Επαναστατικός Λαϊκός Αγώνας, ELA) a été un groupe marxiste de guérilla urbaine, actif en Grèce de 1975 à 1995. Parmi se cibles on truve des flics, des magistrats, ainsi que des bureaux de ministères, de compagnies américaines, de l’ONU et d’assurances. Le 11 octobre 2004, Christos Tsigaridas, Angeletos Kanas, Irini Athanassaki et Costas Agapiou, considérés comme membres du groupe, ont été condamnés à 25 ans de prison chacun.

PS :

Repris de Attaque

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