[Avignon] Fouilles à l’entrée de la fac, va-t-on accepter cela longtemps ?

Texte appelant les étudiants à ne pas se soumettre aux mesures dictées par l’état d’urgence au sein de leur fac.

Depuis l’horrible massacre qui a eu lieu le 13 novembre dernier et le décret par le Président de la République de l’état d’urgence, le pays est en état d’alerte maximale. Un état d’alerte bien utile pour maintenir la population dans la peur et la rendre un peu plus docile.

Outre les opérations de police qui n’ont pas à être justifiées ou encore l’interdiction de manifester, cela passe par un ensemble de mesures toutes plus grotesques les unes que les autres. L’une d’entre elles, nous la vivons tous les jours en venant étudier, il s’agit du contrôle des sacs à l’entrée du campus par des agents de sécurité.

De toute évidence cette procédure n’a aucune utilité réelle en terme
de sécurisation des lieux. Les agents de sécurité qui se contentent de fouiller les sacs (et uniquement les sacs) n’y trouveront bien sûr jamais aucune arme. Nous pourrions penser que cela a un but dissuasif, mais qui peut croire qu’un contrôle à l’entrée d’un lieu public suffise à entamer la détermination d’un candidat à l’attentat
suicide ?

Il faut donc regarder les choses en face, ces contrôles ne sont qu’une mise en scène du pouvoir. Il s’agit de nous faire ressentir à tous un danger imminent afin que l’on perde tout recul et que l’on accepte l’arsenal sécuritaire mis en place. Suite aux attentats de Charlie Hebdo, la loi sur le renseignement, pourtant controversée, qui facilite l’espionnage de nos communications est passée sans aucun soucis. Aujourd’hui l’état d’urgence est prolongé pour 3 mois, permettant les perquisitions administratives et autres assignations à résidences sur simple ordre de l’exécutif sans passer par un juge. Le 20 novembre dernier, Manuel Valls a lui-même invité les sénateurs à ne pas saisir le Conseil Constitutionnel concernant cette révision de la loi sur l’état d’urgence car « si le Conseil répondait que la loi révisée est inconstitutionnelle sur un certain nombre de points, sur un certain nombre de garanties apportées, cela peut faire tomber 786 perquisitions et 150 assignations à résidence déjà faites ».

Des perquisitions qui d’après les principaux médias ne seraient pas toutes en rapport avec les affaires terroristes. La Voix du Nord rapportait par exemple l’expulsion par le Raid d’un squat à Lille(1). Par ailleurs les opérations coup de poings se multiplient entraînant leur lot de bavures. À Nice, une fillette a été touchée par des plombs après que les forces de l’ordre aient tiré par erreur au fusil dans la porte du domicile de ses parents(2). Et chaque jour la liste des « dérapages », forcément très rares selon les autorités, s’allonge.
Nous sombrons donc pleinement dans une logique orwélienne. L’État veut nous faire admettre que « la paix c’est la guerre ; la liberté c’est l’esclavage »(3).

Car aussi atroces qu’aient été les attentats de novembre et janvier, il ne faudrait peut-être pas oublier qu’ils ont des causes profondes et qu’on ne peut pas se contenter de la réponse sécuritaire. La folie de Daesh n’est pas apparue ex-nihilo. La politique d’accaparement des ressources de l’Afrique et du Moyen-Orient par les pays occidentaux a une grande part de responsabilité dans sa création. Plus proche de nous, les interventions militaires françaises en Afghanistan ou en Afrique subsaharienne ne laissent pas de très bon souvenir aux populations locales. Rappelons-nous par exemple de l’affaire des viols d’enfants au Mali par des militaires
français.
Remarquons par ailleurs que la France est passée au rang du deuxième
exportateur d’armes au monde en 2015
. Nous imaginons donc sans peine que notre fameux drapeau bleu-blanc-rouge n’évoque pas partout les mots « liberté, égalité, fraternité ».

Une devise qui peut aussi être interrogée dans nos frontières, alors que des franges de plus en plus larges de la populations sont misent sur la touche parce qu’elles n’ont pas la bonne couleur, la bonne religion ou simplement ne correspondent aux critères de productivité et de flexibilité attendus par le monde capitaliste. Là aussi l’hypocrisie nationale réside.

Il serait donc de bon ton de cesser cette hystérie sécuritaire, de ranger un peu notre patriotisme ridicule, d’arrêter les déclarations vat-en-guerre et les bravades pitoyables alors qu’au moindre pétard tout le monde détale selon la règle du « chacun pour soi ».
Le courage se montre par des actes concrets comme celui de refuser la prétendue protection de l’État en échange de notre liberté.

ÉTAT D’URGENCE = ÉTAT POLICIER !
STOP AU CONTRÔLE DES SACS À L’ENTRÉE DE LA FAC !

Montrons au gouvernement qu’il ne peut pas s’arroger tous les droits ! À notre échelle, refusons l’état d’urgence et n’obéissons pas à cette mascarade sécuritaire !

PS :

(1)http://www.lavoixdunord.fr/region/lille-le-raid-intervient-enforce-pour-deloger-des-squatteurs-ia19b0n3166055
(2)http://www.nicematin.com/nice/video-une-fillette-blessee-lorsdune-
descente-du-raid-a-nice.2401142.html
(3)Georges Orwell, 1984.

www.facebook.com/PadPanik-930790850304035/
Le texte sous forme d’affiche en PDF : http://www.fichier-pdf.fr/2015/11/25/sacs/

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