Le 24 juin prochain, des élections présidentielles anticipées vont avoir lieu en Turquie. Ces élections font suite au référendum sur la réforme constitutionnelle qui a eu lieu en Avril 2017. Cette réforme avait été approuvée à une courte majorité, et largement entachée de fraude. Les élections du 24 juin prochain appliqueront donc le changement de système politique : le passage d’un régime parlementaire à un régime présidentiel.
Auparavant, en Turquie, le président avait surtout un rôle symbolique et représentatif. Mais selon la nouvelle constitution, le président concentre les pouvoirs. Le rôle de premier ministre est abolit, et c’est le président qui désigne lui-même les ministres, les quinze membres de la Cour Constitutionnelle et six des 13 membres du Haut Conseil des juges et procureur.es. Le mode de gouvernance actuelle en Turquie s’effectue par décret. Ce qui est pour l’instant justifié par l’état d’urgence. Avec les élections du 24 juin, la gouvernance par décret sera institutionnalisée. Le président bénéficiera également d’un droit de veto à l’Assemblée Nationale, ce qui renvoie cette dernière à un rôle purement consultatif. Les mandats électoraux quant à eux sont allongés de quatre à cinq ans.
De nombreux canditat.es tentent de s’opposer à Recep Tayyip Erdogan, dont parmi eux l’ancien co-président du HDP, Selahattin Demirtas. Son parti, le HDP l’a investit pour la candidature à la présidentiel, et ceux malgré qu’il soit actuellement détenu à la prison d’Edirne. Il est poursuivit pour 18 chefs d’accusations, dont « propagande terroriste ». Actuellement, il est menacé de 142 ans de prison. Une première audience aura lieu le 8 juin prochain. Recep Tayyip Erdogan pourrait jouer la carte de ses relations avec les juges, pour que Selahattin Demirtas soit empêché de se présenter. Et en cas de condamnation par la justice turque, dont l’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif est plus que douteuse, il serait rendu inéligible à l’élection présidentielle. Malgré les menaces pesant sur lui, l’un des avocats de Selahattin Demirtaş a soutenu qu’aucune condamnation ne serait prononcée le 8 juin, et qu’il serait peut-être libéré dans les prochains jours. À l’exception du président sortant, c’est-à-dire de Recep Tayyip Erdogan, l’ensemble des candidat.es à l’élection présidentielle ont demandé la libération de Selahattin Demirtaş.
De plus, dans l’objectif de casser les résistances et les stratégies d’oppositions politiques, le pouvoir en place prépare dès maintenant ses arrières. Par exemple, certains bureaux de votes des villages au Kurdistan du Nord en Turquie ont été déplacés cette semaine dans les grandes villes, capitales de district. Les villageois.es kurdes devront se déplacer loin de leurs villages pour aller voter. De plus, dans la plupart des cas, les urnes ont été placées dans des bureaux de police, où celles et ceux qui viennent voter risquent donc une arrestation. Les bureaux de votes déplacés correspondent aux municipalités où le HDP est le plus fort.
Au Rojhelat, les mouvements de grèves et de manifestations dont nous vous avons parlé ces dernières semaines continuent. Pour celleux qui aurait raté l’information, Donald Trump, le président américain a annoncer le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire. Ce traité, signé en juillet 2015 entre l’Iran, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie, la Chine et l’Allemagne, avait entraîné la levée d’une partie des sanctions économique contre Iran en échange de contrôle sur le développement du nucléaire. En Iran, les positions des différents groupes d’opposition, dont kurdes, sont pour l’instant très disparate. Dans les semaines à venir, nous essayerons de revenir sur cet événement et ces conséquences qui risquent d’être grande.