5 janvier : La Jungle résiste aux attaques fascistes et policières
Il était environ 0h30 dans la nuit du 4 au 5 janvier lorsqu’un groupe de réfugiés quitta la Jungle se dirigeant vers Calais en empruntant la Route de Gravelines. Alors qu’ils passaient devant la maison habitée par les sympathisants néo-nazis, connectés aux Calaisiens en Colère, ils ont été attaqués par un groupe de fascistes qui les ont poursuivis et ont essayé de les suivre dans la Jungle.
À ce moment, la communauté Kurde dont nombre de familles, femmes et enfants vivent le long du Chemin des Dunes s’est mobilisée. Dans un mouvement d’auto-défense, ils ont repoussé les fascistes hors de la Jungle. La confrontation s’est poursuivie Route Gravelines. C’est alors que les fascistes ont commencé à jeter des pierres sur la communauté Kurde, sous le regard bien veillant des fascistes en uniforme d’un état xénophobe, les CRS.
Alors que des membres de la communauté Kurde se rapprochaient, les fascistes ont battu retraite derrière les lignes policières qui poursuivaient inlassablement leurs salves de gaz lacrymogène. Des membres des la communauté Kurde se sont ensuite avancés sur la route de Gravelines, deux cocktails Molotov à la main. Ils les ont explosés sur la route, à leurs pieds. Ils cherchaient à montrer qu’ils étaient capables d’actions violentes mais qu’ils refusaient l’escalade proposée par les fascistes. Ils ont ensuite appelé ces derniers « à se battre comme des hommes » plutôt que de se cacher derrière la police. En réponse, les fascistes n’ont pas bougé d’un centimètre. Alors qu’ils restaient à l’abri des CRS, ces derniers ont renvoyé les réfugiés dans la Jungle par un intense bombardement de grenades lacrymogènes.
La police s’est ensuite avancée dans le Chemin des Dunes, couverte par le feu nourri des gaz lacrymogènes. Ils sont entrés dans la Jungle jusqu’au premier point d’eau proche du restaurant Kurde avant de se retirer. Des policiers ont été vus cherchant à atteindre l’aire familiale mais ont du rebrousser chemin, perdus et désorientés. Cette nuit, une centaine de grenades lacrymogènes a été envoyée, atteignant l’Ashram Kitchen d’une part et le camp Soudanais de l’autre. Des grenades assourdissantes ainsi que des balles en caoutchouc ont été utilisées. Le combat s’est terminé vers 4h du matin, un nuage toxique enveloppant les tentes et la zone réservée aux familles. Alors que la police se retirait, des enfants et des familles forcées d’évacuer leurs abris ont pu rejoindre leurs tentes pour tenter de récupérer malgré l’odeur persistante des gaz.
Une fois encore, il y aura eu une attaque chimique aveugle et disproportionnée sur le camp des réfugiés, ciblant en premier lieu les familles. Toutefois, ce fut aussi une nuit où une force collective s’est levée pour se défendre d’une attaque menée par les néo-nazis avoisinants. La Jungle s’est battue contre des fascistes incapables d’entrer dans le camp grâce aux efforts de la communauté Kurde extrêmement organisée et réactive une fois attaquée. Aussi, certains des réfugiés ciblés en premier lieu semblaient être Afghans. Lorsqu’ils étaient sous les feux, les Kurdes sont venus les défendre. La relation entre les deux communautés s’en est trouvée sensiblement améliorée. Contre la menace des violences fascistes, avec en arrière-plan les quotidiennes violences frontalières, différents groupes de personnes venus de plusieurs communautés se rassemblent solidairement, créant ainsi de nouveaux liens et réduisant de fait les frontières qui les séparent.
Durant la nuit et au petit matin, des activistes No Borders étaient présents pour offrir des remèdes aux effets des gaz lacrymogènes, soufflant de la fumée de cigarettes ou pulvérisant du Maalox dans les yeux meurtris par les fumées nocives. Nous sommes solidaires avec tous les résidents de la Jungle !
6 janvier : Une seconde nuit d’affrontements
Le 6 janvier, à minuit, des réfugiés ont créé un embouteillage sur la rocade grâce à des barres de métal. Par ce moyen, ils espèrent monter à l’arrière des camions pour atteindre l’Angleterre. Rapidement, la police a mis en place un barrage filtrant pour réduire le trafic. Les réfugiés ont cependant continué à se réunir aux abords de la jungle au cours d’une bataille avec la police.
Un grand nombre de grenades lacrymogènes ont été projetées et la police de poursuivre sa stratégie habituelle en bombardant des zones éloignées du camp ainsi que l’entrée de la Jungle rue de Garennes où des personnes étaient rassemblées. La volonté d’une punition collective est évidente. Au cours de la nuit, de nombreuses blessures causées par les grenades lacrymogènes atteignant les réfugiés ont été constatées. Il s’agissait souvent de brulures et saignements. L’utilisation de ces gaz s’est normalisée, tant dans la Jungle qu’aux yeux des médias. Les gaz lacrymogènes ont été ressentis dans toute la Jungle et le nuage toxique était visible à une grande distance.
Alors que la lutte se poursuivait, la police a déployé deux canons à eau et employée la force létale par le biais de balles en caoutchouc, blessant par là même deux mineurs. Des salves de tirs tendus ont eu lieu, visant délibérément la tête des réfugiés au lieu de pratiquer des tirs en cloche comme le veut la loi.
Si le nombre exact de blessés est difficile à quantifier, il ne fait aucun doute des problèmes respiratoires, des irritations de la peau et des yeux liés à ces attaques. L’utilisation massive de ces grenades a causé nombre de blessures et endommagée des constructions. Une fois qu’une construction, souvent protégée par des bâches de plastique, a été contaminée par ces gaz, il devient impossible d’enlever l’odeur et l’atmosphère acide qui y règne.
En débit du bombardement massif d’armes chimiques, nombre de personnes vivant dans la Jungle ont continué à faire preuve de défiance et à riposter à la police en jetant des pierres. Des cris raisonnant d’un « Fuck You Police » ont été entendus malgré le bruit incessant des générateurs et des grenades assourdissantes. Certains ont aussi renvoyé sur la police des palais dont s’échappent le gaz lacrymogène. Comme toujours, les activistes No Borders étaient sur place pour enregistrer et capter les violences policières et administrer du Maalox pour diminuer les effets des gaz.
Le nombre de policiers, CRS et gendarmes déployés en ce moment à Calais est stupéfiant. Tout au long de la nuit, de nombreuses compagnies de CRS ont été vu se redéployer le long de la rocade entre la Rue de Gravelines et la Rue de Garennes. Trois camions a eau y étaient postés. Malgré la pression de cette répression brutale, les gens continuent à attaquer et franchir la frontière, continuent à défier la police !
7 janvier : Les affrontements continuent avec les fachos protégés par les flics...
D’après le collectif No Border, la nuit a encore été très agitée pour les résident-e-s de la Jungle assailli-e-s, et par la police et par les fascistes... Plus d’infos à suivre bientôt, pour l’instant juste une vidéo :