Le roman est une collection de vingt lettres, publiées en deux volumes. Il s’agit d’échanges entre deux personnes qui ont autrefois participé ensemble à un soulèvement et une occupation d’usine. Séparé·e·s par la répression et des frontières pendant vingt ans, leur conversation reprend par une critique sévère et réciproque de leurs choix de vies, ainsi que de leurs interprétations divergentes de l’événement qu’il et elle ont partagé. S’en suit une longue discussion sur l’implication individuelle dans des mouvements collectifs, la désillusion dans le fait « politique » et la récupération, mais aussi sur les écueils de la création d’alternatives. Sans mention de date ni de lieu, et publié pour la première fois en 1976 à Détroit aux États-Unis, le livre s’adresse à des personnes ayant perdu des illusions sur la possibilité d’un changement immédiat, sans pour autant pouvoir se résigner au conformisme ni s’empêcher de le désirer encore, avec une certaine ambivalence sur la question de l’espoir, qu’il soit passif ou non. De nature composite, le roman a été fortement inspiré de « personnages » véritables et de « faits historiques » correspondant pêle-mêle à la libération du nazisme et l’invasion par l’URSS de l’Europe de l’Est, les « coup » et « printemps » de Prague, l’insurrection hongroise de 1956, la déstalinisation, le maccarthysme, les émeutes de 1967 à Détroit et le Mai français de 1968.
Lettres d’insurgé·e·s : 2 volumes par Sophia Nachalo et Vochek Yarostan. Bus Stop Press, 2019 et 2021. 456 pages et 470 pages. Les deux volumes seront disponibles à prix libre le jour de la causerie.