Combattre l’armement du génocide est une lutte féministe mondiale

Refuser la guerre c’est s’opposer à son économie : quelques pistes sur un mouvement mondial actuel féministe, syndicaliste et indigène. Un élan intersectionnel car s’opposer à l’armement, c’est imposer la paix !

La France continue d’envoyer des composants d’armement à Israel, comptant pour des millions d’euros. Des entreprises comme Thales, Exxelia, Safran, sont directement engagés, de Marseille à Paris, dans l’envoie des armes, balles, drones, et chars. En France, les féministes s’organisent à leur tour contre l’armement, en manifestation le 8 octobre.

Depuis des mois, un mouvement unitaire mais multiforme s’engage matériellement contre le génocide palestinien. Bloquer les bateaux, organiser un contre-sommet, occuper les usines, harceler les sénateurs… Cette boussole a permis d’ouvrir le débat sur les massacres au Soudan et au Congo de même, dans des cercles où les communautés noires font parties intégrantes de la lutte de rue. Parce que regarder ailleurs nous donne l’enthousiasme de nous organiser ici : petit tour du globe de mobilisations fortes de leurs alliances. Parce que c’est notre argent : des moyens pour la santé, pas pour les armes !

Partout, des manifestations, blocages et résistances

  • Il y a un mois, un contre sommet de 25 000 personnes à Naarm-Melbourne, en Australie sous le nom de Disrupt Land Forces- fait front commun avec des syndicalistes, féministes, gauches et indigènes. Du 8 au 14 septembre 2024, une intersyndicale pour la Palestine avance sous la banière « travailleurs pour la Palestine » contre le salon d’exposants d’armes. C’est historique. Le travailleur·ses refusent que l’argent public soit mis dans l’armement et non pas dans les conditions de travail sécurisantes (travailleurs du port) ou l’aide sociale, le pouvoir d’achat ou l’augmentation des salaires.
    Plusieurs jours de blocages ont été lancés par plusieurs collectifs. Bloquant les voies principales de périphériques et les ports, proposant des "piquets de nuit" et des "piquets tournants" avec des groupes qui se relayent. Cela fait échos à la mobilisation du mois d’avril. En effet, l’appel mondial aux blocages le 15 avril 2024a été largement suivi localement. Partout dans le monde des perturbations avaient eu lieu simultanement : dans 82 villes, 18 pays et 6 continents.
    Des images et informations sur le contre-sommet sont disponibles sur les comptes de @distrublandforces @disturbwars @aka.waca @unionistsforpalestine
  • En Angleterre la centrale syndicale TUC a voté contre l’armement !
    L’information ne circule pas parmi notre mouvement de lutte. Pourtant, le congrès a eu lieu du 8 au 11 septembre. Cette centrale représente plus de 5 millions d’adhérent·es. Le 23 octobre 2023, 150 syndicalistes ont organisé une piquet de grève devant une usine pour protester. Appelant à " mettre fin à toutes les licences d’armes échangés avec Israel, dans le respect du droit international", la centrale maintient sa vision démocrate de "deux Etats", ignorant qu’il ne reste plus de terres palestiniennes pour la construction d’un Etat. Aussi, un Etat palestinien voisin d’un Etat Sioniste Suprémaciste, sera forcément sous son autorité et domination. Ainsi, seul un Etat bi-national sans apartheid ou un fédéralisme régional de communautés de luttes autogérées pourront faire tomber le fascisme. Mais, avant tout, la fin de l’exportation des armes est la condition matérielle pour la fin de l’horreur.
  • Sur les campus aux USA, c’est un processus de "militarisation des campus" qui réprime la lutte, comme le rappelle Aisha Ariella Azoulay (1), chercheuse juive algérienne à Brown University lors d’une table ronde en lignesur le mouvement décolonial sur les campus aux USA. Elle explique qu’il n’y a pas besoin d’appeler la garde nationale (comme lors de la guerre impérialiste contre le Vietnam) car aujourdh’ui les polices de campus sont militarisés. Ainsi, les luttes précédentes contre la sur-sécurité dans les campus (libéralisme) sont liées. Elles ajoute que déjà, à Los Angeles, des policiers contre le mouvement de solidarité avec les sans abris (hélicoptères dans le ciel). En France, SciencesPo c’est Total, Axa, BNP Paribas, Carrefour qui donne finance ou siègent dans des conseils d’administrations, suite à la libéralisation de l’Enseignement Supérieur. Cela nous rappelle à quel point il nous faut garder un cap de boycott, désinvestissement et une action anticapitaliste.

Occupation des terres, occupation des corps : la Palestine est une cause féministe globale

  • La Palestine est un cause féministe. En Amérique Du Sud- Abaya Yala, les féministes de Accion Global Feminista expriment brillement depuis novembre 2023, pourquoi la Palestine est un axe féministe global.
    Le manifeste invite à engager le 25 novembre 2023, date féministe contre les Violences Sexistes et Sexuelles, comme une date pour la ibération des corps et des territoires. Elles font le lien entre les terres occupées et militarisées, arrachées aux habitudes indigènes par la capitalisme et la colonisation, et la lutte pour la libération de la femme* et minorités de genre. Elles ajoutent : "Nous sommes contre la logique du terrorisme d’État et de ses expressions qui, tout comme le système patriarcal, repose sur la domination et l’extermination des peuples. L’ethnocide que commet Israël ne menace pas seulement le peuple palestinien : il s’agit d’une guerre contre l’ensemble de l’humanité et ses actions mettent en péril les chemins pouvant nous amener vers une société sans violence."

Ce n’est pas une coïncidence que les États européens qui soutiennent l’extermination à Gaza aujourd’hui ont également endossé le génocide systématique de milliers de migrants du Sud

  • Aux USA, le mouvement féministe anti-militariste Codepink, harcèle sans cesse les rencontres de lobby et les sénateur·ices qui ne s’opposent pas clairement à l’envoie des armes. Une manifestation s’est déroulée devant la confrontation Kamala Harris et Donald Trump, accusant les deux partis de continuer l’envoie des armes à Israel. Le mouvement critique l’impérialisme américain, engageant un narratif continu, contre l’attaque éventuelle de l’iran par exemple.
  • LAND BACK : Une lutte intersectionnelle. Aux USA, les collectifs indigènes participent aux manifestations, rappellant que les états se sont construits sur le génocide de leurs peuples sur tout le continent du nord. Ainsi, abattant tous les bisons un à un, les colons ont affamé les tribus et pris possession de leurs terres. La lutte "No Cops City" proche de Atlanta, contre la destruction de la foret pour construire un lieu de formation de la police (9M de dollars 350 Hectares de militarisation en detruisant la foret de Weelaunee), s’engage aussi pour la Palestine. En effet, l’armée israélienne viendrait faire des formation sur place.
    Des personnalités commeLandBackBaddie/ Thomas Loppez Jr, se considérant comme 2-spirits (deux esprits, pour personnes non-binaires ou trans indigènes) publient des vidéos en ligne, et inscrivent le narratif décolonial dans le mouvement LGBTQIA et queer.
    En Australie, les collectifs indigènes participent depuis octobre aux actions du port. On se souvient de leurs actions en petites embarcations, contre le grand bateau d’armement et l’entreprise ZIM. Les communautés noires sont souvent au devant de la mobilisation, rappelant le lien entre le suprémacisme blanc et le sionisme. L’apartheid est d’ailleurs un système ayant été aussi imposé en Érythrée, sous impérialisme italien, d’où une grande révolution qui s’en suivit. Une dictature a réprimé les révolutionnaires. N’oublions pas les camarades qui ont fui cela, et qui arrivés en Europe, sont porteusr·es de savoir révolutionnaire.

La place des communautés noires

Si en France nous sommes capables d’inviter Angela Davis, nous sommes encore loin des alliances constantes en action et en manifestations avec des communautés noires de combat. Pourtant, la Kanaky nous le rappelle tous les jours : le suprémacisme blanc est le tronc commun des luttes décoloniales.

  • A NYC, un ancrage dans des luttes anti-racistes et communautaires font écho. Le 18 septembre 2024, on entend "Pas de justice pas de paix !" dans le métro de New York, où la NYPD tire à balles réelles. Quatre blessés, suite à l’absence de ticket d’un homme noir, Darell Mickles, qui prend la fuite. Une manifestation sauvage de 250 personnes prennent d’assault le métro au cris de « We dont Need No Cops ! No KKK ! No fascists in our streets ! » et de « Free, Sudan ! Free free Sudan ! Free, the Congo ! Free Free the Congo ! Free Palestine ! Free Palestine ! Free Palestine » Encore une fois, le suprémacisme blanc est un tronc commun, dans l’oppression de populations du quartier, du pays, du monde. Les communautés noires sont parties intégrantes des luttes de rue, de défense antiraciste du quartier. Plus d’images sur @palestinianyouthmovement @wawog_now @theindypendent
  • Femme trans, noire et féministe : des personnalités telles que QweenJean prennent la parole et relayent du narratif et des informations en ligne et dans la rue. Des collectifs de Drag Queen, ou encore Les Travailleuses du Sexe Noires Du Colorado participent activement aux manifestations et y portent une parole radicale d’abolition des prisons et libération noire. Elles font le parallèle entre la silenciation des luttes des minorisées, et le manque d’écoute aux concernées. Elles nous rappellent l’essentiel : les luttes doivent pouvoir être portées par les personnes oppressées qui proposent des solutions, tout en construisant des alliances avec des camarades ayant déserté leur camp d’oppresseur.

En France, assumer l’antiracisme c’est dénoncer la négrophobie française et trouver de nouveaux alliés pour nos grèves et actions

  • La Kanaky est un noeud qui reflète nos potentiels d’organisations tout comme nos failles. Il nous faut nous en emparer. Cela ouvre des discussions entre nous. Disons-le : le mouvement français est souvent porté par les camarades blancs. On ajute : cette année, le mouvement pour la libération de la Palestine est celui d’un prolétariat pauvre et racisé, arabe, comme le rappelle Simon Assoun de Tsedek. On se dit : des méthodes d’actions que l’on retrouve à l’étranger, ou alors dans nos mouvements sociaux (blancs) contre les réformes (retraites, facultés...) sont majoritairement absents du combat anti-impérialiste ces dernier mois. Blocages de periph, autoréductions, tractages devant les entreprises, sont minoritaires. Le mouvement des facultés, a remis au gout du jour l’outil de l’occupation comme une nécessité.
    Comment construire le pont ? La peur de la montée de l’extreme droite a mobilisé de nouveau.
    Ce lien, qui se fait contre l’extreme droite, peut se consolider si nous lui ajoutons ce balancier avec la lutte contre la négrophobie assumée de l’état. Afin de parler à tous et toutes, et souvent les plus oubliés. En effet, l’Etat assassine en Kanaky. Ce n’est donc pas « ajouter encore un poids à la lutte » que de l’ouvrir à la Kanaky : c’est trouver des milliers de nouvelles personnes qui renforcent et se reconnaissent dans nos luttes.
  • Eviter de creuser l’abysse. Ne pas citer les barricades de la Martinique, les soulèvements à Mayotte, les résistances en Kanaky, c’est creuser une abysse ici, en métropole, dans nos combats. Les citer, c’est non seulement se montrer à la hauteur, mais aussi nous promettre une nouvelle énérgie. Parler de la Kanaky ou de la Martinique, c’est aussi démontrer que nous sommes capables de reconnaître les travers supremacistes dans nos territoires, avant de vouloir sauver la Palestine : cela nous ancre dans une lutte pragmatique et non morale, et nous éloigne des vices fragilisant du militantisme qui étouffent l’élan insurrectionnel.
  • Soutenir la guerre ailleurs c’est renforcer le camp réactionnaire ici
    Nous ne pouvons plus nous permettre de lutter contre l’extreme droite sans dénoncer l’implication de la France dans l’armement du génocide palestinien et la répression en Kanaky.
    Ainsi, comme de nombreux et nombreuses camarades, faisons front ensemble contre l’armement français du génocide, et renforçons nous en marchant aux côtés de nos camarades soudanais·es, martiniquai·ses, congolais·es et kanak.

Ancrer la lutte ici, c’est s’attaquer aux responsables sur nos territoires

Participons aux actions et appels de la campagne Stop Arming Israel, qui développent et mettent à disposition de nombreuses ressources sur les entreprises locales complices du génocide.

  • Suivez les info :
    @stoparmingisraelfrance
    @stopramingisraelfrance13

PS :

08 OCTOBRE 2024

Féministes contre l’Armement du Génocide
MANIFESTATION A PARIS 19H place de la Republique
MANIFESTATION A MARSEILLE 20H place Cadenat
MANIFESTATION A NICE 18h30 Garibaldi

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