Qu’attendre de la mobilisation unitaire syndicale contre la réforme des retraites de ce jeudi 19 janvier ? Les vieilles habitudes reprendront-elles le dessus sur l’accumulation des expériences innovantes de ces dernières années : Nuit Debout, cortège de tête, Gilets Jaunes ? Nous n’avons pas été en mesure d’établir l’authenticité de ce communiqué intersyndical, il fait néanmoins le pari de la sagesse et de l’audace.
Nous, organisations syndicales réunies le 10 janvier, tenons à faire une mise au point claire quant à la bataille à venir contre le hold-up des retraites. Les mouvements d’ampleur impliquent une importante surcharge de travail pour les permanent.es syndicaux que nous sommes, et nous craignons par dessous tout de nous laisser déborder par la base (celles et ceux qui veulent que les choses changent, vraiment). Prenant acte des échecs syndicaux de ces dernières décennies, nous avons validé quelques consignes disruptives pour se donner les moyens de gagner vite et bien, de gagner vraiment :
- autour de soi, convaincre du réel : Cette « réforme » s’inscrit dans un horizon macroniste de tristesse, d’incompétence, de pénuries et de répression. La bande organisée de délinquant.es ultralibéraux radicalisé.es à la solde des ultra-riches (et des chasseurs) qui nous gouverne est en guerre contre les acquis sociaux et le vivant.
- autour de soi, convaincre du possible : Tout combat non mené est perdu d’avance. Si nous ne les arrêtons pas, l’avenir sera pire. A ce propos, se méfier et contredire les propos résignés et conservateurs des professionnel.les de la « militance ». La tristesse est la meilleure alliée de nos ennemis.
- rappeler que l’action la plus efficace contre l’extrême-droite est d’occuper le terrain social et la rue. Marine et Jordan n’y descendront pas : ils sont et resteront du côté des puissants et de la matraque.
- se former, s’autoformer. Ne pas se croire moins malin qu’un ministre, mais travailler. Le salariat qui engraisse le capital, c’est l’aliénation. Le travail autonome, c’est le kif.
- ne pas attendre les rendez-vous syndicaux (souvent tardifs, souvent foireux) pour organiser la lutte entre collègues, ami.es, voisin.es . S’en emparer malgré tout.
- se donner les moyens de gérer le son en manif : rembarrer gentiment les voix insupportables, remplacer au micro ceusses qu’ont pas le tempo, fuir les sempiternels tubes de manif chiants, oublier les slogans éclatés
- ne pas se contenter de manifestations à la papa : partir de partout, multiplier les fronts, pulluler dans l’espace et dans le temps, ne pas se laisser nasser
- s’accepter en manif et dans les mobilisations. Personne ne changera ce vilain monde seul.e. Être uni.e.s ne veut pas dire être uniforme. Si nous n’arrivons pas à vivre ensemble, nous ne sommes pas légitimes. Nous avons besoin des jeunes, des vieux, des travailleur.es, des chômeur.es, des valides, des bancal.es, des cortèges de tête, des cortèges syndicaux, des « premières lignes » et de l’arrière-garde. « Nous sommes en guerre », et c’est Macron qui l’a déclaré(e).
- nous défendre des flics. Prendre soin des blessé.es, des choqué.es. Être solidaire avec toutes les victimes de violences policières. Toujours préférer l’outrage à l’injustice. Un gouvernement qui matraque sa jeunesse s’interdit tout avenir.
- laisser libre cours à nos imaginations, inventer, réinventer des carnavals, des tumultes. Abuser de l’information populaire (grafs et tags qui embellissent le mortel béton, calicots, tracts, flyers, gazettes, automédias…) confisquée par les médias à la botte de milliardaires.
- se faire plaisir, sinon ça marche pas...
Emmanuel Matraque. Elisabeth Éborgne. Nous on lutte. Nous on vit !
Paname, le 10 janvier 2023