Tôt ce lundi matin, les gendarmes et la Sous-Direction Anti-Terroriste (SDAT) ont mené une vague de perquisitions à travers toute la France. Une quinzaine de personnes ont été perquisitionnées simultanément dans plus de neuf communes puis placées en garde à vue. Ces personnes seraient accusées de "destruction en bande organisée" et "association de malfaiteurs", en lien avec une action menée le 10 décembre 2022 contre l’usine Lafarge de Bouc-Bel-Air par plusieurs centaines de personnes. Sous ce régime de garde-à-vue, elles pourraient être détenues pendant 96h.
Les Bouches-du-Rhône sont touchées de plein fouet par la pollution industrielle. Que ce soit par les boues rouges, par les fumées toxiques des bateaux de croisière, mais aussi celles des complexes petroliers de Fos-sur-Mer qui rendent irrespirable tout l’Etang de Berre. Par les industries qui font de la méditerranée une des mers les plus polluées du monde et de la rade de Marseille une des plus pauvres en vie aquatique, mais aussi par la présence quelques kilometres plus haut du réacteur à fusion ITER sensé produire l’energie infinie du futur qui permettra au capitalisme de continuer de devaster les ecosystèmes.
Alors à Marseille comme ailleurs, malgré la chaleur accablante, fatigué.e.s de de l’humiliation des recours en justices qui n’aboutissent jamais, revolté.e.s par la complaisance des mairies et de la metropole envers les industriels, la revolte gronde. L’action menée en décembre dernier par 200 personnes contre le cimentier Lafarge à Bouc-Bel-Air avait fait souffler un vent de fraîcheur sur la région. Car les cheminées qui crachent les fumées toxiques se sont tues, mais aussi car cette action a démontré la capacité de s’organiser collectivement et de porter de veritables coups aux industriels cyniques soutenus par l’Etat. Si les soulèvement de la terre n’étaient pas à l’origine de cette action, ils ont cependant choisi de relayer le communiqué transmis par les organisateurs, espérant que ce type d’initatives se multiplient.
Sur les 50 sites les plus polluants de France, 17 sont des cimenteries. Le béton représente 8% des émissions de Co2 mondiales. Quant au secteur du BTP c’est 39 % des émissions de CO2 au niveau mondial et de 33% des émissions françaises. L’entreprise Lafarge-Holcim semble cumuler les scandales environnementaux dans ses carrières, centrales à béton et cimenteries, à commencer par le financement de Daesh en Syrie, avec l’accord tacite de la DGSE et de l’État, ce qui l’a forcé à débourser 778 millions de dollars aux Etats-Unis pour y éviter une condamnation.
Face à cela, l’opération policière de ce lundi matin, s’inscrit de toute évidence dans l’escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes : violences policières effroyables à Sainte-Soline, régime d’exception alimenté par le spectre de "l’éco-terrorisme" ou encore menaces de dissolution des Soulèvements de la Terre. Cette opération fait suite aussi à celle visant la Defense Collective Rennaise la semaine dernière ou cinq personnes ont été perquisitionnées et arrếtées de la même manière. Elle arrive alors que sont prévues ce dimanche une manifestation contre l’extension d’une carrière Lafarge en Loire Atlantique et le 17 juin une mobilisation en Maurienne contre le projet de TGV Lyon-Turin pour lequel l’industrie du béton est indispensable.
En réponse à la repression abjecte dont est la cible le mouvement écologiste, nous appelons plus que jamais à se rendre massivement à ces deux dates !
Assimiler aujourd’hui à du terrorisme l’usage légitime de la pince coupante, de la masse et de la clef à molette en vue de neutraliser des infrastructures est un inacceptable retournement ! Les centrales à béton sont des armes d’artificialisation massive des terres agricoles et de destruction de la biodiversité, des bombes à retardement climatique. Il est donc plus que jamais légitime et nécessaire de les désarmer. Les actions de désarmement de l’industrie du béton se répandent et ce n’est probablement qu’un début. Nous appelons à les amplifier. Face à un état et une justice au service des industriels, nous affirmons notre solidarité indefectible avec tout.e.s les personnes arrêté.e.s.
Après les événements de Sainte-Soline, l’Etat, non content d’avoir mutilé en masse, à voulu dissoudre les Soulevements de la Terre. Afin d’affirmer notre solidarité, notre réponse a été la création du comité Soulevements de la Terre 13. Aujourd’hui, face à la repression qui cible une partie du mouvement ecologiste, démontrons que leurs attaques ne feront que renforcer notre determination.
Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes arrêtées ce jour.
Nous appelons à des gestes de solidarité avec elles partout et sous toutes les formes.
Nous appelons à nous rassembler ce mercredi 7 juin à 19h, devant la préfecture des Bouches-du-Rhône à Marseille.
Le comité Soulevements de la Terre 13.