Parce que la crise sanitaire creuse un sillon profond dans nos vies, à nous soignant.e.s, à nous soigné.e.s, à nous endeuillés, à nous humains ;
Parce que ni une prime, ni une médaille, ni des remerciements n’enlèveront nos vécus, nos traumatismes, notre indignation ;
Parce que nous avons vu nos hôpitaux au bord du gouffre, nos services de soin dépassés, nos collègues s’effondrer, se relever, se ré-effondrer, nos proches au comble de l’angoisse ;
Parce que rien n’aurait pu nous préparer à cela, mais que tout aurait pu être différent si l’on avait écouté les alertes plus tôt, si l’on avait maintenu les stocks de matériel, si l’on n’avait pas privilégié les économies à la production locale, si l’on n’avait pas vidé les structures de santé de leurs forces ;
Parce que nous entendons déjà les injonctions de faire de l’acte pour renflouer les caisses des centres hospitaliers, les interdictions de prendre des congés pendant l’été, les impératifs administratifs de traçabilité ;
Parce que nous ne voulons plus voir nos étudiant.e.s en métiers de la santé être exploités, fracassés, écoeurés, nos collègues brancardiers, ASH, approvisionneurs être humilié.e.s, mis de côté, nos soignant.e.s être balloté.e.s à droite à gauche, déshumanisés, et nos pairs de gériatrie être abandonnés, non considérés.
Parce qu’alors que tout est allé de mal en pis avec leur "management agile" basé sur la rentabilité, que les conditions d’accueil des personnes aux urgences, en hospitalisation, en EHPAD, en psychiatrie, sont des plus déplorables, on reprend les mêmes et on recommence ;
Parce que nous voyons déjà des managers et gestionnaires drogués à la logique comptable chercher à reprendre la main sur nos établissements de soin et partout ailleurs ;
Parce que, pour garantir une qualité de soin minimale aux patients, il nous faut pouvoir nous arrêter, pouvoir penser, pouvoir respirer ;
Parce qu’il est impossible de reprendre nos interventions comme avant le mois de mars, qu’il est impossible d’être aujourd’hui disponibles psychiquement pour prendre soin de l’autre, qu’il est impossible d’avancer sans panser nos blessures
Parce que ce qui a permis de tenir a résidé dans le collectif, dans le soutien des personnes restées confinées, dans la solidarité de toutes et tous ;
Parce que les mouvements qui demandent une société plus juste, plus équitable, plus humaine se soulèvent partout, et que nos voix peuvent se joindre à celles de NousToutes, à celles contre les violences policières, à celles contre le racisme, à celles pour l’ouverture à l’autre ;
Parce que les caissier.e.s ont tenu ce pays malgré tout, les éboueur.se.s ont tenu ce pays malgré tout, les chauffeur.se.s routiers ont tenu ce pays malgré tout, les prestataires de santé à domicile ont tenu ce pays malgré tout, les couturier.e.s ont tenu ce pays malgré tout ;
Parce que viennent frapper chaque jour, chaque heure, chaque minute les violences institutionnelles, celles des gouvernements successifs de ces dernières décennies prônant les coupes budgétaires, celles de l’HAS et des ARS avec leurs recommandations protocolaires dans lesquelles la personne n’existe pas, celles des directions d’hôpitaux qui se cachent derrière les directives d’en haut pour mettre en place des politiques d’austérité, oubliant le concept de "banalité du mal".
Parce que l’économie ne doit pas primer sur nos vies, que nous sommes tous.tes des vivants et non de la "ressource humaine", qu’accorder aux enseignes commerciales la vente des masques crée une injustice abjecte entre ceux et celles qui ont les moyens financiers de se les fournir, et ceux et celles qui ne pourront pas mettre trente voire cinquante euros mensuellement dans l’achat de cette protection indispensable,
Parce qu’aujourd’hui, il ne s’agit pas du problème des soignant.e.s, ni de celui des syndicats, ni de celui des « petites mains » comme ils disent, mais bien du problème de chacun.e ! Notre problème, notre système de santé, l’état du monde que nous allons laisser à nos enfants.
Parce que nous avons envie de crier Bas les Masques ! à ceux qui nous gouvernent et qui nous ont tant menti, Bas les Masques ! aux administrateurs de nos institutions publiques qui ont fait pression sur les professionnels pour qu’ils exercent sans les protections nécessaires, et qui ont donc propagé le virus parmi les plus fragiles, Bas les Masques ! à tous ceux et toutes celles qui ne voient dans le service public que leur intérêt personnel, Bas les masques ! aux comptables de la santé qui n’ont de cesse de supprimer des postes et des lits ;
Parce qu’il est temps de faire jaillir notre rage, qu’il est temps de mettre un terme à ce système fou qui nous a mené dans le mur, qu’il est temps de faire monter notre cri de colère et notre demande de changement ;
Parce que couper les vivres de l’hôpital se paye en vies humaines, que nous ne voulons plus jamais ça ! et que pour cela, nous avons besoin de vous toutes et tous ;
Battons le pavé partout en France, en métropole comme dans l’outre-mer, mardi 16 juin 2020, ensemble, pour construire un immense mouvement ! Parce que nous nous retournerons pas à l’anormal !
A Marseille, le rendez-vous est donné à 11h Porte d’Aix
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