L’édito (extrait) :
Le féminisme, c’est d’abord une prise de conscience suivie d’une révolte contre l’arrangement des rapports de sexe et la position subordonnée que les femmes occupent dans la vaste majorité des sociétés. Il s’agit aussi d’une lutte pour changer ces rapports et cette situation.
La cause de cette inégalité, c’est le système patriarcal, autrement dit : un système dans lequel les hommes détiennent le pouvoir…
À la racine de ces problèmes, le genre, ou le sexe social : enfermer des individuEs dans des rôles binaires selon leurs attributs sexuels, dès la naissance, et les éduquer comme telLEs. Grosso modo : Tu seras femme et discrète, à l’écoute, jolie, serviable, attentive. Tu seras homme et bricoleur, viril, fort, grande gueule.
Quelques arguments pour ne pas s’en tenir aux théories :
En France, selon les dernières études, les femmes gagnent toujours 24 % de moins que les hommes quand elles travaillent, subissent toujours plus de temps partiels, et consacrent plus d’heures que les hommes au travail domestique (source : Observatoire des inégalités)…
Sans parler des violences conjugales, sexuelles, de la sexualisation du corps des femmes, du harcèlement (à dans la rue, sur Internet, à l’école, au boulot…), et de celles qui, en plus d’être perçues comme femmes et traitées comme telles, subissent en plus le racisme, l’homophobie ou d’autres formes d’oppressions… Et la liste est encore – et malheureusement – longue.
Une définition – forcément rapide, incomplète, non exhaustive – qui serait un terreau commun, sur lequel des individuEs ont trouvé forces et ressources pour mieux vivre et lutter, et à partir duquel de nombreux courants ont vu le jour… Il existe aujourd’hui non pas un, mais des féminismes, et c’est dans cette diversité que l’Équitable vous propose pendant quinze jours de faire bivouac.
2016. Si l’on en croit les partisanEs de cette version 2.0 de la laïcité qui s’étale à longueur de unes dans les kiosques depuis des années (et avec une vigueur renouvelée depuis cet été…) ou dans les discours des politicienNEs les problèmes principaux liés au sexisme seraient tous concentrés sur la tête des femmes musulmanes qui choisissent de la couvrir… Chez les autres, quoi : celles et ceux que l’on ne veut pas entendre ou dont on a peur, parce qu’ilLEs nous semblent trop différentEs
(Tandis qu’à l’Assemblée au mois d’août, un amendement qui vise à rendre inéligibles les députés reconnus coupables de violence est rejeté… alors que 15 éluEs sont présentEs dans l’hémicycle. Le tout dans un silence médiatique assourdissant, en comparaison de la tempête « burkini »).
Nous croyons, nous, que l’oppression des femmes fait système, et donc que le sexisme nous traverse toutes et tous : ce n’est pas parce que l’on est bien intentionné qu’on se libère comme par magie des constructions sociales qu’on a reçu en héritage et des représentations martelées au quotidien par la pub, le monde du travail, les médias, les livres, le cinéma, les jouets, l’école, et souvent aussi dans les milieux militants… et l’homme (ou plutôt : celui qui est reconnu comme homme dans l’œil de son interlocuteur/trice) le plus sympa, attentif et anti-sexiste du monde, qu’il le veuille ou non, bénéficiera toujours de privilèges importants dans le monde qui est le nôtre.
À l’Équitable Café, nous n’échappons pas à ce constat (et c’est valable pour les autres formes de dominations : racisme, homophobie, la liste est trop longue…), et c’est cela que nous souhaitons questionner pendant cette quinzaine : comment prendre en compte les questions – forcément dérangeantes – que posent les mouvements féministes, dans nos vies quotidiennes, dans l’intime, en public, et dans nos projets collectifs ?
Balayer devant notre porte, quoi.
C’est autour de ces questions, et bien d’autres, que nous vous invitons à venir rêver, échanger, râler, partager, inventer… pendant ces quinze jours (ou pour les prochaines années, on compte pas s’arrêter là !).
Le texte est disponible intégralement (notamment les notes, post scriptum et avertissements complémentaires) sur le site de l’Equitable.
Le programme, c’est ici (pensez à consulter leur site en cas d’ajout de dernière minute ou de précisions) :
Mercredi 21/09
18-20h Rencontre pour la création d’un groupe de self-help
Pour se questionner et échanger savoirs et connaissances de nos corps
En non-mixité choisie : entre individus dotéEs d’un vagin et d’un utérus
(+ d’infos très vite !)
21h-22h30 Chroniques d’une Croqueuse // cabaret-théâtre
Café fermé pour préserver l’intimité 🙂
Pour réserver, écrire à resa@equitablecafe.org
Un cabaret décalé et sensible, entre théâtre intimiste et show déjanté, qui met à l’honneur le désir d’une femme.
Texte, musique : Marisoa Ramonja
Mise en scène : Murielle Hachet
Avec Marisoa Ramonja, la croqueuse et François Escojido, l’ange musicien
Jeudi 22/09
19h Des Livres (-ez nous du mâle) // speed-booking et arpentage
Deux propositions autour des livres : partageons nos lectures, voix, histoires, poings levés de femmes.
Le speed-booking pour découvrir et faire découvrir ses bouquins cultes et ceux des autres,
l’arpentage pour s’essayer à la lecture collective (ensemble on est plus intelligentEs !) autour d’un texte choisis par les participantEs
Samedi 24/09
17h Atelier chant chorale et répétition publique avec les Kagol’phoniques
En non-mixité choisie : sans mec cis (= personne dont le genre correspond au genre attribué à la naissance). Les mecs cis ne pourront donc pas se joindre à la répèt de cet aprem’… Mais pourront venir nous écouter à 20h !
La chorale féministe Les Kagol’phoniques, chorale militante, féministe et non-mixte vous propose, quelles que soient vos compétences en chant, de venir apprendre quelques chants de notre répertoire (des chants de luttes, féministes et inclusifs, qui donnent la pêche et la patate !), que l’on reprendra en chœur, et en public, vers 20h.
20h30 S’Con’Se Fait Rance (solo clown bouffon) + Ursula La La (chansons à prétexte)
S’Con’Se Fait Rance, Présenté par Wernera Véranda
Solo clown bouffon durée 1H tout public – interdit aux pleurnichards.
Wernera Veranda se lance ,s’élance, se jette corps et âmes dans la description anatomique de Vulva Pendulum.
Écrit, mis en scène et interprété par Caroline Deyber
Ursula La La de Marseille, des chansons à prétexte et péchues pour danser et conclure la soirée en beauté
Mardi 27/09
20h « La Guerre des Filles » de Mylène Sauloy // projection et discussion en présence de la réalisatrice
En suivant depuis plus d’une décennie les combattantes kurdes, en Turquie, en Irak et en Syrie, Mylène est allée une nouvelle fois à leur rencontre fin 2015, et s’emploie ici à restituer pas à pas leur héritage. Jeunes recrues ou plus anciennes, ces femmes, qui luttent en première ligne contre Daech, défendent dans le même mouvement – et le même sourire -, l’égalité et la parité. Ce documentaire, en forme d’hommage, montre comment une utopie salvatrice s’inscrit sur le terrain.
Mercredi 28/09
15h30-18h Atelier DIY // Fabrication de pisse-debout et sa pochette
En non-mixité choisie : Entre individus dotéEs d’un vagin et d’un utérus
Parce que les toilettes publiques sont souvent sales et que tu rêves d’écrire ton prénom dans la neige en pissant, viens donc fabriquer ton pisse-debout !
Participation libre aux -petits- frais.
Vendredi 30/09
18h Atelier d’écriture avec Delphine Bole, de l’association La Plume et l’image
Pour touTEs celles et ceux qui n’ont pas souvent la parole. Pour se motiver et s’inspirer. Pour exprimer et donner vie à ce que l’on a au fond de soi.
20h Scène (grande) Ouverte/Open Mic
Ouverte à touTEs…. Mais en priorité à celles et ceux qu’on entend rarement ou qui parlent doucement !
Lire ton poème préféré ou un tract, déclamer de longs slams, se lancer sans filet dans une impro/en freestyle, jouer et chanter une chanson, dégainer un sketch grinçant et hilarant…
Les possibilités sont infinies, le micro est ouvert.
Pas de jugement, pas de compète ou de concours de taille de vers, que du plaisir d’être ensemble et de s’entendre.
Samedi 01/10
20h30 Flo Mekouyenski (chanson (f)rance-aise) + La Chasse (sabbat de sorcières bruyant et frénétique)
Un concert de clôture avec deux projets locaux pour le moins éclectiques. Une bonne dose d’acidité en (f)rançais dans le texte avec Flo Mekouyenski (guitare et chant), suivie du duo punk La Chasse, et ses transes sombres et sensuelles, à coups de basse, batterie et chants possédés !