Des droits pour les mineurs exilés !

Depuis dimanche, le collectif 113 Canebière organise un campement au kiosque à Musique Square Léon Blum pour alerter les pouvoirs publics sur le sort des mineurs exilés occupant le 113 Canebière.

  • MAJ à 10h

    Il ne s’agit pas du campement au kiosque à musique mais bien des deux bâtiments jusqu’alors occupés, les 113 et 115 Canebière.
    Le campement bénéficie d’un délais de 48h mais un arrêté municipal d’expulsion pourrait être pis à tout moment.
    Les bâtiments du 113 et du 115 ne sont plus accessibles, ainsi, les voisins sont invités à proposer aux jeunes la possibilité d’utiliser leurs douches et toilettes.

  • Expulsion tôt ce matin

    Tôt ce matin la flicaille est venue expulser le kiosque occupé. Face au occupants qui avaient prévenu vouloir éviter toute violence, ce sont tout de même 13 camions de condés qui ont débarqué pour expulser le campement. Message fort et exprimé clairement par l’Etat aux personnes en exil qui ne font que demander leurs droits : A la veille de la visite à Marseille du ministre des solidarités (Jean-Christophe Combe), la misère n’a pas sa place en ville.
    A 7h30 une centaine de personnes sont rassemblées en soutien aux expulsés.

Comme vous le savez probablement, le collectif 113 occupe depuis 8 mois un immeuble au 113 de la Canebière, où vivent 25 jeunes en recours, et où ont vécu près de 50 jeunes au total.

Depuis 8 mmois, nous les avons protégé des dangers de la rue.

Depuis 8 mois, nous avons trouvé des solutions pour les nourrir, les loger, les vêtir.

Depuis 8 mois, nous les avons accompagnés pour l’ensemble de leurs démarches administratives : nous avons fait réaliser 67 actes civils (acte de naissance, jugement supplétif, autorisation parentale, copie intégrale etc.), 19 cartes consulaires, 14 passeports et 2 cartes d’identité. Nous avons trouvé des fonds et des accompagnant.es pour leurs allers-retours aux ambassades (Lyon, Paris, Bruxelles).

Depuis 8 mois, nous avons fait détecter 5 cas de tuberculoses, de sérieuses pathologies dentaires pour la majorité d’entre eux, des hépatites B, d’autres maladies parasitaires (comme la bilharziose et
l’anguillulose), et permis de diagnostiquer des troubles psychiques lourds.
Pour qu’ils accèdent aux soins, nous avons dû pour chaque jeune dont l’état de santé l’imposait : attendre des heures à l’hôpital, se rendre à la Pass Mère Enfant (pour obtenir une domiciliation afin d’ouvrir temporairement leur droit à la santé), les accompagner aux urgences psychiatriques, assister aux premiers rendez-vous au CMP et au COMEDE.

Depuis 8 mois, nous avons inscrit tous les habitants de cette maison à l’école. Pour chacun il a fallu : assurer l’inscription et l’accompagnement à un test de positionnement CASNAV et CIO, puis de présenter physiquement dans l’établissement d’affectation et enfin suivre leur scolarité pour rencontrer les assitant.es social.es, justifier les absences, trouver des stages, rencontrer les patrons et s’assurer de la qualité de leur orientation.

Depuis 8 mois, nous n’avons pas sous-estimé l’importance de leurs loisirs. Comme des jeunes de leur âge, ils veulent faire du foot, aller voir des matchs et prendre des vacances.

Mais surtout, depuis 8 mois, nous avons respecté et considéré ces personnes et fait en sorte qu’ils s’approprient leur lieu de vie. Nous avons fait du 113 un lieu collectif et sécurisant, qui leur permet
d’entamer un travail de réparation des traumas liés à leurs parcours de vie. Pour cela, nous avons pris le temps d’écouter leur vécu, de leur donner les moyens d’être en contact avec leur famille, d’accueillir
leurs amis. A ce titre le 113 est devenu un tiers lieu que beaucoup de MNA marseillais connaissent y compris par ceux qui sont pris en charge par vous.

Le bâtiment du 113 va se faire expulser bientôt. Le 115 Canebière qui accueille aussi 25 jeunes est dans la même situation. 50 mineurs vont donc se retrouver à la rue et perdre tous les bénéfices de ces derniers mois.

Vous faites le choix de ne plus garder dans vos dispositifs les mineurs dits en recours en les mettant à la rue du jour au lendemain suite à leur évaluation négative, alors qu’il n’y a pas si longtemps les jeunes étaient maintenus dans les hôtels jusqu’à leur passage devant la juridiction des mineurs. Pourquoi ? qu’en est-il de la présomption de minorité ?

Vous laissez des dizaines de jeunes en errance dans les rues de Marseille alors que vous savez qu’une grande partie d’entre eux sera reconnue mineure à l’issue de leur passage devant le juge des enfants. Pourquoi ?

Dans l’attente de vos réponses,
Le collectif 113

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